Les folies de la Guerre Froide révélées (1) des ballons aux avions. Revenons tout d'abord une bonne cinquantaine d'années en arrière.
Les deux blocs soviétiques et américains n'ont de cesse de surveiller, avant 1957 par des incursions d'avions au dessus de leur territoires. Les russes révèlent à Tuchino en 1956 un monstre volant capable d'aller chatouiller les côtes américaines, ce dont ils ne se passeront pas de faire durant des décennies, les américains mettant au point leur avion espion grâce au génie de Clarence Kelly Johnson (ici en photo avec Gary Powers), le sorcier des Skunkworks qui leur construit un modèle étonnnat, une sorte de planeur motorisé de haute altitude capable de photographier les bases secrètes soviétiques tellement haut que les Migs russes peineront à le suivre : il faudra l'arrivée de missiles performants pour qu'il perde sa supériorité aérienne.
A bord de l'U-2, puisque c'est le nom de l'engin, une énorme caméra signée Perkin-Elmer. Une caméra issue directement de celles embarquées auparavant par des... ballons d'observation. Les folies de la Guerre Froide révélées (3) : le champion abattu. En 1960 encore, trois ans après sa mise en service, l'U-2 fait toujours le ravissement de son employeur, à savoir la CIA.
L'aigle chauve ("Bald Eagle") son tout premier surnom (avant "Angel" et aujourd'hui "Dragon Lady") fait des merveilles en survolant impunément l'URSS. Les russes savent qu'il existe, le voient même passer au dessus de leur tête... mais n'arrivent pas à l'attraper : leurs chasseurs, même les plus récents (alors le Mig-17), sont distancés. Ou plutôt n'arrivent pas à grimper aussi haut que lui. Les folies de la Guerre Froide révélées (4) : les premières prises de vues de fusée.
La Seconde Guerre mondiale à peine terminée, l'espace est devenu en très peu de temps le nouveau terrain de jeux pour militaires.
Tous les vaisseaux spatiaux civils ne seront en fait que des engins miitaires déguisés et leurs lanceurs des fusées intercontinentales destinées à détruire l'adversaire à grands coups de têtes atomiques. Et comme tout se fait alors dans la précipitation d'une course effrênée, les vieilles recettes réapparaissent très vite, les fabricants recyclant leurs vieux oripeaux en les présentant comme neufs à des militaires sans imagination et prêts à tout gober. Spoutnik se révèlera un simple émetteur radio bricolé à la hâte enfermé dans une boule d'acier, rien d'autre. C'est sans surprise que l'on retrouvera donc comme principe de satellite d'observation militaire un bon vieux télescope emporté jusqu'alors par ballon-sonde, filmant la terre sur un long rouleau de pellicule qu'il suffira alors de larguer sur terre pour observer le territoire ennemi. . Les folies de la Guerre Froide révélées (5) les nazis à la rescousse. Les nazis se fondent dans le paysage, mais un petit journal d'El Paso au Texas va les retrouver et indiquer à ses lecteurs que Fort Bliss est devenu un nid de nazis, ayant eu des activités douteuses en Europe pendant la guerre.
On retrouvera dans le dossier du FBI de Von Braun cette bien étrange affaire concernant son propre frère : "le Major James Hamill a indiqué qu'en juin 1946, Magnus von Braun, le frère de Wernher, a vendu une barre de platine à un bijoutier d'El Paso, au Texas, pour 100 000 dollars (somme astronomique à l'époque). Magnus von Braun a dit au bijoutier au moment de la vente que le platine avait été apporté de Hollande aux États-Unis par son père, qui avait servi en Europe pendant la Première Guerre mondiale (l'aîné von Braun n'est pas entré aux États-Unis avant fin mars 1947, neuf mois après cet incident). Les folies de la Guerre Froide révélées (8) : et pendant ce temps les russes.
Les américains avaient été surpris, le mot est faible, par les premiers lancements de satellites russes, qui à chaque nouvel exemplaire prenaient de l'embonpoint supplémentaire.
Ce qu'ils ignoraient, c'est que le véhicule du tout premier envoi avait été conçu dès le départ par une décision purement politique qui avait intimé à un groupe de chercheurs de réaliser dans un délai raisonnable un engin capable d'une double mission : emporter un bloc de caméras d'observation destiné à espionner les USA ou emmener dans l'espace un être humain... . D'emblée, l'URSS avait indiqué quelle tournure prendrait sa recherche astronautique : ça n'aurait rien de civil. L'engin final de cette course effrénée au renseignement sera le fruit de l'imagination d'un concurrent malheureux de la course à la Lune soviétique : l'œuvre de Vladimir Nikolevitch Tchelomeï, l'homme de la très efficace fusée Proton, laissée pour compte, hélas, de la conquête lunaire soviétique.
Les folies de la Guerre Froide révélées (10) : faux chalutiers, mini satellite et fausse capsule. Dans les années soixante, les deux puissances en présence ne se surveillent pas que par des photographies.
Les ondes radio qu'émettent leurs fusées, leurs satellites ou leurs capsules de rentrée sont écoutées par d'immenses antennes, et des coupoles de captage. On entendra ainsi des deux côtés les cosmonautes dicuter avec la Terre, les américains entendront notamment les premiers mots de Valentina Terechkova, ou les derniers propos de Komarov, en train de descendre vertigineusement vers la terre, ses parachutes emmêlées, pestant contre ses responsables. Des stations terrrestres captent ces émisssions, pleines d'enseignements sur l'équipement adverse (c'est ainsi que le Voskhod, ce Vostok à deux et trois places sera connu) mais aussi des navires spécialement équipés qui servent aussi à guider les vaisseaux spatiaux ou à relayer les ordres de la station de départ de la fusée. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, entre les deux blocs, chacun veut surveiller l'adversaire.
Les folies de la Guerre Froide révélées (11) : la (longue) gestation d'un monstre. Avec le repêchage de la première capsule Discoverer/Corona, on l'a vu, les militaires US arboraient un large sourire.
Avant même de lancer un cosmonaute en l'air (mais pas encore de le satelliser !) , les américains ont mis au point toute une organisation de récupération en mer de ce qu'ils envoient. Les folies de la Guerre Froide révélées (13) : un satellite « canon » pour tourisme spatial ! Pendant ce temps, les russes n'étaient pas restés sur leurs lauriers.
La récupération fortuite au deuxième lancement de la capsule américaine Discoverer tombée au Spitzberg leur avait donné quelques idées... de copie. Associé à une cabine nouvelle empruntant fort aux modèles Mercury, voici qu'arrive en effet une nouvelle gamme de satellites espions russes, successeurs des "boules" de Zenit, ces Vostoks bourrés d'appareils photos comme on a pu le voir. Mais les russes sont d'indécrottables copieurs, et le projet MOL chez eux, a été suivi de près. Projet militaire, il avait de quoi les inquiéter, aussi se sont-ils mis en tête de le copier intégralement, en remplaçant ses Gemini par une capsule conique elle aussi, baptisée Almaz.
C'est en fait la première station spatiale mondiale, dont on connaîtra surtout le pendant "civil", que sera la station Saliout. Le successeur du Zenit sera le Yantar de 1974. Une station qui a eu un énorme retentissement, mais pas pour ses capacités au départ : Les folies de la Guerre Froide révélées (16) : grand comme un autobus, mais inconnu 46 ans au bataillon. Imposante fusée et imposant satellite, en effet.
Dans le hangar où on le préparait horizontalement (vu sa taille !) Pour le transporter sous forme de remorque -rallongée- de camion type"eighteen wheels" Freightliner ou Peterbilt, le palan interne avait du mal à le soulever. L'engin avait en fait la taille... du projet MOL (dont il était à vrai dire issu, comme on a pu le voir ici-même) ! On pouvait remarquer lors de la manœuvre de levage sa particularité : en plus d'avoir un télescope conséquent à bord, l'engin disposait cette fois de quatre capsules de rentrée (toujours dorées et toujours récupérées de la même façon, les "seaux à glace", avec des crochets qui n'étaient pas si petits que ça !) Lui permettant de rester beaucoup plus longtemps en l'air (quatre mois !). . Les folies de la Guerre Froide révélées (18) : une dernière petite récup'...
Et puis dans le délire de l'espionnage satellitaire dont a été exclu l'US Air Force, celle-ci, ne s'estimant pas vaincue, va reprendre le flambeau... sans fusée, et sans satellite cette fois.
Et pour faire plus compliqué encore... Entretemps, elle s'est beaucoup rapprochée de la CIA, en raison de l'apparition du successeur de l'U-2, une autre merveille, l'A-12 (improprement appelé SR-71 parfois), concoctée par Kelly Johnson. Les folies de la Guerre Froide révélées (20) : savoir repêcher les satellites... des drones, ou des têtes nucléaires. Autre découverte suprenante de ce dossier, à défaut d'avoir eu la première station spatiale au monde, l'US Air Force s'était consolée en achetant... des bateaux !
Mieux encore : achetés, leur gestion avait été confiée... à la Panam, entreprise commerciale d'aviation derrière laquelle se trouvait Howard Hughes, tant lié à la fois à la CIA et à... Richard Nixon. Les folies de la Guerre Froide révélées (21) : une réflexion plus... profonde. Au fur et à mesure des lancements, à Cap Canaveral on s'aperçoit qu'il manque quelque chose dans l'arsenal de navires récupérateurs de têtes de satellites : un sous-marin, pour le cas où un des vaisseaux spatiaux rentré dans l'atmosphère se perdrait en plein océan. Personne n'y a songé sauf un chercheur de la Navy, passionné de pêche sous-marine et de plongée, qui propose à ses supérieurs d'investir dans une machine qui vient de faire ses preuves en Méditerranée, c'est le bathyscaphe du professeur Auguste Piccard.
Les folies de la Guerre Froide révélées (22) : l'incroyable pêche aux rouleaux. Les américains ont donc déjà démontré en 1968 qu'ils savent aller chercher au fond de l'eau des choses compromettantes pour la vision du monde qu'ils souhaitent imposer. Enfin presque : les recherches menées par le sous-marin Star III lors de l'Opération "Crested Ice", à Thulé, n'avaient rien donné.
Une bombe était restée égarée. Vite rebaptisé par ses participants "Dr Freezlove", référence à un film plutôt prémonitoire, elle avait surtout était totalement ignorée du grand public. Et le restera plus de trente ans. Les folies de la guerre froide révélées (23) : du Golf à l'Hôtel. Le monde n'a pas échappé à l'holocauste nucléaire qu'en 1962, semble-t-il. La crise des missiles de Cuba avait atteint un paroxysme, on le sait. Mais un autre événement aurait pu aller encore plus loin, la folie d'en découdre à grands coups de bombes atomiques n'étant pas réservée qu'au seul Curtis le May.
Côté russe, il y avait les mêmes fêlés, semble-t-il. C'est ce que l'on découvre quand on se replonge dans une bien étrange affaire, celle du K-129, un sous-marin russe dont je vous ai déjà conté ici la récupération partielle, effectuée par les employés de Howard Hughes, au nom de la CIA. Une opération qui a révélé bien des choses encore, ce dont je vais vous faire part maintenant, ayant découvert depuis des documents supplémentaires fort passionnants. Mais revenons en arrière si vous voulez bien (à gauche le sous-marin russe K-96 en mission) : nous sommes en 1979, et russes et américains signent le deuxième traité Salt sur la prolifération nucléaire. Les folies de la guerre froide révélées (23) : la Caroline du Nord a bien failli être rayée de la carte.
Three Mile Island, Semipalatinsk, Rulison,Tchernobyl, Fukushima : les accidents de réacteurs civils ou les erreurs de manipulation nucléaires démontrent à a quel point cette source d'énergie est une folie véritable. Mais il y a pire encore, avec l'incroyable prolifération des armes nucléaires. A plusieurs reprises ici-même, je vous en ai averti, avec deux articles notamment un sur les abris anti-nucléaires qu'on a fait construire aux citoyens américains pendant plus de vingt ans (certains frappés "survivalistes" armés recommençant à le faire en s'enterrant comme des lapins) et un autre sur les "flèches brisées" ("broken arrows") ses chutes inopinées d'avions ou de bombes nucléaires qui sillonnaient tous les jours le ciel des USA, depuis qu'un véritable fou devenu commandant en chef des bombardiers US, Curtis le May (lire ici qui il était) avait décidé qu'ils devaient voler armés 24 h sur 24 à travers tout le pays (c'était l'Operation Chrome Dome).
Les folies de la guerre froide révélées (24) : les oreilles sous-marines. La course aux armements de la Guerre Froide a eu deux lieux de prédilection : dans l'air et sous l'eau. Si en aviation les progrès ont été constants et parfois fulgurants, en matière de sous-marins aussi, de véritables révolutions technologiques ont eut lieu, notamment avec l'arrivée du nucléaire, mais aussi dans le design général des sous-marins, resté longtemps inchangé depuis les derniers U-Boot. Les folies de la guerre froide révélées (24) : la bombe nucléaire tueuse de vache. Il y a eu quelques incidents de "Broken Arrows" (voir épisode précédent), et l'un de mes cas préféré (pour sa totale absurdité) est survenu au dessus du Nouveau-Mexique, le 22 mai 1957 (il avait donc précédé celui de Goldsboro) : en tout, il représente ce qu'a été la période : la bombe que le bombardier transportait était monstrueuse, le bombardier lui-même était un engin démentiel, tant il était grand, lourd... et peu performant, et la réaction des autorités caractéristique, tant le site où s'est passé l'incident a été passé au bulldozer (à deux reprises dans le temps) sans que les populations avoisinantes n'aient été informées du danger qu'elles avaient encouru (ou qu'elles encourent encore !).
Il faut dire qu'elles avaient failli recevoir sur la tête un sacré colis : une bombe, certes rendu inerte mais pesant ses 19 tonnes, remplie de produits fissiles. L'incident avait été vite oublié, l'armée faisant tout pour le dissimuler et le minimiser. Les folies de la guerre froide révélées (25) : réagir face à la tragédie. Les américains, avec le lancement de leurs premiers sous-marins nucléaires, sont devenus très sûrs d'eux.
Les soviétiques sont visiblement à la remorque : ils ont du mal à construire des réacteurs nucléaires de petite taille, ce que les américains semblent avoir appris de chercheurs allemands qui travallaient à Hambourg (j'y reviendrai bientôt je pense), grâce au domptage du zirconium, en particulier. Les folies de la guerre froide révélées (26) le NR-1, le sous-marin secret à roues. La Guerre Froide a été l'objet, disait-on dans l'épisode précédent, de mensonges et de dissimulations des deux côtés des deux superpuissances en présence. Et ce ne sont pas nécessairement les russes, qui adorent le secret, c'est bien connu, qui ont le plus dissimulé ce qu'ils faisaient. Les folies de la guerre froide révélées (27) : le projet Azorian.
Le Swordfish avait très certainement plutôt heurté un iceberg dérivant ce qui expliquait son périscope tordu (les dégâts mineurs ne "collant" pas avec de quoi faire sombrer un adversaire, à l'évidence... Qu'est-il donc arrivé au K-129, habitué pourtant à se faire "courser" par les bateaux américains ? Et pourquoi dond les généraux russes, pendant des années, tentront-ils de rendre responsable à tout prix le Swordfish de la catastrophe ? Les folies de la guerre froide (28) : dompter le titane, un problème chez les russes aussi.
La course aux armements de la Guerre Froide s'est heurtée des deux côtés à des problèmes techniques, chaque adversaire poussant l'autre a aller plus loin. En aviation comme dans le domaine sous-marin, est ainsi apparu le titane comme matériau en remplacement de l'acier : plus léger et plus résistant, il a été présenté comme une panacée, dont la maîtrise sera un long chemin de croix des deux côtés. Les folies de la Guerre Froide révélées (29) : retour sur le cas du Scorpion. Les folies de la Guerre Froide révélées (30) : le monstre des mers. Il y avait eu déjà le monstre de la Caspienne en 1966 : cet incroyable KM, un Ekranoplane à réaction survolant en rase-mottes cet endroit du monde, en sidérant ces (rares) observateurs. Les folies de la Guerre Froide révélées (31) : réalité et fictions, le... (Agoravox) Les folies de la Guerre Froide révélées (32) : réalité et fiction, les révoltés de la Sentinelle. Le film "A la poursuite d'Octobre Rouge" a marqué les esprits, on le sait.
Comme on sait que son auteur a été influencé par une défection d'officier russe, comme on a pu le voir précédemment. Mais l'ouvrage de Tom Clancy qui est à l'origine du film hollywoodien s'est aussi inspiré d'une révolte de marins russes, menée par un étonnant officier, dont on ne connaîtra l'odyssée véritable que bien plus tard, une fois qu'il aura été fusillé sur ordre de Brejnev, bien décidé à faire un exemple. Les folies de la Guerre Froide révélées (33) : le monde sauvé par un officier russe ?
S'il existe des journées remarquables en histoire, celle du 27 octobre 1962 est à noter comme celle où le monde entier a été soumis à un incroyable stress, celui de la crainte d'un conflit nucléaire mondial. La Crise des Missiles de Cuba a vu son paroxysme ce jour-là, avec plusieurs événements consécutifs qui ont mis à rude épreuve John Kennedy. Un sous-marin russe récalcitrant aux ordres de remonter à la surface donné par la Navy... mais aussi un avion espion U-2 abattu au dessus de Cuba et un autre égaré au dessus de l'URSS, ces trois événements ont eu lieu la même journée en effet, et les trois auraient pu avoir des conséquences fâcheuses. Le premier surtout, si un obscur officier russe n'avait pas fait davantage preuve de raison que son commandant de bord.
Les folies de la Guerre Froide révélées (34) : le mensonge forcé d'Adlai Stevenson. Les folies de la Guerre Froide révélées (35) : Sarkozy (largement) battu par Nixon ! Les folies de la Guerre Froide révélées (31) : réalité et fictions, le matelot qui en savait tant.