Comment ça, la guerre? Le mot a fleuri à la Une de tous les journaux après les attentats de vendredi, y compris celle du tiré-à-part de L’Express sorti dès dimanche: la France serait « en guerre ».
Une guerre qu’il faut gagner, une guerre qu’il faut mener, une guerre qui nécessite des moyens, une volonté politique, une mobilisation, une adhésion collective, un état d’esprit, je dirais presque une atmosphère – de guerre, donc. Le mot est fort, il exprime l'(état d’)urgence, la gravité, la peur. Peut-on vraiment parler de «guerre» après le 13 novembre? À la suite des attentats parisiens, François Hollande et son gouvernement ont répondu par l'emploi d'une rhétorique guerrière et des frappes aériennes contre l'État islamique.
Mais, même à considérer les attaques des djihadistes et la réponse militaire française, doit-on considérer que nous sommes, d'un point de vue juridique ou philosophique, en guerre pour autant? Guerre et guerre. Par Dominique FAGET Scène de panique dans les environs de la place de la République à Paris, le 13 novembre 2015 (AFP / Dominique Faget) PARIS, 15 novembre 2015 – Tout commence par un coup de téléphone chez moi, ce vendredi soir, alors que je suis photographe de permanence à Paris.
La rédactrice en chef photo de l’AFP m’annonce que des coups de feu auraient été tirés dans le dixième arrondissement de la capitale. Pour le moment, on ne sait rien de plus. C’est peut-être un attentat, mais cela peut aussi bien être un simple fait divers, un règlement de comptes. Sommes-nous en guerre ? Lundi après-midi à Versailles, devant le Parlement réuni en congrès, le Président, solennel, n’a eu aucune hésitation : «La France est en guerre.
Les actes commis vendredi soir à Paris et près du Stade de France sont des actes de guerre. Ils sont le fait d’une armée jihadiste qui nous combat parce que la France est un pays de liberté, parce que la France est la patrie des droits de l’homme.» Daech ou Etat islamique ? Questions sur un vocable. Cela ne vous aura sans doute pas échappé.
Depuis plusieurs jours, le terme Daech remplace celui d’Etat islamique dans les discours officiels. Explications. "Il n'y a pas de temps à perdre face à la menace des djihadistes de Daech qui a pris le contrôle de larges secteurs des territoires irakien et syrien, multipliant les exactions", a déclaré lundi matin François Hollande lors de son discours d’ouverture de la conférence sur la paix et la sécurité en Irak réunie en ce moment au Quai d’Orsay.
"Daech a commis au cours de ces derniers mois des massacres, des crimes que l'on peut qualifier de génocide, de purification ethnique et religieuse à l'encontre de milliers de citoyens", a renchéri son homologue irakien, le président Fouad Massoum. "Le groupe terroriste dont il s’agit n’est pas un état" (Laurent Fabius) « Etat islamique » ou « Daesh » ? Au commencement de la guerre était le verbe. Une manifestante opposée à l’Etat islamique autoproclamé à Djakarta, en Indonésie, le 5 septembre 2014 - Tatan Syuflana/AP/SIPA Pour avoir suggéré de cesser d’appeler « l’Etat islamique » le groupe de djihadistes qui occupe une grande partie de la Syrie et de l’Irak, et d’opter pour « les égorgeurs de Daesh », Laurent Fabius s’est attiré pas mal de moqueries. Commentaires lus sur le forum anglophone Reddit : « Wow, ça c’est une mesure couillue. » « Très bien, je vais enfin pouvoir parler d’eux sans subir de regards suspicieux. »
Couvrir l’ « Etat islamique. Par Michèle LÉRIDON Directrice de l'information de l'AFP Un drapeau de l'organisation Etat islamique (EI) flottant de l'autre côté de la ligne de front photographié depuis une position des Peshmerga kurdes à Rashad, dans le nord de l'Irak, le 11 septembre 2014 (AFP / JM Lopez) PARIS, 17 septembre 2014 – Les enlèvements et assassinats de journalistes en Syrie, en Irak ou en Afrique, le déferlement d’images de propagande effroyables déversées notamment par l’organisation « Etat islamique » nous conduisent à réaffirmer nos valeurs éthiques et nos règles éditoriales.
Le 13 novembre : un tournant dans la crédibilité des médias. Comme beaucoup de Français, j’ai suivi vendredi soir en direct les événements qui se déroulaient dans Paris, absorbé par la télévision et un œil sur Twitter.
Et, comme souvent dans des circonstances dramatiques, je me suis trouvé déchiré entre ma position de simple spectateur, bouleversé par le drame, et celle, par définition plus froide et plus distante, de l’analyste des médias. Le 13 novembre à chaud, entre modération des médias officiels et foisonnement morcelé des réseaux MÉDIAS - Si les attentats du 13 novembre 2015 tranchent avec ceux que nous avons connus en France par leur ampleur et l'application des meurtriers à tuer le maximum de personnes sans autre considération, ils s'en distinguent aussi par le traitement particulier de l'information dans les heures qui ont suivi le drame.
Des images télévisuelles pauvres en information. Attentats de Paris : à la télé, la France a peur, la France est en guerre - Ma vie au poste. « Les Français préfèrent la sécurité à la liberté », assène Nathalie Saint-Cricq.
Il est 10h20, samedi matin, sur France 2. Les attaques terroristes ont eu lieu il y a moins de douze heures et, déjà, l’union nationale est à l’œuvre. Sur toutes les chaînes, experts, éditorialistes, analystes, présentateurs et reporters relaient la supplique des citoyens pour plus de sécurité et moins de liberté. « Ces questions de rapport entre sécurité et liberté sont déjà dans toutes les têtes des Français, qui ne se sentent plus en sécurité », estime une envoyée spéciale d’iTélé sur les lieux d'une fusillade. Sur BFMTV, Ruth Elkrief dénonce l’irresponsabilité des parlementaires qui n’ont pas voté le projet de loi sur le renseignement. « Le mot “guerre” a déjà été prononcé en janvier mais est-ce que toutes les conséquences ont été tirées ?
Attentats de Paris : après l'horreur, la presse sur la brèche. Certains ont privilégié le choc, d'autres la compassion.
Tout le week-end, les journaux quotidiens ont assuré le suivi des événements sur leurs sites, et bouleversé leurs éditions qui venaient d'être bouclées. Attentats du 13 novembre : M6 assume son reportage jugé « violent » par le ministère de l’intérieur. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Alexandre Piquard « En situation de guerre, ce document est un éclairage glaçant mais poignant de ce que Paris a vécu vendredi soir », assume Vincent Régnier, directeur des magazines d’information de M6.
Le « document » en question, diffusé dans l’émission « 66 Minutes », est une séquence tournée presque par hasard, lors d’un reportage sur le travail quotidien des pompiers : les journalistes se sont retrouvés embarqués avec les secours quand ils ont été parmi les premiers à découvrir le carnage au restaurant La Belle Equipe, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. Attentats : la presse passe en édition spéciale.
Attentats de Paris : dans les coulisses de la rédaction de Mon Quotidien. Reportage - Les éditions PlayBac Presse mettent en ligne une édition spéciale destinée à expliquer les événements aux enfants. Trois d'entre eux assistaient dimanche à la conférence de rédaction. «Comment un gentil petit bébé peut-il devenir un grand méchant terroriste?». Quand les médias font le jeu du terrorisme MEDIAS - Que cherchent les fanatiques de Daech? A frapper les esprits pour attiser la peur, à nous faire crever de trouille pour in fine nous faire abdiquer nos valeurs et renoncer à notre liberté de vivre comme nous l'entendons.
Y parviendront-ils? La question mérite d'être posée au vu de la façon dont les médias relatent depuis vendredi les attentats parisiens -toujours la même dès qu'il s'agit d'évènements avec une forte charge émotive. 129 morts, plus de 300 blessés dont 100 encore en situation d'urgence ce dimanche, les chiffres sont terribles et disent à eux-seuls l'ampleur du drame mais cela ne suffit pas aux radios et télés. Les chaînes d'info ont retenu les leçons de Charlie. L'extrême prudence et les appels à la solidarité ont été les fils directeurs des éditions spéciales des chaînes d'info en continu. C'est désormais tristement rodé. Des médias accusés de minimiser le risque terroriste parmi les migrants. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Alexandre Piquard « On vous l’avait bien dit… », semblent entonner ceux qui ont brandi de longue date le risque de voir des terroristes se mêler aux migrants arrivant en Europe.
Ainsi, le député républicain des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, tout comme le site d’extrême droite Fdesouche, n’ont pas manqué de souligner qu’un des auteurs des attentats du 13 novembre s’est présenté en Grèce en tant que réfugié syrien. Et au passage, ils ont pointé du doigt les médias, accusés d’avoir été trop angéliques dans leur traitement. Lire aussi : Un kamikaze du Stade de France avait emprunté la route des Balkans « Fantasme » « Des terroristes parmi les migrants : quand les médias dénonçaient un fantasme », a titré Fdesouche, listant une quinzaine de liens vers des sites d’information.
Contactée, France Inter reconnaît une « maladresse » décidée dans l’urgence dimanche. Attentats : "Nous sommes en plein dans le pic de haine sur Internet" "Musulman = terroriste", "c'est un coup de Marine Le Pen pour gagner des voix", insultes, propos racistes ou antisémites... #PrayForParis: après les attentats à Paris, l'émotion et la solidarité sur les réseaux sociaux. VIDÉO - Internet a servi de moyen d'expression et de solidarité après les attaques qui se sont déroulées à Paris vendredi soir. Facebook ou Snapchat ont mis en place des fonctionnalités inédites pour l'occasion. L'émotion et la solidarité dans une poignée de lettres. Face aux drames qui se sont joués vendredi 13 novembre à Paris, de nombreuses personnes ont choisi les réseaux sociaux pour exprimer leur solidarité.
Le hashtag #PrayForParis (en français #PriezPourParis) dépassait samedi après-midi les 6,7 millions de mentions, d'après Twitter. Vers minuit, il accompagnait même plus de 17.000 tweets par minute. Les réseaux sociaux ont aussi servi à rassurer ses proches ou organiser les soutiens entre Parisiens. Attentats de Paris : sur Facebook, la mort des amis.
VIDÉO - En ciblant les terrasses de café de l'Est parisien et le Bataclan, les terroristes ont frappé la génération Facebook, Instagram et Twitter. La rapidité de circulation des informations sur les réseaux sociaux a renforcé l'effroi. C'est un bref message qui surgit à l'écran du smartphone pour y rester marqué à jamais. Attentats à Paris: la résistance s'organise sur les réseaux sociaux - Technologies. Sur les réseaux sociaux, l’émotion passe aussi par la poésie. Déferlante tricolore sur Facebook. Les polémiques autour du filtre bleu-blanc-rouge sur Facebook sont dérisoires. Le succès du filtre Facebook rappelle que l’indignation est parfois sélective. Comment les réseaux sociaux ont couvert les attentats du 13 novembre. Le gouvernement ordonne à Twitter de bloquer la diffusion des photos du carnage dans le Bataclan.