La science et le patriarcat, artcile d'Antoine Pitrou pour l'AFIS. L’Afis, en tant qu’association défendant l’intégrité scientifique dans la décision publique, n’intervient pas sur les questions qui relèvent du domaine des choix de société.
La place de la science dans le débat public est d’apporter les connaissances nécessaires à une bonne prise en compte du réel et à l’analyse des possibles, pas de décider à la place du corps politique. Promouvoir l’égalité en arguant d’une absence de différences constitutives ne relève pas plus d’un raisonnement scientifique que de cautionner une discrimination au nom de différences existantes. À la recherche des origines de la domination masculine. Cet article reprend, pour l’essentiel, les principales thèses développées dans Le communisme primitif n’est plus ce qu’il était, 2e éd., Smolny, 2012 Les origines – et donc, les causes profondes – de la domination masculine sont une question fascinante, et d’autant plus difficile que nous ne possédons hélas aucun moyen direct de connaître le lointain passé des rapports entre les sexes.
Faut-il interdire les robots tueurs autonomes ? - Afis Science - Association française pour l’information scientifique. Cet article est une adaptation d’un article publié dans la rubrique Logique & Calcul du n° 458 (décembre 2015) de la revue Pour la science.
La science-fiction n’a pas attendu que la technologie permette d’en fabriquer pour envisager l’idée de robots qui, d’euxmêmes, une fois lancés dans une mission, prennent la décision de tuer des humains ou même se révoltent. Ces robots tueurs portent un nom savant dans les discussions internationales sur l’armement : SALA, pour Systèmes d’armes létaux autonomes (en anglais LAWS, Lethal Autonomous Weapons Systems). Ils sont sur le point d’exister, voire existent déjà. Leur introduction sur les champs de bataille suscite des débats où se mêlent des questions logiques, pour les définir ou pour comprendre ce qui leur est possible, et des questions éthiques encore plus délicates que lorsqu’elles concernent les soldats humains.
Les flottes géantes de satellites par astrophysicien Fabrice Mottez. Les flottes géantes de satellites En 1990, les 500 satellites actifs orbitant autour de la Terre étaient généralement gros, uniques et fiables.
Pour les terriens levant le regard vers le ciel, les satellites étaient relativement rares. Leur observation était un jeu prisé de certains amateurs qui s’amusaient à prévoir le lieu et le moment de leur prochain passage. Depuis le milieu des années 2010, un nouveau paradigme est apparu : créer un monde hyperconnecté, grâce à des milliers de satellites installés par des opérateurs privés. Avec l’apprentissage profond, l’intelligence artificielle va-t-elle dépasser l’Homme ? - Afis Science - Association française pour l’information scientifique. Depuis qu’AlphaGo, un programme informatique, a battu les meilleurs joueurs de go [1] en utilisant, entre autres techniques, un réseau de neurones formels doté d’un mécanisme d’apprentissage profond (deep learning), les médias se sont mis à rêver et à attribuer à cette technologie la capacité de régler tous les problèmes rencontrés jusque-là en intelligence artificielle (IA).
La presse, mais aussi certains acteurs du domaine imaginent que cette technique permettrait de créer (ou a déjà permis de créer ?) Une véritable intelligence artificielle... dont il faudrait se méfier car elle pourrait considérer que l’espèce humaine est trop primitive et décider qu’il est inutile de la maintenir sur Terre. Intelligence artificielle : le présent éclairé par l’histoire - Afis Science - Association française pour l’information scientifique. Concevoir des machines intelligentes est un très vieux rêve de l’humanité.
Dès l’Antiquité, ingénieurs et mathématiciens tentèrent de mettre au point des automates visant à imiter certains comportements naturels. Ainsi, selon l’historienne Marylène Lebrère, les automates d’Héron d’Alexandrie (Ier siècle de notre ère) sont réalisés de telle sorte que « les mouvements des personnages, des animaux ou les sons qu’ils émettent doivent être aussi vrais que possible, de façon à susciter la surprise et l’émotion chez les fidèles » [1]. Les réalisations de Jacques Vaucanson (1709-1782) s’inscrivent dans la même volonté de « non pas représenter de l’extérieur ce que font les vivants, mais bien, autant que cela était possible, simuler les processus naturels par lesquels ils accomplissent certaines de leurs actions » [2].
Intelligence artificielle - Afis Science - Association française pour l’information scientifique. Faut-il craindre l’homme ou la machine ?
L’intelligence artificielle (IA) suscite curiosité, enthousiasme et inquiétude. Elle est présente dans d’innombrables applications, ses prouesses font régulièrement la une des journaux et un candidat à la mairie de Paris en fait un argument de campagne. Dans le même temps, des déclarations médiatisées mettent en garde contre des machines qui pourraient prendre le pouvoir et menacer la place de l’Homme ou, a minima, porter atteinte à certaines de nos libertés.
L’intelligence artificielle et le véhicule autonome. Le véhicule autonome, libérant des contraintes inhérentes à la conduite, est ancré dans notre imaginaire comme l’étape ultime de l’évolution de l’automobile – en attendant les voitures volantes… Ce qui rend le véhicule autonome aujourd’hui désirable du point de vue sociétal, ce sont d’abord des considérations de sécurité routière.
Puisque qu’on estime que 95 % des accidents de la route sont liés à une erreur humaine, on peut attendre de la technologie une contribution significative à la réduction du nombre d’accidents. Mais dans un contexte d’augmentation continue du trafic, d’urbanisation croissante et de temps toujours plus contraint, le véhicule autonome est également perçu comme un moyen de réduire le stress du conducteur et des passagers dans certaines situations de conduite, dans les bouchons par exemple, et de lui libérer du temps.
Une double difficulté : système autonome et système critique © oonal | Istockphoto.com. Réseaux de neurones et apprentissage profond en IA : les concepts. L’intelligence artificielle (IA) est une discipline qui a fréquemment recours à des termes évocateurs et anthropomorphiques pour les concepts qu’elle manipule, mais son objet reste difficile à définir simplement.
Sa dénomination elle-même, en utilisant le mot « intelligence », a focalisé une partie des controverses sur la comparaison avec les capacités humaines et, au-delà, sur la place même de l’Homme face à la machine. Les techniques d’apprentissages à la base du renouveau actuel de la discipline ne sont pas en reste, avec en particulier le terme de « réseaux de neurones » renvoyant directement à l’image du cerveau humain. Les systèmes d’intelligence artificielle : quelle responsabilité ? Quelles sont les responsabilités lors du recours à l’intelligence artificielle (IA) ?
Cette question impose au juriste de faire une plongée dans le monde informatique pour comprendre en quoi consiste l’intelligence artificielle, ce mot-valise qui recouvre, en réalité, de nombreuses sciences et techniques informatiques, tant et si bien qu’il semble difficile d’utiliser ce terme au singulier, de même qu’il semble difficile de tracer une frontière précise entre celui-ci et d’autres mots-valises tels que, par exemple, Internet, algorithmes ou big data.
Et faut-il seulement utiliser ce terme, alors que le créateur du très usité assistant vocal Siri vient d’écrire un ouvrage dont le titre, un tantinet provocateur, énonce que l’intelligence artificielle n’existe pas ? … [1] Médecine et thérapies alternatives. Les pratiques de soins non conventionnels désignent l’ensemble des pratiques ni reconnues sur le plan scientifique par la médecine conventionnelle, ni enseignées au cours de la formation initiale des professionnels de santé [1]. Le comportement des patients vis-à-vis de la médecine est ambivalent : les avancées de la recherche sont plébiscitées, mais les effets secondaires inquiètent et les résultats des traitements déçoivent quand ils ne permettent pas une guérison [2]. Les soins alternatifs séduisent car ils sont perçus comme naturels et favorisant le bien-être, sans effets secondaires. Selon un sondage IFOP paru en 2007, 39 % des patients y ont eu recours dans l’année précédente [3].
Les enjeux économiques liés au développement des thérapies alternatives sont importants : au niveau mondial, le marché des soins alternatifs a été évalué à plus de 63 milliards d’euros par l’OMS en 2008, et il se développe [4]. L’homéopathie : déremboursement ou retour à la loi commune ? L’homéopathie suscite régulièrement des débats passionnés. C’est actuellement le cas dans les médias français. Une prise de conscience de l’aspect non rationnel de la théorie homéopathique se fait progressivement. Homéopathie, automédication et approche rationnelle. Laissons de côté quelques questions récurrentes, bien que tranchées depuis longtemps, dans la controverse qui entoure l’homéopathie. Ainsi, savoir « quel pourrait être le mode d’action de l’homéopathie ?
» est une question vide de sens tant que l’on n’a pas d’abord montré l’existence d’une action à expliquer. Or, suffisamment d’études et de métaanalyses ont démontré, sans qu’il faille les recommencer éternellement, que l’homéopathie n’avait pas d’effet supérieur à celui d’un placebo. Savoir si un médecin est légitime à prescrire un placebo à un patient en toute connaissance de cause est une question bien différente que nous n’aborderons pas ici. Attirons plutôt l’attention sur un élément nouveau : le développement inéluctable de l’automédication modifie les données de cet éternel débat.
Production agricole et préservation environnement : est-ce possible ? La pression mise sur l’environnement par la population humaine ne fait aucun doute. Le changement climatique est une réalité dont chacun commence à percevoir les incidences pour sa vie quotidienne ou via des images frappantes, comme celle des températures très élevées observées au Groenland cet été [1]. Les différents rapports du Giec montrent clairement la trajectoire que nous emprunterons si l’accord de Paris n’est pas mis en œuvre, avec en particulier la perspective d’une élévation de la température moyenne de 4 °C en 2100.
Il y a donc, de ce point de vue, une réelle urgence à agir car le changement climatique brutal est principalement d’origine anthropique, qu’il s’agisse des émissions de dioxyde de carbone liées au déstockage de carbone fossile, ou des émissions de méthane ou de protoxyde d’azote, trois gaz contribuant majoritairement à l’effet de serre. L’Amazonie, le « poumon » de la Terre ? La rédaction de cet article a reçu l’aide de Laurent Bopp (CNRS, professeur attaché à l’ENS) À l’occasion des incendies en Amazonie, on a beaucoup entendu dire que cette région d’Amérique du Sud serait le « poumon » de la Terre.
D’autres ont dit, au contraire, que l’océan est la source principale d’oxygène pour l’atmosphère. Qu’en est-il vraiment ? L’oxygène que l’on respire (le dioxygène, de formule O2) est ou a été généré par la photosynthèse sur terre (végétation) ou dans les océans (phytoplancton). Ce processus absorbe du dioxyde de carbone CO2, stocke du carbone sous forme de matière organique et libère de l’oxygène O2. Reconquête de la biodiversité : de quelle nature parle-t-on ? L’Anthropocène : question géologique ou sociétale ? L’Anthropocène est un mot qui a été proposé dès le début du XXe siècle mais qui a été popularisé par le Prix Nobel de chimie Paul Crutzen en 1995 afin de délimiter une période au cours de laquelle les activités anthropiques auraient laissé une empreinte sur l’ensemble de la planète.
Ce terme a, depuis, fait florès dans la littérature scientifique et, peut-être plus encore, dans les sciences sociales, politiques et, pardessus tout, dans les médias. Le succès de ce vocable est tel que son principe a été largement réutilisé. Ainsi par exemple, dans un livre intitulé L’événement anthropocène rédigé en 2013 par deux historiens [1], les auteurs n’hésitent pas à le décliner en Thermocène, Thanatocène, Phagocène, Phronocène et Polémocène 1. Depuis le début de l’année 2016, les médias politiques ne veulent pas être en reste. Faux aveux : pourquoi un innocent avouerait-il un crime ? « Des aveux qui semblent vrais peuvent en réalité être faux, même s’ils sont corroborés par des informateurs et des experts en criminalistique. » Saul Kassin Professeur de psychologie au John Jay College of Criminal Justice (New York) et au Williams College (Williamstown, MA), expert international en matière d’interrogatoire [1]
Quelle est la validité de l’explication freudienne des lapsus ? Le mot « lapsus » est aujourd’hui associé à la psychanalyse, comme l’illustre la définition du Petit Robert (éd. 2019) : « Lapsus, lat. lapsus. Emploi involontaire d’un mot pour un autre en langage parlé ou écrit. Faire un lapsus. La psychanalyse considère le lapsus comme un acte manqué. » Freud attachait une grande importance aux actions qui manquent leur but parce que, disait-il, elles démontrent de façon simple sa conception « dynamique » de l’inconscient : ce qui apparaît à la conscience résulte d’un conflit inconscient de forces.