Europe: ce que pense la diplomatie américaine des dirigeants européens. 250 000 télégrammes diplomatiques américains. C'est le nombre de documents composant la correspondance échangée entre le département d'Etat à Washington et ses ambassades, et qui vient d'être dévoilée par le site Wikileaks. Ces télégrammes, pour l'essentiel émis entre 2004 et 2010, donnent une bonne perception de ce que pense la diplomatie américaine des dirigeants européens... Parfois de manière clairement négative. Après la diffusion d'une vague de documents militaires concernant la présence américaine en Afghanistan, c'est au tour de la diplomatie de Washington de voir ses documents secrets dévoilés par le site Wikileaks. Cette fois-ci, en plus du New York Times, du Monde, du Guardian, et du Spiegel, le journal espagnol El Païs s'est également penché sur ces documents pour en fournir une synthèse. En Europe, nos dirigeants sont des empereurs nus, des mâles dominants, des fêtards ...
Au sujet de la France, les premiers documents révélés ne sont pas dénués d'intérêt. 7WikiLeaks: entre mandat d'arrêt européen, cyber-attaques et nouvelles révélations. Alors que de nouvelles révélations se font jour après la publication par le site WikiLeaks de 250.000 télégrammes diplomatiques américains, le fondateur du site Julian Assange est poursuivi sur internet... mais aussi par Interpol après qu'a été formé contre lui un mandat d'arrêt européen par des juges suédois pour une sombre histoire de viol. Mardi 30 novembre 2010, un mandat d'arrêt international a été diffusé par Interpol contre de Julian Assange. Le fondateur du site WikiLeaks est accusé de viol et agression sexuelle pour des faits commis en août dernier en Suède. Son avocat, Bjorn Hurtig, a expliqué au journalistes qu'il ferait appel du mandat d'arrêt européen déclenché contre son client. Côté français, Michèle Alliot-Marie, le Ministre des Affaires étrangères et européennes, a estimé que "ce qui s’est passé est totalement irresponsable" mercredi 1er décembre sur Europe 1.
"C’est une atteinte à la souveraineté des Etats. WikiLeaks victime de cyber-attaque Les dernières révélations. L'Irlande n'est pas prioritaire pour les Etats-Unis... L'affaire des révélations des correspondances privées de la diplomatie américaine continue de faire du bruit. Cependant, dans les 250.000 télégrammes révélés par WikiLeaks, seuls 910 concernent l'Irlande.
Un seul parmi ceux envoyés de l'ambassade américaine à Dublin a mérité le plus haut niveau de classification, celui de "top secret". Et cela date de juin 2008, à l'occasion du premier référendum sur le traité de Lisbonne... Malheureusement, les câbles classés "top secret" ne sont pas inclus dans les données divulguées à WikiLeaks.
Ce que l'on sait en revanche, c'est qu'une vingtaine de câbles diplomatiques ont été envoyés le mois du référendum irlandais. Deux d'entre eux ont été envoyés le lendemain du premier vote sur le traité de Lisbonne. Parmi les autres documents révélés, 43 ont été classés comme seulement "secrets". 373 ont été classés "confidentiels" et 493 n'ont pas été classés. Luxembourg: ré-insérer les anciens prisonniers de Guantanamo. Peu de câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks concernent le Luxembourg. On aurait pu imaginer en France (après le scandale Clearstream) que les affaires financières auraient été au centre des attentions diplomatiques américaines. Non, le seul câble révélé par les journaux luxembourgeois pour le moment concerne... les détenus de Guantanamo, la fameuse prison américaine où sont incarcérés les détenus arrêtés en Afghanistan.
L'hebdomadaire allemand "der Spiegel" a compté 168 câbles diplomatiques concernant le Luxembourg. Cependant, le Ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, n'a pas été contacté par les services diplomatiques américains pour le prévenir de fuites à venir sur son pays. Celui qui a été révélé par le journal "Le Quotidien" rapporte l'entrevue de l'ancien détenu de Guantanamo Moazzam Begg avec Jean Asselborn. L'ambassadrice américaine révèle que "M. Begg nous facilite la tâche dans la mesure où il effectue notre travail. Chypre: quand les Grecs menaçaient de bloquer l'élargissement de 2004. Dans les différents câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks, certains concernent l'île de Chypre. La situation de l'île avant son adhésion à l'Union européenne a d'ailleurs été l'objet de plusieurs câbles américains.
Dans l'un deux, il nous est révélé que les Grecs ont fait largement pression pour que l'île coupée en deux soit quand même intégrée... sous menace de bloquer "l'adhésion de pays du nord" de l'Europe dans le cadre de l'élargissement de 2004. C'est par le biais de propos rapporté de l'ancien commissaire européen Chris Patten (aux relations extérieures à l'époque de la Commission Prodi) en avril 2004 que les journaux turcs montrent le rôle joué par la Grèce dans l'adhésion de Chypre, malgré sa division en deux. Today’s Zaman (voir le résumé par BeforeItsNews) révèle ainsi que dans un dîner avec des officiels américains, Chris Patten a clairement marqué sa désapprobation du rejet par la partie grecque de l'île du plan Annan pour la réunification le 24 avril 2010. Portugal: le ministre des Affaires étrangères et les vols de la CIA au dessus du territoire.
Un des télégrammes de l'ambassadeur des Etats-Unis à Lisbonne révélés par WikiLeaks met à mal le ministre des Affaires étrangères Luis Amado. Ce câble diplomatique démontrerait que les Américains ont demandé au Portugal en 2004 d'accepter des vols de la CIA avec à leurs bords des terroristes présumés dans l'espace aérien portugais.
Or, M. Machado avait toujours nié ces contacts et avait même proposé de démissionner en 2005 si des journalistes réussissaient à prouver le contraire... Voici ce que dit une partie de ce télégramme: "Malgré les réfutations du gouvernement, la saga continue en raison de la pression continue de l'opposition et du Parlement européen. Cette pression compliquera la demande des États-Unis de rapatrier les prisonniers de Guantanamo par le Portugal". Dans un rapport du Parlement européen, il apparait sue plus d'un millier de vols de la CIA ont utilisé l'espace aérien européen de 2001 à 2005. Belgique : "une place clé en Europe" en 2009 face au couple franco-allemand. Dans un des nombreux télégrammes diplomatiques américains révélés par WikiLeaks, 852 documents concernent la Belgique.
L'un d'entre eux est une note préparatoire envoyée par l'ambassade américaine à Bruxelles avant un voyage d'Hillary Clinton au Plat-pays. On y découvre que la Belgique est considérée comme une "place clé en Europe" en 2009, du fait de la nomination d'Herman Van Rompuy. Pour préparer la venue de la nouvelle Secrétaire d'Etat des Etats-Unis, Hillary Clinton, l'ambassadeur américain en poste à Bruxelles, Howard Gutman, tente d'expliquer les tenants et les aboutissants de la crise belge qui secouait (déjà) la Belgique à l'époque. On peut lire dans le document que "votre visite se passe alors que la Belgique va occuper une place clé en Europe puisque Herman Van Rompuy vient d’être désigné président du Conseil européen. Si le travail d'analyse est bon de la part de l'ambassadeur, il sentait aussi que la situation politique pouvait ne pas se régler avant longtemps.
Suède : quand la Russie était menacée d'exclusion du Conseil de l'Europe. Selon un télégramme diplomatique américain révélé par WikiLeaks, on apprend que la Suède a tenté de faire pression sur la Russie dans le cadre du conflit qui l'opposait à la Géorgie en août 2008. Soutenue dans sa démarche par les Etats-Unis, la Suède souhaitait influencer MM. Poutine et Medvedev par le biais du Conseil de l'Europe, dont elle avait la présidence à ce moment-là, pour mettre un terme au conflit entre Moscou et Tbilissi.
"La Suède, en tant que présidente du Conseil de l'Europe, va chercher le soutien d'autres membres du Conseil contre la Russie et tenter dans les prochains mois d'exclure la Russie par vote", indique une note de l'ambassade américaine à Stockholm. "Cela en est encore au stade initial, mais c'est l'objectif actuel du ministre des Affaires étrangères Carl Bildt" est-il expliqué. Les autres fuites L'une des affaires révélées par les quotidiens suédois concerne l'avion de chasse suédois, le Jas Gripen 39. Pays-Bas : des armes nucléaires américaines au pays des tulipes. Les télégrammes diplomatiques américains révélés par WikiLeaks et les polémiques qu'ils créent touchent aussi les Pays-Bas.
Certains câbles laissent à penser notamment que des armes nucléaires tactiques américaines sont présentes sur le sol néerlandais. Un autre câble diplomatique révèle que trois sites situés pourtant aux Pays-Bas sont considérés par les autorités américaines comme "d'intérêt national". Dans un télégramme, le Secrétaire d'État-adjoint américain aux Affaires européennes, Philip Gordon, confirme indirectement la présence d'armes nucléaires tactiques aux Pays-Bas.
Les différents gouvernements hollandais ont toujours refusé de confirmer ou de nier l'existence de ces armes. Il est généralement admis que les États-Unis dispose de 20 engins nucléaires à la base aérienne Volkel qui seraient déployés par les F-16 néerlandais en cas de guerre. Pologne: une confiance rompue avec les Américains. Les révélations de WikiLeaks sur le contenu de 250.000 télégrammes diplomatiques ont eu une conséquence diplomatique importante pour la Pologne: la "perte des illusions" sur les rapports entretenus avec les Américains.
Cette expression employée par le Premier ministre polonais, Donald Tusk, n'est cependant que le fruit d'un éloignement progressif du pays de Chopin avec Washington. Et dire que la Pologne était considérée par certains interlocuteurs d'Europe de l'Ouest, dont le Vatican, comme "le cheval de Troie" des Etats-Unis en Europe. La révélation des correspondances des diplomates américains au sujet de la Pologne a obligé Donald Tusk à tenir la déclaration suivante: "nous avons réellement un problème grave. Ce n'est pas un problème d'image comme dans le cas de certains Etats, ce n'est pas un problème de réputation comme c'est le cas des Etats-Unis. Deux évènements ont contribué à éloigner la Pologne des visées américaines.