1914-18 : Ce qu'on lisait dans les tranchées - 11 novembre 2013. L'automne 1914 fut moins littéraire que mortifère.
Avec une moyenne de 800 morts par jour pendant quatre ans et demi, il y aurait presque de l'indécence à se demander ce que lisaient les poilus. Un jeune historien s'y est risqué. Et son travail est passionnant. D'abord parce qu'il nous incite à voir cette guerre autrement. A travers les lectures des soldats français, on saisit l'évolution du conflit dans les mentalités. "On peine à concevoir que, dans ce contexte, la lecture ait pu trouver une quelconque place.
« Le Départ des poilus, août 1914 », d'Albert Herter. Ce tableau du peintre américain Albert Herter, suspendu dans la gare de l'Est, a connu de multiples accrochages et décrochages au gré des transformations de l'édifice.
LE MONDE | • Mis à jour le | Nicolas Offenstadt Le tableau du peintre américain Albert Herter (1871-1950), Le Départ des poilus, août 1914, doit à son emplacement d'être devenu un enjeu de mémoire. 2/6 : Massacre sur les tranchées. Le quotidien sur le front de l'ouest. Les Tranchées - Google-Images. Les Poilus, dossier. Pas de commémoration de toutes les guerres ensemble ! Verdun N'enterrons pas la page de nos Poilus.
Par Chantal Dupille Ils avaient 18 ou 20 ans, ils ont été fauchés avant même d'avoir vécu, aimé. Les plus chanceux sont revenus - mais dans quel état ? "Gueules cassées", esprits blessés... C'est l'horreur de la guerre ! Le dernier poilu, Lazare Ponticelli, a dit : "La Der des Der" ! Mais ce ne sera pas la Der des Der. Car les canons doivent être vendus. Alors, nos enfants seront la chair. Les Poilus - Google-Images. La Soupe. Un film amateur exceptionnel sur la vie des poilus est accessible en ligne. Le langage des « Poilus » Texte écrit par Maurice BARRES à l’occasion de la Journée des Poilus le 25 décembre 1915 Voila de ce fait le mot « poilu » installé sur tous nos murs, en grands caractères, presque officiellement.
J’ai dit, l’autre jour, que je trouvais quelque chose de déplaisant à cette consécration d’un mot qui ne me semble pas respecter assez ceux qu’il désigne. Poilu! Le vocable a quelque chose d’animal. C’est vrai que j’avais demandé: « A quand une journée du poilu? Le pittoresque est-il donc indispensable? Je vous assure qu’en avril, au poste de commandement d’où nous observions le déclanchement des braves gens qui partaient à l’assaut, blocs de boue transformés soudain en guerriers, il n’y avait pas d’autre mot pour venir sur nos lèvres, au commandant R… et à moi: Il faut une fête du poilu, Barres devrait s’y atteler. » J’écoute, mais je ne me rends pas.
Un aimable correspondant m’envoie un petit essai plein d’esprit sur le langage que ses amis et lui parlent au fond des tranchées. Lectures de poilus 1914-1918, livres et journaux dans les tranchées. Dans l’abondant déferlement de publications qui marque l’approche imminente du centenaire de la Grande Guerre, émergent quelques titres dont l’optique inédite reconfigure l’historiographie instituée.
Tel est le cas, pour ne citer que deux nouveautés récentes, de « Tous unis dans la tranchée ? « (Seuil), de Nicolas Mariot, ou de « Bêtes des tranchées« (CNRS éditions), dû à Éric Baratay. Le même mérite doit être reconnu à cet ouvrage passionnant de Benjamin Gilles, publié par les éditions Autrement, qui se démarque par l’originalité de son objet. Lui-même professionnel de la lecture publique (il est conservateur des bibliothèques), l’auteur révèle en effet l’appétit de lecture qui habita les combattants du front. Ce thème inattendu s’avère une contribution aussi féconde que captivante à l’étude de la culture de guerre développée à l’âge industriel. Au front, la principale activité du combattant est l’attente. Les moyens de mesurer la lecture des livres sont plus complexes à établir.
Valise pédagogique du Poilu. Bêtes et poilus. Cette guerre-là ne figure dans aucun manuel.
Ce fut celle de Pierrot, chien de mitrailleur, de Bella et Bertha, vaches des Scots Guards britanniques, de Néron, cheval de trait de l’artilleur Laerens, de Bel-Ami, le pigeon porteur de message, d’Oscar, le rat de tranchée. A toutes ces bestioles à poils et à plumes enrôlées dans la guerre 14-18, le musée royal de l’Armée belge consacre une exposition (1), fort justement intitulée «Chienne de guerre !» Et que l’on aurait tort de considérer comme un simple bestiaire anecdotique dédié au cheval ou au chien inconnu tombé au champ d’honneur. Car la description du genre animal embrigadé dans la boucherie de la Première Guerre mondiale est le cruel miroir de la guerre des poilus, tant bêtes et humains furent unis dans les tranchées.