Commémorer une vision d'histoire ~ Entre-Temps. C’est en partageant les mêmes images que l’on s’entend sur nos souvenirs et que nous pouvons, au gré des discours, feuilleter le même album.
Ainsi, les images nous disent quelque chose. Peut-être peut-on encore épeler les images comme on épluche les mots de nos politiques et dire ceci : c’est en bégayant, avec les mêmes mots et les mêmes images, que le passé se fige, s’empêtre, et ne devient pas. 11 novembre 2018. 100 ans plus tard, donc. Les discours bougent, changent selon les situations politiques, on passe de la victoire à la paix, du torse bombé au dos rond ; rien de bien neuf ici, on assiste au banal ronron des usages politiques de l’histoire.
Mais, alors que nombreux sont ceux qui, à travers lettres de poilus et discours au pupitre, invoquent les mots partagés de la guerre – mort, boucherie et jeunesse anéantie – on peut voir le déroulé des images qui collent à notre rétine. Or, on commémore sans doute plus facilement lorsqu’on imagine ensemble. 1918 : l'Europe et la sortie de guerre. L'armistice signé le 11 novembre 1918, dans une clairière de la forêt de Compiègne, à 11 heures, « l'heure sacrée », ne marque pas la fin du conflit.
On se bat encore, jusqu'en 1923, sur 27 théâtres d'opérations. La guerre continue à l'Est, où le front est loin d'être stabilisé après Brest-Litovsk. L'offensive russe contre les pays Baltes est contenue par l'alliance éphémère germano-lettone, épaulée par les volontaires des corps francs. Ernst von Salomon racontera en 1930 dans Les Réprouvés l'épopée sanglante de ces soldats perdus qui, revenus en Allemagne, jouèrent un rôle actif dans la montée du nazisme. En Anatolie, Atatürk reprend les armes après les amputations du traité de Sèvres. Dès 1919 les Irlandais, les Indiens ou les Coréens se soulèvent. Agrandir la carte 10 millions de soldats disparus 8 janvier Le président Wilson expose ses « quatorze points ». 3 mars Traité de Brest-Litovsk entre la Russie bolchevique et les Puissances centrales. 1er mars Révolte en Corée.
Pour les Allemands, la fin de la guerre de 14 marque le début d’une humiliation et de phénomènes qui engendreront le nazisme. L'historien Christian Ingrao nous permet de mieux comprendre ces ressorts. Armistice de 1918 : "La fin du cauchemar" pour les Français - France 24. Armistice 11 novembre 1918. Que sonnent les cloches et résonne le canon !
Un télégramme annonce l’armistice, le 11 novembre 1918 Que sonnent les cloches et résonne le canon ! Tel est le contenu du télégramme reçu le 11 novembre 1918 dans toutes les préfectures de France en provenance du ministère de l’Intérieur. A la lecture de cette missive, on ne manque pas d’être surpris par le ton plus qu’enthousiaste de l’expéditeur, souligné par la répétition de l’adjectif « tous » : « toutes les églises de toutes les villes, de tous les villages, de tous les hameaux… ». Alors que les télégrammes sont habituellement concis et dépourvus de toute émotion, celui-ci déborde d’une allégresse qui s’est sans aucun doute communiquée au récipiendaire et s’est propagée comme une onde le long des couloirs de la préfecture, accompagnée d’un profond soulagement à l’idée que le fils, l’époux ou le frère serait bientôt de retour sain et sauf parmi les siens.
Dans les campagnes cependant, on hésite à y croire. Télégrammes : 8 R 40. 1918, naissance du récit géopolitique de la « guerre à l’échelle du monde » La guerre qui s’acheva à l’automne 1918 portait le nom de « grande guerre » en France et de « great war » en Angleterre.
En Allemagne, elle n’était pas « grande » mais planétaire, et s’appelait « Weltkrieg » ou « guerre mondiale ». De même aux États-Unis où, depuis le printemps 1917, on la nommait « world war ». Ce décalage de terminologie recouvrait une différence de vision géopolitique. Le terme de « guerre mondiale » et ce à quoi il faisait, et fait encore, référence – c’est-à-dire un conflit proprement planétaire, englobant tous les pays – n’était pas encore universellement reconnu. Le fait que par la suite ce terme se soit installé dans le vocabulaire diplomatique usuel et qu’il ait déterminé le nom officiel de la guerre européenne de 1939-45, est une illustration de la puissance ascendante des États-Unis au cours du XXe siècle. Une guerre qui ne fut pas littéralement mondiale Cette grande guerre fut-elle pour autant mondiale ? AU REVOIR Dossier pédagogique.