La messe noire du frere Springe Charles Willeford.
Devenu romancier presque accidentellement, Sam Springer, ex-comptable de l’Ohio, mari paisible et fidèle, plutôt terne, « qui n’avait jamais manqué de tondre la pelouse un samedi matin sur deux », a voulu vivre de sa plume. En quête d’un sujet, il a rencontré l’abbé Dover, un ancien militaire, qui lui a exposé une théorie intéressante : « On devient homme d’église pour échapper à un métier honnête et, deuxièmement, parce qu’on veut se faire du fric. » Fort de ces préceptes, il a persuadé Sam Springer de se laisser ordonner pasteur de l’Église du Cheptel de Dieu et l’a envoyé à Jacksonville s’occuper d’une paroisse entièrement composée de noirs. C’est alors que les choses ont commencé à devenir compliquées… Doucement, (je ne voulais pas réveiller Merita), je soulevai la fenêtre aussi haut que je le pus et humai les arômes de l’insomnie, de la nourriture rance, des chaussettes en souffrance et du faible volume d’air qui montait paresseusement par le puits d’aération. À moins d’un mètre de moi je voyais à l’intérieur d’une autre chambre d’hôtel, presque identique à la mienne, et j’observai la respiration laborieuse d’un vieux bonhomme qui dormait comme s’il était le dernier individu sur cette terre qui ne soit pas tourmenté par sa conscience. Beaucoup plus bas, trois ou quatre étages au moins, une voix féminine rauque réprimandait quelqu’un avec un indéniable savoir-faire, sans observer la moindre pause. — Comment moi, me demandai-je, le très révérend Deutéronome Springer, m’y suis-je pris pour échouer dans un endroit comme l’hôtel Anderson, à New York, aux franges de Harlem ? C’était difficile, de réfléchir. J’étais très fatigué et j’éprouvais une impression de distanciation, presque impossible à identifier ; elle me donnait le sentiment d’être un observateur surveillant un autre individu lancé dans des activités extrêmement stupides, des activités amusantes, qui n’avaient en fait aucune importance pour celui que j’étais vraiment. Mais l’individu que j’étais réellement commençait à se fondre dans cette étrange créature pleine d’énergie qui était également moi. Je passai mes doigts dans mes épais cheveux noirs, raides (et longs alors que j’avais toujours eu un faible pour la coupe en brosse), et aimai le riche contact de cette toison. Ils étaient utiles pour asseoir ma nouvelle personnalité. — Seigneur, priai-je en sortant la tête par la fenêtre et en levant les yeux vers le petit carré de ciel bleu au sommet du puits d’aération, délivre-moi, pauvre pécheur égaré, de la tentation, et montre-moi le chemin de lumière car ta puissance et ta gloire sont infinies. Amen ! Cette courte prière me redonna une certaine vigueur. J’eus un sourire ironique et rentrai la tête. Je priais désormais naturellement, systématiquement, automatiquement, sans douleur, un peu comme on effectue son versement mensuel dans le cadre d’un plan d’épargne, sur son lieu de travail, ou sur un compte d’épargne, à sa banque. Je pris la bouteille de gin sur la coiffeuse, ingurgitai une lampée. Il en restait moins de la moitié et j’en fis baisser le niveau de deux bons centimètres et demi avant de l’écarter de mes lèvres. Mon estomac fut envahi d’une soudaine vague de chaleur et je me sentis complètement réveillé. Je m’aperçus en pied dans la glace piquetée de taches sur la porte de la salle de bains, eus un sourire sévère pour mon reflet. Tu parles d’un ministre du culte ! Debout au milieu d’une chambre d’hôtel sordide, nu à l’exception d’un caleçon sale, avec mes longues jambes maigres et pâles, mes longs bras velus et mes épaules voûtées, je ressemblais à un employé de banque plutôt qu’à un pasteur. À l’exception de mes yeux ; ils étaient trop grands pour mon visage émacié et contenaient des lumières intérieures qui étincelaient comme des flammes bleues brûlantes. « Embrasées et alimentées par du gin à quatre dollars quinze les soixante-quinze centilitres », pensai-je avec morosité. Je me détournai du miroir et comptai une nouvelle fois l’argent rangé dans ma ceinture en tissu. J’avais découvert que l’on ressent un plaisir incomparable à compter l’argent qui vous appartient, à vous et non à une banque, une entreprise ou un tiers. Je manipulai les billets avec des gestes vifs. Je les avais comptés tant de fois, et il n’en manquait pas un, quatre mille cinquante-trois dollars. Une grosse somme… – clr987
La vie dont nous revions Michelle Sacks.
Révélation ! Un huis-clos asphyxiant ou quand les apparences les plus lisses masquent parfois la laideur la plus noire. Dans la lignée d'une Shriver, un premier roman choc, une réflexion dérangeante sur la maternité, la violence sourde, la culpabilité, la folie insidieuse et l'amour. Sam et Merry, jeune mariés et parents d'un bébé, ont quitté Brooklyn pour s'installer dans un cottage en Suède, au cœur de la nature. Adieu pollution, stress ; bonjour grands espaces et tout-bio ! Sam réalise des films et les présente à de potentiels clients tandis que Merry se consacre avec dévouement à ses nouveaux devoirs de mère au foyer, s'adonnant au jardinage et à la confection de petits pots. Mais derrière ce tableau idyllique, le couple cache de lourds secrets.... Isolée et en proie à la dépression, Merry se sent prisonnière de sa vie ; Elle n'éprouve aucun amour pour son bébé et le néglige quand Sam a le dos tourné. Ce dernier se révèle quant à lui tyrannique et menteur. L'équilibre - très relatif donc - de la famille se trouve mis à mal par l'arrivée de Frances, la superbe meilleure amie de Merry qui vient leur rendre visite. En dépit du succès professionnel et de la vie glamour qu'elle affiche, Frances est en réalité rongée par l'envie et la jalousie, elle qui n'a jamais été choisie par un homme... Perspicace quant à la vraie nature de Merry et désireuse de prendre sa place d'épouse et de mère, elle décide de révéler la vérité à Sam. Dans un huis clos étouffant et toxique, l'intrigue se resserre jusqu'à l'horreur suprême. Merry VOUS NOUS VERRIEZ, je pense que vous nous détesteriez. On dirait les acteurs d’une publicité pour une compagnie d’assurances, dégoulinants de bonheur. La petite famille idéale et sa petite vie parfaite. Encore une journée magnifique, avons-nous l’habitude de dire le soir venu. Une confirmation. Une promesse. Notre façon à nous d’écarter les journées médiocres. Mais elles sont presque toutes magnifiques en Suède, vraiment magnifiques. C’est superbe ici, particulièrement en plein été comme aujourd’hui : le ciel moucheté, la lumière dansante et le doux soleil. La petite maison en bois rouge dans laquelle nous vivons semble droit sortie d’un livre pour enfants : un petit nid douillet entouré d’arbres, niché au creux de la forêt, et son luxuriant jardin en fleurs. La vie y foisonne : le potager verdoyant, les baies gorgées de soleil qui font ployer les branches des arbustes ainsi que l’odeur douce et enivrante de la floraison qui charme les abeilles. Les soirées d’été sont longues et tranquilles, il fait encore jour après 22 heures et le grand lac est aussi pâle et apaisant que la plus légère nuance de bleu. Et ce calme ! On n’entend que le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles dans les branches. – clr987
Daddy Loup Durand. L'enfant aux cailloux Sophie Loubiere.
Elsa Préau est une retraitée bien ordinaire. De ces vieilles dames trop seules et qui s'ennuient tellement — surtout le dimanche — qu'elles finissent par observer ce qui se passe chez leurs voisins. Elsa, justement, connaît tout des habitudes de la famille qui vient de s'installer à côté de chez elle. Et très vite, elle est persuadée que quelque chose ne va pas. Les deux enfants ont beau être en parfaite santé, un autre petit garçon apparaît de temps en temps — triste, maigre, visiblement maltraité. Un enfant qui semble l'appeler à l'aide. Un enfant qui lui en rappelle un autre... – clr987
L'enfant du parc Philippe Routier. C'est dans la boite, un polar p Frederic Ernotte. Un employe modele Paul Cleave.
Christchurch, Nouvelle-Zélande. Joe Middleton contrôle les moindres aspects de son existence. Célibataire, aux petits soins pour sa mère, il travaille comme homme de ménage au commissariat central de la ville. Ce qui lui permet d'être au fait des enquêtes criminelles en cours. En particulier celle relative au Boucher de Christchurch, un serial killer sanguinaire accusé d'avoir tué sept femmes dans des conditions atroces. Même si les modes opératoires sont semblables, Joe sait qu'une de ces femmes n'a pas été tuée par le Boucher de Christchurch. Il en est même certain, pour la simple raison qu'il est le Boucher de Christchurch. Contrarié par ce coup du sort, Joe décide de mener sa propre enquête afin de démasquer lui-même le plagiaire. Et, pourquoi pas, de lui faire endosser la responsabilité des autres meurtres. Variation sublime sur le thème du tueur en série, ce roman d'une originalité confondante transfigure tous les clichés du genre et révèle un nouvel auteur, dont on n'a pas fini d'entendre parler. – clr987
Je Suis Pilgrim Terry Hayes.
Pèlerin est le nom de code d’un homme qui n’existe pas. Autrefois il dirigeait un service de surveillance interne regroupant l’ensemble des agences de renseignement américaines. Avant de prendre une retraite dans l’anonymat le plus total, il a écrit le livre de référence sur la criminologie et la médecine légale. Une jeune femme assassinée dans un hôtel de seconde zone de Manhattan. Un père décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie saoudite. Un homme énucléé vivant devant un laboratoire de recherche syrien ultrasecret. Des restes humains encore fumants trouvés dans les montagnes de l’Hindu Kush. Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l’humanité. Et un fil rouge qui relie tous ces événements, avec un homme résolu à le suivre jusqu’au bout. – clr987
Satan etait un ange Karine Giebel.
Tu sais Paul, Satan était un ange… Et il le redeviendra. Rouler, droit devant. Doubler ceux qui ont le temps. Ne pas les regarder. Mettre la musique à fond pour ne plus entendre. Tic tac… Bientôt, tu seras mort. Hier encore, François était quelqu’un. Un homme qu’on regardait avec admiration, avec envie. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un fugitif qui tente d’échapper à son assassin. Qui le rattrapera, où qu’il aille. Quoi qu’il fasse. La mort est certaine. L’issue, forcément fatale. Ce n’est plus qu’une question de temps. Il vient à peine de le comprendre. Paul regarde derrière lui ; il voit la cohorte des victimes qui hurlent vengeance. Il paye le prix de ses fautes. Ne pas pleurer. Ne pas perdre de temps. Accélérer. L’échéance approche. Je vais mourir. Dans la même voiture, sur une même route, deux hommes que tout semble opposer et qui pourtant fuient ensemble leurs destins différents. Rouler droit devant, admirer la mer. Faire ce qu’ils n’ont jamais fait. Vivre des choses insensées. Vivre surtout… Car après tout, pourquoi tenter sans cesse de trouver des explications ? – clr987
Montana 1948 Larry Watson.
"De l'été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces de toute mon enfance, que le temps passant n'a pu chasser ni même estomper." Ainsi s'ouvre le récit du jeune David Hayden. Cet été 1948, une jeune femme sioux porte de lourdes accusations à l'encontre de l'oncle du garçon, charismatique héros de guerre et médecin respecté. Le père de David, shérif d'une petite ville du Montana, doit alors affronter son frère aîné. Impuissant, David assistera au déchirement des deux frères et découvrira la difficulté d'avoir à choisir entre la loyauté à sa famille et la justice. Montana 1948 raconte la perte des illusions de l'enfance et la découverte du monde adulte dans une écriture superbe digne des plus grands classiques américains. – clr987
Je m'appelle requiem et je t' . Stanislas Petrosky. Triggerfish twist Tim Dorsey.
La ville de Tampa en Floride a tout du paradis sur terre : climat idyllique, plages splendides, boom économique. Aussi Jim Davenport, paisible père de famille, ne cache-t-il pas son enthousiasme à l’idée d’emménager dans Triggerfish Lane. Mais c’est sans compter avec une autre spécialité locale : les agents immobiliers véreux. L’un d’eux, Lance Boyle, est déjà propriétaire de presque toute la rue et il est résolu à racheter au plus vite la villa des Davenport à vil prix afin de réaliser une spectaculaire opération. Sa stratégie ? Installer partout les pires voisins possibles afin de faire fuir les récalcitrants. Les Davenport vont donc devoir cohabiter avec une invraisemblable collection d’énergumènes, tous plus agressifs ou névrosés les uns que les autres. Jusqu’à ce que Jim, énervé, se décide à passer à l’action… Serge A. Storms et Coleman, les déjantés qui ont déjà sévi avec panache dans les précédents romans de TimDorsey sont de retour. Avec un sens du burlesque qui n’appartient qu’à lui, l’auteur s’amuse à bousculer les valeurs de l’Amérique middle class, faisant d’un quartier « tranquille où il fait bon vivre en famille » un véritable décor de carnaval. Mais comme de coutume, derrière l’humour débridé et les multiples péripéties, se cache une satire sociale on ne peut plus féroce. – clr987
La soudure Alain Guyard.
Ryan et Cyndie sont jeunes, amoureux, paumés, sans boulot ni argent, et rêvent de s’insérer dans la société. Mais comment s’y prendre ? Un avocat-conseil (quoique véreux et prenant 10 %) conseille Ryan. Le deal ? Les bracos ? Le tapin ? Rien n’y fait : les retenues morales du jeune homme le font échouer à toutes ces formations diplômantes aux métiers de la délinquance. Heureusement, des Gitans ferrailleurs et un capitaine de péniche féru de littérature antique vont remettre Ryan sur le droit chemin : il se fera voleur. Militant voleur. – clr987
La vie de ma mere Thierry Jonquet.