Comment bien se noyer. Tous les étés il fait trempette au contre-réservoir de Grosbois, non loin de Dijon ; halte d’un voyage rituel et familial.
Cet été-là c’est l’histoire – plus drôle à lire qu’à vivre – du type qui se noie à cause d’une crampe au mollet. L’escale fatale se transforme rapidement en chant héroïque, à mesure que la nage devient de plus en plus difficile le témoignage de son existence force à la surface. Il faut vite se dépêcher de raconter du début à la fin : à l’image de sa noyade l’homme remet en mémoire les contours, les segments de ses morceaux de vie.
Dominant le thème de la disparition, notre homme voue une certaine passion pour l’archéologie. Son truc, c’est la fouille, les vestiges et les squelettes en particulier. . « On ne devrait pas savoir que c’est la dernière fois qu’on nage. Comment meurt-on ? Pas de saillie mordante et acide mais plutôt une sorte de mollesse maligne, juste mignonne et infiniment burlesque délie le fil de cette vie passée. Bertrand Belin : avec “Requin”, le musicien se fait romancier. Le feuilleton : un noyé pensif. LE MONDE DES LIVRES | • Mis à jour le | Par Eric Chevillard Cet homme ayant oublié où il a rangé ses clés fait un nœud coulant à une corde, accroche celle-ci au lustre et se pend.
Toute sa vie défile alors en accéléré et, quand il se voit mettre son trousseau dans le premier tiroir de la commode, il retire sa tête du nœud mortel et se dirige tranquillement vers le meuble. C’est une histoire dessinée de Chaval. Or si un tel film commémoratif nous est bel et bien proposé aux ultimes instants de l’agonie, en serons-nous le spectateur comblé, fier d’être le héros de ce biopic fulgurant, ou rêverons-nous d’abréger encore la séance, notre dernier râle interrompu alors par le claquement sec de notre strapontin ? Ce phénomène mnésique reste sans doute très incertain, mais les autobiographies écrites dans le grand âge pourraient bien être dictées aux écrivains par le pressentiment de leur fin prochaine. La plongée en eaux troubles de Bertrand Belin. Bertrand Belin et l'inconnu du lac. La vie pourrait se résumer à une simple alternative, "Manger ou être mangé".
C'est ce à quoi pense le narrateur de Requin, lors d'une baignade dans le "contre-réservoir de Grosbois". En fait, ce passionné d'archéologie est en train de se noyer, au sens strict, dans ce lac artificiel de la région dijonnaise, et l'eau verte remplit ses poumons. Requin - Bertrand Belin - Journal d'une lectrice. "La prudence, en se nourrissant de la curiosité et de l'appétit de l'homme, en cannibalisant l'esprit de celui qui vit sa vie dans la crainte et l'économie de soi, ne peut produire qu'un ersatz d'existence, une existence dont on dirait, comme d'une endive oubliée dans l'obscurité, qu'elle est "partie en tige".
Qu'une crêpe avalée trop vite vienne interrompre une existence partie en tige rappelle qu'il y a tant de variété de périls qu'aucune espèce de prudence ne saurait durablement mettre à l'abri celui qui s'est risqué à vivre. " Bertrand Belin, Requin - Littérature. Chaque jour, un auteur lit les premières pages de son dernier livre.
Bertrand Belin – Requin. On connaissait le chanteur, crooner à l’éloquence racée dont chaque mot semble avoir macéré dans un fût en chêne ; voici l’écrivain, dont le premier roman (empruntant son titre à l’une de ses chansons) lui vaut les honneurs d’une publication chez P.O.L.
Dès les premières lignes, on comprend que l’écriture sera claquante et sèche, sans arabesques ni boursouflures. L’adhésion est immédiate, le style est entêtant, avec les méditations d’un noyé en train de vivre ses derniers instants. Découvrez les premières pages de “Requin”, un roman singulier de Bertrand Belin. Requin - Bertrand Belin. C'est depuis le milieu d'un lac artificiel près de Dijon, durant le temps que prendra sa noyade et avec le souffle que lui laisse la dure entreprise de se maintenir en vie, que le narrateur et personnage principal élève, au prix d'efforts de plus en plus pénibles à produire, son chant d'adieu.
Une oraison fragmentée, épique, drôle, qui le présente comme l'unique occupant d'un édifice s'affaissant jour après jour.Requin est le premier roman de Bertrand Belin. Voir la biographie et la bibliographie de Bertrand Belin Un noyé pensif Cet homme ayant oublié où il a rangé ses clés fait un noeud coulant à une corde, accroche celle-ci au lustre et se pend. Bertrand Belin Requin.