Yann LeCun, l’intelligence en réseaux. « Yann est un dieu dans sa discipline », lancent en cœur deux jeunes disciples qui viennent d’être recrutés par le maître pour travailler chez Facebook, dans le premier centre de recherche d’Europe continentale de ce géant du Web.
Cette équipe spécialisée en intelligence artificielle compte déjà 45 membres, dont six à Paris depuis l’ouverture officielle de cette antenne le 2 juin. Comme tout dieu, l’idole a plusieurs noms, « Yawn Lee Koon », « Yen Leh Kahn », « Yan Lee Chun »… « Aux Etats-Unis, ils ont toujours eu du mal à écrire mon nom, Le Cun. J’ai fini par l’écrire en un seul mot », glisse en souriant ce chercheur de 55 ans, dont près de la moitié passée Outre-Atlantique. Il a rejoint Facebook fin 2013, tout en restant professeur à l’université de New York. « Un Prix Nobel de physique américain s’est même offusqué que je prononce mon nom en “in”, car il pensait que c’était impossible en breton !
La fin de l'innovation ? En 1992, peu de temps après la chute du mur de Berlin, le politologue américain Francis Fukuyama nous prédisait, tout simplement La Fin de l'histoire et le dernier homme.
Fascinés par leur victoire contre l'URSS, et sans doute appatés par les relents hégéliens de ce texte, les intellectuels du monde entier lui assuraient un succès inattendu. De manière étonnante, personne ne sembait s'inquiéter du recours à une expression, "le dernier homme", que Nietzsche avait pourtant adoptée pour nous dresser le portrait peu enthousismant du stade ultime du nihilisme... Trente ans plus tard, le jihad à toutes les sauces, la géopolitique de la Russie, la trajectoire de "pays émergents" qui sont devenus bien plus qu'émergents nous permettent de remettre ces analyses à leur juste place, et d'apprendre à nous méfier, comme avait su le faire Derrida dès 1993, des prétentions à fermer le rideau de l'histoire...
Bon. Dix principes pour penser dans un monde complexe. Penser dans un monde complexe… L’affaire n’est pas simple, et pourtant nécessaire pour tout décideur. En effet, la quatrième révolution industrielle apporte son lot d’incertitudes et de défis : économiquement, l’adoption rapide de nouvelles technologies (Internet sur mobile, intelligence artificielle, big data et cloud) conduit à repenser les modèles d’affaires et les formes de l’emploi ; socialement, l’évolution du travail et le développement rapide des réseaux sociaux d’information conduisent à repenser nos modèles politiques et sociaux ; écologiquement, l’urgence climatique implique une métamorphose des modes de production… Penser dans un tel contexte nécessite donc quelques changements indispensables. « Pour manager dans la complexité, il faut modifier nos schémas mentaux », expliquait par exemple Dominique Genelot, auteur du célèbre « Manager dans (et avec) la complexité ». 1.
Thomas Gomart (IFRI) : "L’Internet est devenu le système nerveux du système-monde" Représentation des 448 câbles sous-marins (totalisant 1,2 million de kilomètres) qui relient les continents.
Par ces câbles transitent plus de 95% des télécommunications et des données numériques. (Source : Thomas Gomart et Courrier International). "Cette carte montre le contraste entre l’omniprésence d’internet dans nos vies, et la fragilité de l’infrastructure qui sous-tend l’internet. Aujourd’hui, plus de 95% du trafic internet transite par environ 400 câbles sous-marins, posés au fond des océans, très faciles à rompre. Cette géographie des câbles est très révélatrice des pôles de puissance : importance du lien transatlantique, et du lien Etats-Unis-Asie, avec entrée par le Japon.
Le Monde. Le « numérique », une notion qui ne veut rien dire. Nous parlons de plus en plus de « numérique » en substantivant un adjectif qui – initialement – comporte une signification technique précise et qui devient désormais davantage un phénomène culturel qu’une notion liée à des outils technologiques particuliers.
Cette universalisation du numérique nous permet de comprendre des changements qui affectent l’ensemble de notre société et notre façon de penser, comme l’a bien expliqué notamment Milad Doueihi par son concept de « culture numérique ». Cet usage pose pourtant un problème majeur : nous avons de plus en plus tendance à penser « le numérique » comme un phénomène uniforme et homogène (sur ce sujet, il est intéressant de lire le débat entre Morozov et Johnson) alors que, de toute évidence, il ne l’est pas. « Le » numérique n’existe pas en tant que tel. Changement de discours. À propos. Comprendre Jamais l’espèce humaine n’avait connu autant de bouleversements en aussi peu de temps et dans autant de domaines à la fois.
Le monde dans lequel nous sommes nés a disparu, celui dans lequel nous allons vieillir n’existe pas encore, et celui dans lequel nous vivons est en métamorphose permanente. Une brève histoire de l'Europe numérique. On connaît les grandes lignes de l’histoire de la Silicon Valley.
Peut-on parler d’une histoire européenne du numérique ? Quelles en ont été les étapes ? Thomas Gomart (IFRI) : "L’Internet est devenu le système nerveux du système-monde" La « révolution numérique » : une révolution technicienne entre liberté et contrôle. 1Qualifier la « révolution numérique » de révolution technicienne, c’est signaler d’entrée de jeu l’inspiration ellulienne de mon propos.
Jacques Ellul, on le sait, a beaucoup écrit à la fois sur la technique et sur la révolution.