Année 2012. Année 2013. Année 2014. Année 2015. Année 2016. Année 2017. Année 2018. Année 2019. La plage n'est certes pas abandonnée en ce début de mois de juillet, c'est même le contraire, mais les coquillages, eux, sont bien là.
Quant aux cuirassés, ils ont déserté les mers ou, du moins, leur surface, beaucoup d'entre eux reposant aujourd'hui par plusieurs mètres de fonds. Voyez l'ironie de la chose. En s'inspirant des carapaces que la nature a créées pour protéger quelques gastéropodes marins, le génie humain a conçu des navires blindés qui gisent présentement sur les fonds marins recouverts… de coquillages. Pourtant, ils étaient fiers ces vaisseaux qui sillonnaient mers et océans, protégeant les côtes de la France. Beaucoup, à l'instar du Jemmapes, portaient des noms de batailles victorieuses et de héros de l'armée française. S'il fallait trouver une parenté, elle serait à chercher parmi les surnoms que se donnent les membres de la pègre. Année 2020. Une fois n'est pas coutume, le mois de juin sera, pour de nombreux écoliers, collégiens et lycéens, le temps du retour en classe.
Il paraît qu'ils en meurent d'envie. C'est possible. Pour ma part, sans vouloir sombrer dans le complotisme, je pense que les parents ont fomenté une vaste conspiration visant à se débarrasser, pour quelques semaines, de leurs chers bambins avant de devoir les récupérer pour les vacances. Il suffit d'écouter les interviews d'enfants « impatients » pour s'en convaincre : les même mots, les mêmes idées, les mêmes regards inquiets vers leurs père et mère au bord de la crise de nerf. Ceci dit, juin est une période particulière pour les marmots scolarisés. Année 2021. Il y a deux décennies environ, le professeur Theodor Pfannkuchen provoquait une déflagration dans le petit monde de la galette de sarrasin.
Après une rocambolesque recherche, il avait fini par découvrir un enregistrement, réputé perdu, réalisé par le médium Edouard Crespi à la fin du 19e siècle. Ainsi, sur un cylindre de cire, soigneusement rangé au fond d’une sacoche en cuir, avait été gravée, par le truchement d’un gramophone, une déclamation du spirite prononcée lors d’une séance de transe. Alors que les exégètes les plus versés dans les sciences du surnaturel s’interrogeaient sur la signification de ces étranges imprécations, le digne professeur d’Outre-Rhin surprit son monde en affirmant qu’il n’était ici question que de crêpes.
L’interprétation qu’il en donna, faisant appel tant à la linguistique la plus fine qu’à l’ésotérisme le plus échevelé, à l’astronomie qu’à l’astrologie, ne convainquit pas ses pairs. Et, pour tout dire, personne n’y comprit rien.