Le bonheur national brut peut-il nous rendre heureux ? Gouverner un pays à l’aune du PIB, au XXIe siècle, est peut-être aussi stupide que d’utiliser une boussole dans un vaisseau spatial.
Le produit intérieur brut mesure la quantité de biens et de services créés. Et la croissance de ce PIB est si importante pour les décideurs politiques qu’ils jouent leurs mandats sur cette gageure, promettent de la « libérer », voire « d’aller la chercher avec les dents ». Pourtant, la corrélation entre croissance et diminution du chômage est contestée. Le lien entre PIB et bien-être n’est pas non plus évident passé un certain seuil. Et la hausse record du PIB mondial au siècle dernier s’est accompagnée d’une destruction tout aussi inédite de la biodiversité, d’un dérèglement du climat et menace d’extinction une partie (au moins) des êtres vivants et de l’humanité. Les bouddhistes le rabâchent depuis des siècles : les possessions terrestres ne font pas le bonheur. Europa Magazin - « La démocratie directe rend les gens plus heureux » L’argent ne rend pas les gens plus heureux, du moins ceux qui en ont déjà assez ; en revanche, le chômage est un malheur pour tous, y compris lorsque les intéressés continuent à toucher un salaire ; enfin, la possibilité de participer aux décisions politiques contribue clairement au bien-être des citoyens.
Ces trois constatations sont le fruit de recherches sur le bien-être social. Mais quelles conclusions en tirer dans le contexte d’une économie ayant pour unique but de créer toujours plus de richesse ? Priscilla Imboden a conduit cette interview de Bruno Frey, économiste et chercheur sur le bonheur. Elle lui demande tout d’abord quels sont ses projets pour cette année.
B. Mais que considérez-vous comme « essentiel » ? B. Il y a quelques années, vous avez dit que vous vous étiez débarrassé de votre téléviseur pour améliorer la qualité de votre vie privée : cette décision vous a-t-elle vraiment rendu plus heureux ? B. La même chose peut-elle être vraie pour d’autres hommes et femmes ? B. Quand le bien-être devient une affaire d’Etat – Lavieeco. Pour ceux qui ne connaissent pas le Bhoutan, c’est un pays de 47 000 km2, situé entre l’Inde et la Chine.
Et c’est aussi le pays qui a inventé le BNB, le Bonheur national brut. On y a décrété que le bien-être spirituel et émotionnel devait être la priorité. La Liberté. Il est évident que, succédant à une tyrannie ou une oligarchie autoritaire, tout régime, un tant soit peu démocratique, fait accéder à des droits ; il donne une latitude d'action et des possibilités, ... des libertés, dont on était privé.
Pour autant, n'en déplaise à ceux qui proclament qu'avant tout : « la démocratie, c'est la liberté ! » , d'une part, le mot n'en contient pas directement l'idée, d'autre part, le respect de la règle majoritaire qui détermine la volonté populaire, base de la décision démocratique, prive de liberté d'action les minoritaires en leur imposant une décision contraire à leur volonté. Le Bonheur améliore la qualité de la Démocratie - Fabrique SpinozaFabrique Spinoza. « Life Satisfaction and Political Participation – evidence from the United States. », Flavin 2010 Les citoyens les plus heureux d’une nation sont aussi les plus actifs dans la démocratie.
La littérature sur la participation politique est abondante mais examine peu son lien avec le bien-être citoyen. Si des études suggèrent une corrélation (Veenhoven 1988), la direction de la causalité est mal établie. Flavin interroge spécifiquement dans sa recherche si la satisfaction de vie des citoyens peut améliorer leur participation politique.
Il explore l’ensemble des facteurs encourageant les citoyens à exercer leurs prérogatives civiques et donc à améliorer l’efficacité résultante de la démocratie. Les cadres théoriques existants offrent 2 points de vue opposés. Conduisant cette étude statistique, Flavin démontre que plus les citoyens sont satisfaits de leur existence, plus ils ont de chance de voter, même en contrôlant les facteurs ci-dessus. Jean Jaurès, sur la démocratie. Un extrait du discours "Pour la laïque". (...)
"La démocratie, messieurs, nous en parlons quelquefois avec un dédain qui s'explique par la constatation de certaines misères, de certaines vulgarités; mais si vous allez au fond des choses, c'est une idée admirable d'avoir proclamé que, dans l'ordre politique et social d'aujourd'hui, il n'y a pas d'excommuniés, il n'y a pas de réprouvés, que toute personne humaine a son droit. Et ce ne fut pas seulement une affirmation; ce ne fut pas seulement une formule; proclamer que toute personne humaine a un droit, c'est s'engager à la mettre en état d'exercer ce droit par la croissance de la pensée, par la diffusion des lumières, par l'ensemble des garanties réelles, sociales, que vous devez à tout être humain si vous voulez qu'il soit en fait ce qu'il est en vocation, une personne libre.