Nouvelle Vague en série - 6. Maurice Pialat. Après ce tour d'horizon de la composante sérielle dans les films de la Nouvelle Vague, il apparaît presque logique que — vingt ans avant Twin Peaks — l'une des toutes premières séries télévisées « d'auteur », La Maison des bois, ait été réalisée par Maurice Pialat.
En effet, Pialat s'inscrivait dans le sillage de la Nouvelle Vague (son premier long métrage, L'Enfance nue, fut coproduit par François Truffaut) et en même temps s'en démarquait, revendiquant un lien avec une tradition cinématographique et avec une culture populaire françaises dont ce courant se serait éloigné. Or, dès les années 1960, la culture populaire se situe de plus en plus du côté des séries télévisées plutôt que des productions cinématographiques. Tournée à l'aube de sa carrière de cinéaste, La Maison des bois fut l'unique incursion de Maurice Pialat à la télévision mais, d'après tous les témoignages, ce fut peut-être le tournage le plus joyeux de ce réalisateur ombrageux. Nouvelle Vague en série - 5. Éric Rohmer. Éric Rohmer est le cinéaste issu de la Nouvelle Vague qui a le plus pratiqué la série cinématographique, en regroupant la plupart de ses films sous forme de collections successives dont les trois principales sont les Six Contes moraux, les Comédies et proverbes et les Contes des quatre saisons (sans compter plusieurs ensembles de moindre importance — de jeunesse ou marginaux —, projetés, ébauchés ou réalisés, dont les Charlotte et Véronique, Fabien et Fabienne et Aventures de Zouzou ou encore les séries Anniversaires et Le Modèle).
Dès 1962, l'année où il commence ses Six Contes moraux, Rohmer confie au cours d'un entretien accordé à la revue Nord-communications : « Le 16 mm n'est plus un parent pauvre, et si je tourne mes films dans ce format, c'est pour qu'ils soient meilleurs, non pas relativement mais dans l'absolu. Nouvelle Vague en série - 4. François Truffaut. Cinéphile extrêmement dévoué aux cinéastes qu'il admirait, François Truffaut n'a pourtant pas placé son rapport à la série sous le signe de ceux-ci (au contraire, comme on l'a vu précédemment, de Jean-Luc Godard, de Jacques Rivette et, dans une moindre mesure, de Claude Chabrol), mais sous celui de l'acteur.
Ou plutôt d'un personnage-acteur : Antoine Doinel incarné, dès le premier long métrage de Truffaut, par Jean-Pierre Léaud. Truffaut a ainsi suivi Léaud, de ses quinze à ses trente-cinq ans, dans tous les états de Doinel : adolescent fugueur dans Les Quatre Cents Coups (1959), socialement indépendant mais dépendant sentimentalement dans Antoine et Colette (1962), en rupture d’armée et bientôt fiancé dans Baisers volés (1968), marié et père dans Domicile conjugal (1970), divorcé et dépassé dans L’Amour en fuite (1979). Cf. ci-contre le document à télécharger : « Le cycle Doinel, à nul autre pareil ? Auteur : Jean-François Buiré. Nouvelle Vague en série - 3. Claude Chabrol. Des cinéastes de la Nouvelle Vague, Claude Chabrol est sans doute le plus malicieux.
Si les deux films qu'il consacre au milieu des années 1960 aux aventures de l'agent secret français Louis Rapière, dit « Le Tigre », se réfèrent eux aussi (cf. Jean-Luc Godard et Jacques Rivette) à Louis Feuillade et à Fritz Lang, ils sont avant tout des parodies de la série des James Bond, grands succès de librairie puis de cinéma depuis les années 1950. Un passage du Tigre aime la chair fraîche (1964) explicite cette intention parodique et, si l'on en doutait encore, Le Tigre se parfume à la dynamite (1965) adopte un ton ouvertement farcesque. Mais la parodie est un genre limité (elle reste tributaire de son modèle, aussi irrévérente soit-elle à son égard), et vingt ans plus tard Claude Chabrol créera un autre personnage récurrent, plus original : l'inspecteur de police Jean Lavardin, incarné par Jean Poiret, qui apparaît dans Poulet au vinaigre (1985) et revient dans L'Inspecteur Lavardin (1986).
Nouvelle Vague en série - 2. Jacques Rivette. Si Jean-Luc Godard s'inspire de la veine feuilletonnesque de Fritz Lang, Jacques Rivette, un des plus invétérés cinéphiles ayant fait leurs classes à la Cinémathèque française et aux Cahiers du cinéma, remonte encore plus aux sources du cinéma sériel : les films de Louis Feuillade, auteur de trois des plus célèbres séries cinématographiques des années 1910, Fantômas (cinq épisodes, 1913-1914), Les Vampires (dix épisodes, 1915-1916) et Judex (douze épisodes, 1917) — ces deux derniers relevant plus particulièrement du « serial », dont l'intrigue se poursuit sur plusieurs épisodes comme dans le feuilleton littéraire (alors que chaque épisode de Fantômas constituait un récit bouclé).
Les Vampires (avec le plus méconnu Tih Minh, qui date de 1919) constitue peut-être la quintessence des serials de Feuillade. Paris nous appartient dure 140 minutes : c'est le plus long des premiers longs métrages réalisés par les cinéastes de la Nouvelle Vague. Auteur : Jean-François Buiré. Nouvelle Vague en série - 1. Jean-Luc Godard. À partir de la seconde moitié des années 1960, les films de Jean-Luc Godard acquièrent une réputation d'intellectualisme qui les éloigne du grand public.
Cette singularité godardienne, perçue comme « difficile », va de pair avec le fait que l'auteur de La Chinoise est sans doute, parmi les cinéastes de la Nouvelle Vague, celui qui a le moins fait preuve d'un « esprit de série », même si l'on en trouve trace dans certains de ses films. En 1960, À bout de souffle, le premier long métrage de Godard, s'ouvre par une dédicace à la Monogram Pictures Corporation, société de « l'Âge d'or » des studios hollywoodiens qui produisait des films d'action à petit budget, dont des séries de films courts consacrés à des héros maison tels que Charlie Chan, le détective d'origine chinoise successivement incarné par Warner Oland, par Sidney Toler et par Roland Winters.
Auteur : Jean-François Buiré. Nouvelle Vague en série. Si les cinéastes qu'on réunit sous l'appellation « Nouvelle Vague » ont été très connus et parfois très aimés (du moins par toute une partie du public cinéphile), on ne peut pas dire qu'ils ont été vraiment populaires.
Certains de leurs premiers films — Le Beau Serge et Les Cousins de Claude Chabrol, Les Quatre Cents Coups de François Truffaut et À bout de souffle de Jean-Luc Godard — ont été de relatifs voire de francs succès à leur sortie en salles, mais d'autres se sont avérés beaucoup plus problématiques, ou confidentiels — Paris nous appartient de Jacques Rivette et Le Signe du Lion d'Eric Rohmer.