TONI MORRISON. L'autre Amérique de Toni Morrison. Ce premier livre, L'oeil le plus bleu, raconte la fascination d'une petite fille noire pour Shirley Temple, et comment le racisme est intégré par les personnes qui en sont victimes.
Plus de 40 ans et 10 romans plus tard, on peut constater que Toni Morrison n'a jamais cessé de prendre la grande histoire à contre-courant, explorant le quotidien des Noirs américains, leurs espoirs et leurs drames. D'ailleurs, 250 ans séparent les histoires d'Un don, son précédent livre sur l'Amérique avant le racisme, et de Home, lancé cette année, dont l'action prend place pendant les années 50. Elle éclate de son grand rire rauque lorsqu'on le lui fait remarquer. C'est vrai, note-t-elle: le sujet est vaste et les angles nombreux. Mais Toni Morrison sait montrer le racisme et ses effets avec humanité et intelligence. Pas un conte de fées Elle évoque même dans Home le «guide de Green», sorte de guide Michelin destiné aux Noirs édité entre 1936 et 1964. Un style direct.
Interview de Toni Morrison. Elle est la seule femme noire à avoir reçu le prix Nobel de littérature.
De sa plume somptueuse, Toni Morrison a contribué à sortir l’histoire des Afro-Américains de l’oubli, exprimant ses engagements humanistes à travers des personnages inoubliables. À 81 ans, elle raconte comment l’écriture a fait d’elle une femme libre. Cernée par les deux Dictaphone qu’un trac inhabituel m’a convaincue d’emporter outre-Atlantique, Toni Morrison éclate de rire : « Eh bien comme ça, vous êtes sûre de ne rien louper !
» Nous sommes à New York, dans la salle de presse d’un immeuble de Tribeca, un décor simple pour une rencontre avec un monument de la littérature américaine qui n’a rien d’une diva, bien qu’elle soit capable d’affirmer très tranquillement, « sans confondre ma personne et mon oeuvre », que celle-ci vaut le détour. Toni Morrison, Editrice, poète et écrivain américaine. Issue d'une famille noire ouvrière de quatre enfants, Toni Morrison se passionne très tôt pour la littérature et étudie à Howard puis à Cornell.
Elle soutient une thèse sur le thème du suicide dans l'oeuvre de William Faulkner et de Virginia Woolf, enseigne au Texas puis à l'université d'Howard, alors “réservée” aux Noirs. L'année de son divorce, elle est aussi éditrice, chargée du secteur Littérature noire chez Random House, et édite les autobiographies de Mohammed Ali et d'Angela Davis. On lui doit également The Black Book en 1973, une anthologie d'écrivains noirs.
Les années 1970 marquent ses débuts d'auteur. Elle publie en effet L'Oeil le plus bleu en 1969, qui annonce les thèmes d'une oeuvre récompensée par le prix Nobel de littérature en 1993. Toni Morrison n’a pas dit ses derniers maux. Pour les Américains, elle est une icône, adulée par Oprah Winfrey, vénérée par Obama.
Seule femme noire ayant obtenu le prix Nobel de littérature, Toni Morrison est intouchable. Dans le monde très sérieux de la critique littéraire outre-Atlantique, personne ne lui trouve de défauts. Les quatrièmes de couverture de ses romans sont toujours illustrées par des phrases de journaux célèbres louant sa prose. Il faut dire que Toni Morrison n’est pas non plus rien dans l’histoire de l’Amérique contemporaine. Sans elle, Barack aurait-il été élu président ? Paris Match. Vos héros, Frank et sa sœur Cee, sont des gens pauvres, peu éduqués. Ce type de situations ne vous faisait pas enrager ? “Je n’ai jamais vu la vie avec les yeux d’un Blanc” Alors est-ce que la rédaction de “Home” a provoqué une colère en vous ?
Est-ce que les choses ont changé ? Est-ce que la présidence d’Obama vous a apporté des satisfactions ? Toni Morrison, star de la rentrée. La démarche est lourde, hésitante - des problèmes de dos qui n'en finissent pas.
Toni Morrison : « le racisme est ancré dans l’ADN des Américains » Toni Morrison - Le Rideau. Une légende.
Voilà ce que symbolise Toni Morrison aux yeux de tous les amateurs de littérature. Prix Nobel en 1993, l’américaine, 81 ans (vous comprendrez qu’on n’a pas osé la tutoyer), publie son dixième roman, Home (aux Editions Christian Bourgois), en même temps que l’anniversaire des 10 ans du Festival America à Vincennes. Une occasion rêvée de la rencontrer et d’évoquer avec elle sa carrière mais également son combat, qu’il soit politique ou littéraire. « voir comme on ne voit jamais » Pierre Bourdieu : L’intention de mes questions est d’essayer de vous donner l’occasion de dire des choses que vous n’avez pas dites.
J’aurais bien aimé vous interroger sur Howard University, sur les maîtres que vous avez eus là-bas, par exemple Frazier, le grand auteur de Bourgeoisie noire ; et aussi sur votre rôle de Senior editor de Random House, où vous avez publié un certain nombre d’ouvrages importants de grands écrivains et analystes noirs. J’aurais aimé évoquer la controverse qui a entouré le prix Pulitzer en 1988, parce qu’il me semble que c’est une affaire très significative qui permet de réfléchir sur la situation particulière de l’écrivain noir dans le monde intellectuel américain.
Mais j’en viens à quelque chose qui me paraît plus important. Vous avez analysé dans Playing in the Dark les images, secrètes, que la littérature blanche donne des Noirs. J’ajouterai que les journalistes sont tenus par les contraintes de leur métier. Les regrets d'Afrique de Toni Morrison. Elle est arrivée comme une reine, à l’inauguration du festival America de Vincennes (région parisienne) dont elle est l’invitée d’honneur.
Même le fauteuil roulant dans lequel elle se déplace désormais avait des allures de trône. Aujourd’hui, à 81 ans, elle ne semble plus en mesure de se rendre sur le continent africain. Toni Morrison, prix Nobel de littérature et grande amie de l’écrivain nigérian Wole Soyinka, qui a reçu le prix quelques années avant elle (1986), s’avoue désolée de ne pas avoir répondu en son temps à l’invitation de… Nelson Mandela. Tout comme elle regrette de ne pas avoir accompagné son amie Oprah Winfrey, lorsque la célèbre animatrice noire américaine a ouvert un lycée en Afrique du Sud. Parmi ses amis africains-américains, certains se sont installés au Ghana, accomplissant la «route du retour» avec succès. Son nouveau roman, Home (éd. Pour la première fois, l’écrivain s’engageait directement en politique. Lointaines amours d'Afrique.