Boussole - livre de Mathias Enard. - Critique. L'épopée d'un musicologue à la poursuite de l'Orient et de son influence sur la création européenne.
De quoi perdre le nord avec délice. Titus n'aimait pas Bérénice, Nathalie Azoulai. Pour conjurer sa peine, une femme quittée plonge à coeur perdu dans l'oeuvre de Racine.
Une transposition ardente de la tragédie de Bérénice. Guérit-on jamais d'un chagrin d'amour ? Veut-on même jamais guérir d'un chagrin d'amour ? Mutilée par sa passion défaite, alors que l'amant infidèle est retourné au cocon familial, une jeune femme s'interroge, années, mois et semaines durant. Pour affronter sa souffrance, elle a choisi de la passer au scalpel des tragédies de Racine, celui qui, d'Andromaque (1667) à Phèdre (1677), sut traduire dans une langue pourtant minimaliste et pure comme l'acier les violences, outrances et tourments des mystiques de l'amour terrestre. L'Intérêt de l'enfant, Ian McEwan. Fermement circonscrite dans le temps – quelques mois – et mettant en scène un nombre limité de personnages, convoqués dans quelques décors récurrents, l'intrigue du nouveau, si bref, roman de Ian McEwan devrait être aisée à résumer.
Eva - livre de Simon Liberati. - Critique. Le romancier dévoile deux femmes en une : Eva la survivante, ex-enfant-objet exploitée par une mère photographe, et la muse, qui lui inspire un amour absolu.
Eva Ionesco est une survivante. Rescapée d'une enfance hautement malmenée. Rescapée d'une époque étincelante et toxique — disons, la décennie 1975-1985 — convaincue que « pour rester beau, il fallait mourir jeune et de préférence par overdose ». Une croyance vénéneuse et ardente en un « lien de la grâce et de la ruine » qui eut son lot de victimes sacrificielles, parmi lesquelles nombre de petites filles comme elle, Eva. De ces « petites fées parisiennes de jadis », de ces filles « de la nuit et des orphelinats » qu'il côtoya à l'orée des années 1980, quand il avait vingt ans et elles treize ou quinze, du côté des Bains-Douches et du Palace, Simon Liberati avait prononcé l'oraison funèbre, leur consacrant son premier ouvrage, Anthologie des apparitions (2004) (1) .
Ainsi Eva se dédouble-t-elle dans ces pages. En savoir plus sur le livre Soudain, seuls. Gilles Martin-Chauffier - "Soudains seuls" d'Isabelle Autissier: Robinsons crucifiés. Dans son nouveau roman, Isabelle Autissier met en scène un couple qui s’échoue sur une île déserte proche de l’Antarctique.
Délivrances, Toni Morrison. Un amour impossible - livre de Christine Angot. - Critique. La romancière rend vivante et lumineuse la relation mère-fille par son infini souci du mot juste.
Rentrée littéraire : Carole Martinez en équilibre. La terre qui penche / Le Monde. La Terre qui penche. D'après une histoire vraie - livre de Delphine de Vigan. - Critique. Intérieur nuit, Marisha Pessl. La fille d'un réalisateur de films d'horreur est retrouvée morte à New York.
Addictif et vertigineux, ce thriller brouille brillamment les cartes entre fiction et réalité. « Ne haïssez pas Marisha Pessl » — même si elle accumule avec indécence les qualités, jeune, intelligente, brillante, et on s'arrêtera là, mais la liste sûrement pourrait être plus longue... —, titrait avec humour un magazine américain lors de la parution aux Etats-Unis, en 2006, de son premier ouvrage, La Physique des catastrophes. La romancière prodige a pris son temps, sept années en tout, pour, après cet opus inaugural qui tenait tout à la fois du campus novel ciselé et du thriller érudit, en donner un deuxième qui soit à la hauteur des espérances suscitées par son coup d'essai.
Le voici, il est titré Intérieur nuit (Night Film, en anglais), et il ne déçoit pas l'attente. Nathalie Crom. Yasmina Khadra dans la peau de Kadhafi. Pour la rentrée littéraire, l'écrivain met en scène les dernières heures du dictateur libyen tué le 20 octobre 2011.
La Dernière Nuit du raïs ne sortira que le 24 août, mais la presse étrangère en parle déjà. Un roman de Yasmina Khadra est toujours un événement, mais le prochain le sera encore plus. LA DERNIÈRE NUIT DU RAÏS - Yasmina KHADRA. La Septième Fonction du langage, Laurent Binet. Roland Barthes serait mort assassiné... par une intelligentsia internationale convoitant un essai explosif de Jakobson en sa possession.
Un irrésistible thriller. On imagine sans peine le jubilatoire et iconoclaste plaisir qu'a dû éprouver Laurent Binet en concoctant son jeu de massacre. Tel Feydeau ses vaudevilles. A l'heure où l'on vient de cérémonieusement célébrer le 35e anniversaire de la mort de Roland Barthes — écrasé à Paris le 25 février 1980 par une camionnette —, n'ose-t-il pas, lui, le romancier mal élevé, suggérer un assassinat ! Juste avant l'oubli, de Alice Zeniter. Conversations d'un enfant du siècle. 2084. La Fin du monde, Boualem Sansal. L'écrivain algérien engagé se sert à nouveau de sa plume incisive comme d'une arme contre l'islamisme, en imaginant une théocratie infernale.
On le reconnaît de loin, avec sa queue-de-cheval et ses airs de vieux sage aux allures de jeune homme.