Paroles Jacques Prevert.
Le cancre il dit non avec la tête mais il dit oui avec le cœur il dit oui à ce qu'il aime il dit non au professeur il est debout on le questionne et tous les problèmes sont posés soudain le fou rire le prend et il efface tout les chiffres et les mots les dates et les noms les phrases et les pièges et malgré les menaces du maître sous les huées des enfants prodiges avec des craies de toutes les couleurs sur le tableau noir du malheur il dessine le visage du bonheur Biographie de l'auteur Jacques Prévert est né le 4 février 1900, à Neuilly-sur-Seine, d'un père breton et d'une mère auvergnate. En 1915, il commence à gagner sa vie en faisant divers métiers.En 1920, il fait son service militaire à Lunéville, où il rencontre le peintre Yves Tanguy, puis en Turquie, où il rencontre Marcel Duhamel. À son retour, il habite rue du Château avec eux et rencontre les surréalistes qui, bientôt, fréquenteront la rue du Château : Breton, Aragon, Péret, Desnos, Leiris, Queneau…De 1932 à 1936, Jacques Prévert travaille avec la troupe théâtrale du groupe Octobre et leur écrit des pièces, où il joue souvent lui-même. En 1933, il voyage avec la troupe à Moscou, à l'occasion d'une olympiade internationale du Théâtre ouvrier. Pendant la même période, il écrit les scénarios de ses premiers films et ses chansons commencent à être chantées.En 1943, il s'éprend de Janine Loris. En 1946, naît leur fille, Michèle (en 1974, Jacques deviendra grand-père d'Eugénie, fille de Michèle et de Hugues Bachelot). En 1945, il rencontre René Bertelé, qui a fondé les éditions du Point du jour. Celui-ci publie le premier livre de Jacques Prévert, "Paroles", en 1946.Auteur de pièces de théâtre, de chansons, de scénarios de films -mis en scène par les plus grands réalisateurs de son temps-, Jacques Prévert est avant tout un poète. Il est un poète qui s'insurge, qui dénonce mais qui sait aussi s'émouvoir devant la beauté simple du monde : un enfant, un oiseau, une fleur. Un poète libre. Son indépendance de caractère l'a toujours éloigné des écoles, des partis ou des systèmes. Et ce n'est pas par indifférence aux événements du monde, son franc-parler prouverait le contraire. C'est son amour de la liberté qui lui a valu un si large public parmi les jeunes. En 1948, il a un grave accident. Venu dans les bureaux de la Radiodiffusion nationale pour présenter le film qu'il préparait, il tombe par une porte-fenêtre dont les battants ouvrent vers l'extérieur, sur le trottoir des Champs-Élysées. Prévert reste de longs jours dans le coma. Convalescent, ne pouvant plus écrire, il découpe des images en morceaux qu'il assemble et colle. Picasso, qui avait pour ces collages une admiration particulière, disait à son ami : «Tu ne sais pas dessiner, tu ne sais pas peindre, mais tu es peintre !»Jacques Prévert meurt le 11 avril 1977, à Omonville-la-Petite, dans le Cotentin. Le conseil général a racheté la maison de la famille Prévert en mai 1994, afin d’y réaliser un musée à la mémoire du poète. CHANSON DES ESCARGOTS QUI VONT À L'ENTERREMENT A l'enterrement d'une feuille morte Deux escargots s'en vont Ils ont la coquille noire Du crêpe autour des cornes Ils s'en vont dans le soir Un très beau soir d'automne Hélas quand ils arrivent C'est déjà le printemps Les feuilles qui étaient mortes Sont toutes ressuscitées Et les deux escargots Sont très désappointés Mais voilà le soleil Le soleil qui leur dit Prenez prenez la peine La peine de vous asseoir Prenez un verre de bière Si le cœur vous en dit Prenez si ça vous plaît L'autocar pour Paris Il partira ce soir Vous verrez du pays Mais ne prenez pas le deuil C'est moi qui vous le dis Ça noircit le blanc de l'œil Et puis ça enlaidit Les histoires de cercueils C'est triste et pas joli Reprenez vos couleurs Les couleurs de la vie Alors toutes les bêtes Les arbres et les plantes A chanter à tue-tête La vraie chanson vivante La chanson de l'été Et tout le monde de boire Tout le monde de trinquer C'est un très joli soir Un joli soir d'été Et les deux escargots S'en retournent chez eux Ils s'en vont très émus Ils s'en vont très heureux Comme ils ont beaucoup bu Ils titubent un p'tit peu Mais là-haut dans le ciel La lune veille sur eux. – clr987
Les Chants d'Omar Khayam Sadegh Hedayat. Petite anthologie imaginaire de Henri Bellaunay.
Voici un petit chef-d'œuvre. Un chef-d'œuvre léger. Un chef-d'œuvre en miniature. Un chef-d'œuvre paradoxal. La plupart des chefs-d'œuvre sont des machines un peu lourdes. Rien de plus aérien que les vers que vous allez lire. On les dirait suspendus à des fils invisibles. Et on doute de leur auteur... C'est que Bellaunay n'est pas seulement un pasticheur de très grand talent. Il est lui-même un poète. Le plus discret, le plus modeste, le plus charmant des poètes. Il y a un style Bellaunay. Et à travers ceux dont il s'inspire, le lecteur ne cesse jamais de le retrouver... On peut lire son anthologie comme un amusement raffiné. On peut s'instruire en la consultant... On peut surtout prendre un plaisir sans mélange à se laisser emporter par le talent exquis de l'auteur. Tous ceux qui s'obstinent à croire que la culture est plutôt secrète que publique, plutôt intérieure qu'extérieure, plutôt murmure que discours, et qu'elle entretient des liens plus étroits avec l'ironie et l'humour qu'avec la suffisance et la grandiloquence, seront enchantés par Henri Bellaunay. – clr987
Le chatiment de la cuisson appl Alphonse Allais. Les Planches courbes Yves Bonnefoy.
Salué dès sa publication en octobre 2001 comme l'un des livres majeurs d'Yves Bonnefoy, Les Planches courbes s'impose en effet au sommet d'un œuvre sans faiblesse ni reniement. Une parole qui sait magistralement faire la place du sens et du chant s'élève, à la fois affirmée et fragile, inquiète et souveraine. Les planches courbes auxquelles le titre se réfère sont celles de la barque du passeur qui tente encore une avancée entre les deux rives du fleuve, les deux rives du rêve, les deux rives de la vie. – clr987
Ensemble encore suivi de Peramb Yves Bonnefoy. Poetes en partance Collectif.
Parce que le vrai voyage commence en poésie avec Les Fleurs du Mal, voici 42 poètes en partance, du coeur du XIXème siècle au coeur du siècle dernier, soit de Charles Baudelaire à Henri Michaux. Non pas une compilation des plus baroudeurs, comme on collectionnerait les pages d’un passeport surchargé de visas, mais un recueil de ceux qui tracent leur destin en marge des balises, passent souvent les bornes, et bouleversent notre vision du monde. Tous n’écrivent pas sur le départ, mais tous sont en partance. Bateaux, trains, vélos, avions, scooters, chevaux, pédalos et autres moyens de franchir les frontières ne sont pas les supplétifs ni les vecteurs de ces pages. Juste une façon d’éprouver le voyage, de suivre l’impulsion première mais jamais le mouvement, si ce n’est celui du coeur qui change de braquet et d’heure pour découvrir l’ailleurs. Là-bas a goût d’aube sans fin, d’arc-en-ciel à saisir, de lointains à prendre. Ou à laisser. – clr987
Que la blessure se ferme Tahar Ben Jelloun.