Pierre Rabhi : « L’école devrait reconnecter l’enfant à la nature » Agriculteur, écrivain et penseur, pionnier de l'agroécologie, Pierre Rabhi rêve d’une école en rupture avec le système libéral. Entretien. Pierre Rabhi à Monchamps Crédit photo (c) Patrick Lazic La France accueille la COP21. En espérez-vous quelque chose ? Je ne peux qu’être reconnaissant aux âmes sincères qui s’investissent pour tenter de donner la place que mérite cette problématique du réchauffement climatique dans le débat public. Vous appelez à une révolution du regard que l’humanité porte sur elle-même. Si l’être humain ne change pas lui-même, il ne pourra changer durablement le monde dont il est le responsable. Les bienfaits de l’environnement naturel pour les enfants. J’ai rencontré la semaine dernière le parent d’un élève qui était scolarisé dans une école Montessori en Australie et elle m’a parlé de nombreuses études qui étaient réalisées aujourd’hui sur les conséquences très importantes d’un environnement naturel pour les enfants.
Je l’ai toujours pensé et c’est la raison pour laquelle dans notre école, le Lycée International Montessori Athéna, les enfants sont très en contact avec la nature. Le jardin est très grand et minéralisé, il existe des espaces importants pour les cultures et pour nos poules, les enfants peuvent observer notre cerisier, les fleurs au fur et à mesure des saisons et notre établissement est situé tout près de la forêt, à 5 minutes à pied. Je considère également que les enfants apprennent beaucoup en étant en contact très régulièrement avec la nature. Les enfants ne montent plus aux arbres. Lors d’une promenade dans la campagne française, un ami me disait : « Autrefois, à la saison des cerises, nous étions tous dans les arbres à nous régaler.
Maintenant, les cerises restent sur les branches. Les enfants d’aujourd’hui ne grimpent plus aux arbres. Ils sont généralement devant leurs ordinateurs. » Plusieurs études ont montré que les enfants jouent dix fois moins ensemble, dans les lieux publics, la rue notamment, qu’il y a trente ans.(1) Le contact avec la nature se limite souvent à une image de fond d’écran d’ordinateur et les jeux sont de plus en plus solitaires, virtuellement violents, dénués de beauté, d’émerveillement, d’esprit de camaraderie et de satisfactions simples. Entre 1997 et 2003, le pourcentage des enfants de 9 à 12 ans qui passaient du temps dehors à jouer ensemble, à faire des randonnées ou du jardinage a chuté de moitié.(2) (1) Rivkin, M.
Les jardins pédagogiques à Paris. La fillette à l’arrosoir – Jean Renoir- 1876 – National Gallery of Art à Washington jardin des enfants – flickr – wallyg A Paris, les jardins à l’école fleurissent De plus en plus d’écoles font une place dans leur emploi du temps pour initier leurs jeunes élèves au jardinage et les sensibiliser à l’environnement.
À la Living School, l’éco-citoyenneté commence dès 3 ans. Ils ont déjà sauvé sept enfants de la faim pendant un an, planté 722 arbres au Sénégal, offert plusieurs nuits au chaud aux SDF de leur quartier, et pourtant, ils n’ont qu’entre 3 et 11 ans.
Les écoliers de la Living School, école maternelle et primaire hors contrat créée à Paris en 2007 par Caroline Sost, apprennent chaque jour à devenir des éco-citoyens. « A trois ans, on n’est pas nécessairement portés sur les enjeux de la planète, reconnaît la fondatrice de l’école, mais on a naturellement tendance à protéger ce qui est beau. » Joie de l’apprentissage. Enseigner et apprendre dehors. A l’heure où l’influence du cadre d’enseignement sur le processus d’apprentissage et les performances des apprenants ne semble plus faire aucun doute, et où certains espaces pédagogiques s’illustrent tant par leurs prouesses architecturales que par l’originalité des méthodes d’apprentissage qui y sont appliquées, parler de « dématérialisation » des salles de classe, pourrait sembler absurde.
Et pourtant, cela pourrait sembler meilleur à certains égards. Ne pensez-vous pas qu’un cours d’éducation à l’environnement par exemple, serait meilleur s’il était dispensé en pleine immersion dans le milieu étudié en question ? C’est du moins la logique qui semble développée dans le centième numéro de Symbioses, un magazine trimestriel belge consacré à l’éducation relative à l’environnement. Enseigner_dehors-affichage. Quoi de neuf en pédagogie ? Les fourmis ! Lorsque vous aurez lu cet article, vous pourrez utiliser le mot "myrmécologie" dans une phrase courante, vous n'imaginerez plus écraser une fourmi dans votre salle de classe, mais vous serez peut-être pris d'une envie folle de vous gratter !
Car en introduisant des fourmis dans son école, Ange Ansour a fait de ses élèves des apprentis scientifiques. Elle a ouvert sa classe de CM1-CM2 de l'école Paul-Vaillant Couturier à Bagneux vers l'extérieur. Les parents ont construit la fourmilière et l'ont rendue étanche. Le voisinage a montré une certaine curiosité, et la communauté scientifique s'est prise au jeu. Des fourmis qui font du "buzz", c'est incorrect d'un point de vue scientifique, et pourtant ! Pourquoi des fourmis ? Adopter une démarche scientifique La recherche, ce n'est pas juste reproduire des expériences dont les adultes connaissent déjà les résultats. Le mystère de la muraille L'affaire a fait grand bruit et a éveillé beaucoup de curiosités.