Repenser la procréation médicalement assistée, par Jacques Testart (Le Monde diplomatique, avril 2014) Trente-six ans après la naissance du premier bébé-éprouvette — en 1978 au Royaume-Uni —, cinq millions d’enfants sont nés de fécondation in vitro (FIV), et près de 3 % des enfants des pays industrialisés sont aujourd’hui conçus ainsi.
Mais la technique s’élargit sans cesse, tandis que la réglementation bioéthique s’assouplit. La médicalisation de la procréation pourrait alors emprunter de nouvelles voies, susceptibles d’« améliorer » l’être humain. Parmi les plus fantasmées : le clonage ou le géniteur universel. Se reproduire seul ou engendrer avec un géniteur anonyme : ces directions, apparemment antagoniques, entretiennent toutes deux un rapport particulier à l’altérité, en laissant bien peu de place à l’autre. A la recherche de l’enfant parfait, par Emilie Guyonnet. Soit deux futurs parents susceptibles de transmettre à leur progéniture une prédisposition génétique à une maladie grave.
Pour ou contre l'anonymat des donneurs de sperme ? Depuis la création en 1973 du Cecos (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain), la loi française garantit aux donneurs un anonymat absolu.
Plus de 38 000 enfants sont nés sur le territoire français grâce à plus de 9 300 donneurs. Face aux évolutions législatives en matière de dons de gamètes dans tous les pays européens, Roselyne Bachelot a présenté en Conseil des ministres le projet de loi 2010 de bioéthique, le 20 octobre 2010, Le texte donne une possibilité d’accès à l’identité du donneur dans le but de permettre une meilleure prise en compte de l’intérêt de l’enfant et de responsabiliser le don, sans obliger le donneur à révéler son identité. Quand le polyamour peut conduire à faire des enfants à trois.
Au Royaume-Uni, le gouvernement s’apprête à lancer une consultation publique à propos de la « FIV trois parents », c’est-à-dire la fécondation in vitro impliquant les gamètes de trois personnes.
Cette technique consisterait à utiliser le matériel génétique de trois personnes, deux femmes et un homme, pour concevoir un enfant, afin d’éviter la transmission de maladies mitochondriales. Congeler ses ovocytes pour faire un bébé plus tard, une riche idée. Les gynécologues viennent de prendre une position osée.
Ils sont favorables à l’autoconservation des ovocytes pour toutes les femmes désirant préserver leur « capital fertilité ». Sans indication médicale. Le New York Magazine raconte l’histoire, tellement américaine, de Nette, et ce fol espoir d’arrêter le temps qui passe : « C’est vers 37 ans que l’angoisse la prend : avoir une famille, des enfants... Ça, c’était son plan quand elle avait 25 ans. Selon CNN, quelque 5 000 femmes ont eu recours à l’autodon d’ovocytes aux Etats-Unis, une technique récente mais qui n’est pas encore autorisée chez nous. « Pas de conservation de convenance » En France, comme souvent, ces sujets sont douloureux et alors que la technique est autorisée aux Etats-Unis, au Canada, en Italie, en Espagne, en Angleterre et en Belgique, nous commençons seulement à entrouvrir le débat.
PMA pour les lesbiennes : Hollande invite au bal des faux-culs. Pancarte brandie lors de la manifestation du 16 déc 2012 (Blandine Grosjean) Ce dimanche, le PS appelle officiellement à manifester pour défendre son projet de « mariage pour tous ».
Parmi les élus et les manifestants, beaucoup vont aussi défiler pour que la procréation médicalement assistée (PMA) soit ouverte aux couples de lesbiennes. Mais sur ce dossier, c’est au bal des faux-culs que le gouvernement et François Hollande invitent. Dans un article du Monde (payant) une simple analyse des calendriers annoncés montre que cette mesure risque de connaître le même sort celle du vote des étrangers aux élections locales. Le triangle des Bermudes. Aucune date fixée pour le débat Vendredi, François Hollande a rassuré l’Union nationale des associations familiales (Unaf) en leur annonçant qu’il souhaitait saisir le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur cette question. PMA : « Il y avait un pouvoir catholique très majoritaire au Comité d’éthique » François Hollande avait expliqué, le 25 janvier, qu’il le consulterait.
Finalement, le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé s’est auto-saisi. Faut-il l’ouvrir la procréation médicalement assistée aux couples de femmes homosexuelles ? Le CCNE s’est invité dans le débat. C’est Matignon qui l’a annoncé, dimanche 3 février, expliquant que, du coup, la PMA ne sera sans doute pas traitée dans la loi sur la famille annoncée pour mars. Le délai est trop court pour que le Comité d’éthique puisse ausculter la question.
La ministre Dominique Bertinotti, qui avait assuré que la PMA ferait partie de la loi sur la famille, tempérait ses propos sur France Inter lundi 4 février en répétant « chaque chose en son temps », sans donner plus de précisions : « On ne peut pas préjuger... Un comité... consultatif Comme son nom l’indique, le CCNE est consultatif.