Danny Boyle sur « Steve Jobs » : « Son seul dieu, c’était le business ! » Steve Jobs, le mentor de la marque Apple, avait déjà été l’objet d’un biopic mollasson en 2013, signé Joshua Michael Stern.
Changement de registre avec le film réalisé par Danny Boyle, une réussite majeure dans un genre trop souvent voué à l’académisme. Quand il apparaît sur scène, il captive les foules et n’a pas de concurrent sérieux dans l’art de la séduction. Dans les coulisses, c’est une autre histoire. L’homme tyrannise ses collaborateurs et manipule ses proches, par exemple son ancienne compagne et sa fille, dont il ne veut pas admettre qu’il est le père. Despote du numérique ? Ce « héros » qui enchante son public sur scène et agit comme une crapule dans les vestiaires n’est pas un « people » quelconque, mais Steve Jobs, le mentor de la marque « Apple ». Pour mener à bien son affaire, le cinéaste opte pour des partis pris radicaux et privilégie trois moments « clés » de la vie de Steve Jobs (Michael Fassebender, sidérant). Le cinéaste s’explique sur ce biopic singulier. Morozov : « Internet est la nouvelle frontière du néolibéralisme »
Evgeny Morozov s’est imposé en quelques années comme l’un des contempteurs les plus féroces de la Silicon Valley. A travers trois ouvrages – « The Net Delusion » (2011, non traduit en français), « Pour tout résoudre, cliquez ici » (2014, FYP éditions) et « Le Mirage numérique » (qui paraît ces jours-ci aux Prairies ordinaires) –, à travers une multitudes d’articles publiés dans la presse du monde entier et des interventions partout où on l’invite, il se fait le porteur d’une critique radicale envers la technologie en tant qu’elle sert la domination des Etats-Unis.
A 31 ans, originaire de Biélorussie, il apprend toutes les langues, donne l’impression d’avoir tout lu, ne se trouve pas beaucoup d’égal et maîtrise sa communication avec un mélange de charme et de froideur toujours désarmant. L’écouter est une expérience stimulante car il pense largement et brasse aussi bien des références historiques de la pensée (Marx, Simondon...) que l’actualité la plus récente et la plus locale.
Baromètre « Ville Numérique » présenté lors du salon Innovative City. L’antipolitique, péché originel de la Silicon Valley. Spécialiste de l'histoire intellectuelle des nouvelles technologies, Fred Turner déplore le mépris qu'affichent les géants du Web pour le politique.
Leurs valeurs inspirées de la contre-culture des années 1960 traduisent un froid conservatisme. Le Monde.fr | • Mis à jour le | Propos recueillis par Marc-Olivier Bherer Historien des idées, Fred Turner consacre ses recherches à l'impact des médias de masse et des nouvelles technologies depuis la fin de la seconde guerre mondiale aux Etats-Unis. A travers deux ouvrages largement remarqués, Aux sources de l'utopie numérique, (C/F éditions, 2012), puis The Democratic Surround, (University of Chicago Press, 2013, non traduit), il a mis au jour l'histoire intellectuelle du Web et des nouvelles technologies. Il y décrit les valeurs qui continuent d'accompagner le développement des nouvelles technologies et l'influence culturelle qu'elles ont acquise. Une filiation directe existe entre ces deux groupes.
Ces idées ont toujours cours. Non. Uber et Airbnb sont-ils de droite ou de gauche ? Economie du partage ou de la précarité ?
Aux Etats-Unis, le débat sur les valeurs d’Uber et Airbnb creuse les clivages entre démocrates et républicains. En France, la question commence tout juste à être abordée. Dans la guerre des taxis contre les VTC et autres UberPop, il n’est pas toujours si facile de savoir de quel côté se trouve le progrès. Le progrès technologique, l’innovation, sont clairement du côté de ces nouveaux entrants avec leurs applis tellement pratiques de mise en relation avec un chauffeur. Quant au progrès social, le débat fait rage : les uns, les plus libéraux, mettent en avant la création de nouveaux emplois, la souplesse des horaires, la paix royale de l’autoentrepreneur libéré des ordres du patron, le revenu de complément pour s’en sortir ; les autres dénoncent la précarité d’un statut de freelance sans protection sociale, sans retraite, le cumul de petits jobs et le risque de se faire virer à la moindre mauvaise note d’un passager mécontent.
Il a dit : Le problème de la gauche avec internet. David Golumbia (@dgolumbia), auteur de La logique culturelle de l'informatique, publie une intéressante tribune dans Jacobin, le magazine socialiste américain.
Comment expliquer, questionne-t-il, que si la révolution numérique produit de la démocratie, déstabilise les hiérarchies, décentralise ce qui était centralisé... bref, favorise les valeurs de gauche, celle-ci semble alors plus dispersée que jamais, et même en voie de disparition dans les démocraties les plus avancées ? Image : l'intérieur d'un ordinateur en 3D par Fidelis. Quelle est la nature libératoire de l'informatique ?