Michel Onfray, un chevènementiste libertaire, un oiseau sous-marin, un mammifère ovipare… Nietzsche philosophait «à coups de marteau».
Michel Onfray, lui, a résolu de philosopher à coups de truelle. Un esprit candide s’attend que la philosophie soit une école d’argumentation rationnelle et de respect minimal de la vérité. Or son livre, le Miroir aux alouettes, fondé sur cette paranoïa qui confond contradicteur et ennemi personnel, est un amas peu cohérent de falsifications historiques, d’insultes ad hominem et d’égocentrisme complaisant. Rien de grave, au fond. Onfray, pourquoi tant de haine ? On l’attendait sur l’islam avec un livre au contenu explosif, c’est finalement la gauche qui fait l’objet de ses tirs les plus violents.
Après une courte retraite que le philosophe s’est lui-même imposée en novembre, rincé par une année 2015 de polémiques et de fracas, revoici Michel Onfray sur le ring médiatique : deux livres paraissent ces jours-ci. Penser l’islam (Grasset) et le Miroir aux alouettes, autobiographie politique (Plon) sont autant de coups de poing rendus à tous ceux qui veulent lui «faire la peau». Dans son viseur : Manuel Valls, Libération, le PS et, plus largement, le politiquement correct… A sa décharge, il est vrai que tout et son contraire lui a été reproché.
Il le résume assez drôlement : «Après avoir été présenté comme islamophobe par la presse de gauche», «après avoir été copieusement embrené par les mêmes comme faisant le jeu du FN», «je me suis retrouvé présenté comme un complice de l’Etat islamique». Non, Michel Onfray, le monde musulman n’est pas Daech Libération. Daech utilise Michel Onfray dans sa dernière vidéo de propagande Libération. Quand Michel Onfray trouve bien des excuses à l'Etat islamique Challenges.fr. Michel Onfray, le philosophe qui secoue la France - Le Point.fr. Onfray, une contre-histoire de la Révolution française - Le Point.fr. Réponse au « Traité d’injurologie » de Michel Onfray. Je publie après cette introduction la tribune « Adieu à Onfray » que nous avons rédigé avec Jean-Luc Mélenchon, pour l’hebdomadaire Le Point de cette semaine .
Cela se voulait une réplique aux six longs articles que le philosophe Michel Onfray avait publié cet été dans le même médias. Il s’agissait pour nous de ne pas laisser sans réponse le sidérant parti pris idéologique d’ Onfray. Ce dernier fait désormais partie des gens qui ont pignon sur rue, sachant parfois d’ailleurs dire des choses fort justes que je partage, mais qui, stylo en bandoulière utilise frauduleusement l’histoire de la Révolution Française (mais pas seulement) pour n’en présenter qu’une face hideuse et repoussante où le Peuple n’est toujours qu’un acteur menaçant et sanguinaire et où la part lumineuse ne revient qu’à ceux qui défendaient le projet économique le plus libéral. A la lecture de sa « réponse » (cliquez ici Cette méthode est dégueulasse. Onfray : "Mon problème, c’est ceux qui rendent Marine Le Pen possible"
Accusé de complaisance à l'égard de l'extrême droite, Michel Onfray semble prendre un malin plaisir à se retrouver au cœur de la mêlée.
Au nom d'une légitime colère contre les injustices ? Ou d'un ressentiment contre des élites qu'il ne cesse de dénoncer? Interview. L'Obs. Etes-vous vraiment pour une alliance entre les souverainistes de tous bords, du parti de Marine Le Pen à celui de Jean-Luc Mélenchon ? Libération, ONPC : l'honneur fait à Michel Onfray ! FIGAROVOX/TRIBUNE - Philippe Bilger estime que le dossier à charge consacré à Michel Onfray dans Libération honore davantage le philosophe qu'il ne le disqualifie.
Philippe Bilger est magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole. Son dernier livre Ordre et Désordres vient de paraître aux éditions Le Passeur. Retrouvez-le sur son blog Justice au singulier. Onfray, la pente glissante du souverainisme. Édito Michel Onfray, dit-il, n’a pas lu la réponse que nous avons consacrée à ses déclarations dans le Figaro et dans laquelle nous lui reprochions de reprendre imprudemment un des arguments principaux du Front national.
Ce qui ne l’a pas empêché d’y répondre en écrivant un article furibard dans le Monde et en passant une heure chez Laurent Ruquier, lui, le contempteur des médias. S’il avait lu les articles tout sauf haineux que Libération a publiés, il aurait évité de dire des bêtises, par exemple que nous aurions tronqué ses propos alors que nous avons justement pris soin – par souci de précision – de les reproduire intégralement. On admettra que la méthode est étrange : répondre sans lire. C’est afficher un mépris pour l’autre qui traduit sans doute une haute considération de soi-même mais qui nous fait aussi passer de Nietzsche à Woody Allen : la réponse est non, dit le philosophe médiatique ; mais quelle est la question ?
Or, la question est celle-ci. Nutella et philosophie. On apprenait récemment que la pâte à tartiner Nutella est concurrencée par des marques rivales qui n’ont pas plus de capacités nutritives et n’arrivent pas même à produire le fameux goût agréablement artificiel dont raffolent les enfants.
Le succès du produit phare s’est construit grâce une certaine qualité dans l’infect qui écrase toute velléité d’imitation. En régime libéral, la camelote triomphe, et puisqu’entre le Nutella et la merde il n’y a qu’une différence d’âge du consommateur, on peut en déduire qu’en matière de goût, il ne faut jamais faire confiance aux enfants. Ces derniers sont pourtant de véritables prescripteurs. Il en va de même dans le domaine culturel. Michel Onfray n’est pas plus philosophe que je ne suis marchand de Nutella. Qu’on me comprenne : je ne suis pas défavorable au révisionnisme historique, dans la mesure même où l’histoire des formes et des idées est le lieu d’une permanente refonte. Thomas Clerc. Michel Onfray : jusqu’à la folie Dieudonné ? Michel Onfray cherche-t-il à faire un clin d’œil à Marine Le Pen ?
Ou serait-il, naïvement, bêtement, inconsciemment, en train de «faire le jeu» du Front national en se transformant en son «allié objectif» ? Voilà des questions fausses qui s’expliquent par une véritable méprise sur la nature du personnage. Il suffit de regarder ses livres - qu’il est fort difficile de qualifier de «sérieux», ou «de qualité» sans en rire - pour comprendre deux ou trois questions fondamentales. Puisque «Michel» ne se sent pas reconnu par le monde universitaire ni par celui de la «haute culture» en tant que philosophe, il s’obstine depuis plusieurs années à attaquer systématiquement de grands auteurs, afin de montrer qu’ils ne méritent pas la gloire dont ils jouissent.
En réponse à Michel Onfray. Michel Onfray file un mauvais coton.
On écrit cela non dans un but polémique, mais, plus simplement, avec tristesse. Onfray est à coup sûr un homme sincère, un philosophe de qualité, un esprit courageux qui n’hésite pas à braver les conformismes. Quand beaucoup se contentaient de dénonciations verbales envers le Front national, il a lancé dans la région normande une «université populaire» qui demandait effort, engagement, désintéressement, et qui a déployé au plus près des villes et des villages, là où vit la vraie politique, une pédagogie démocratique incontestable et salutaire. On n’en est que plus attristé d’observer son évolution vers la zemmourisation ou la ménardisation, tous penchants qui, franchement, ne sont pas de son niveau et qu’il faut juger comme un inquiétant signe d’époque.
A lire aussi Pourquoi tant de médiaphobie chez Michel Onfray ? Le Figaro. Michel Onfray. La réponse de Laurent Joffrin : Le Figaro. Le jour où Michel Onfray a basculé. Comment, dans les années 1930, des intellectuels ont-ils pu basculer de la gauche à la droite, jusqu’à sombrer à l’extrême?
Lentes dérives, sans doute; mais il est aussi des ruptures brutales. Dans «le Figaro» (1) du 11 septembre 2015, Michel Onfray insinue que la photo d’Aylan, l’enfant syrien dont la mort a fait vaciller l’opinion internationale, pourrait n’être que «manipulation». Il prend le parti du «peuple français méprisé», ce «centre» auquel on imposerait les «marges», réfugiés et sans-papiers, à grand renfort de «messes cathodiques de fraternité avec les populations étrangères».