NATION ? État durgence et déchéance de nationalité. Chaque semaine dans « Nation ? (chronique) », Maryse Emel présente des essais ou des œuvres, des intellectuels ou des artistes qui nous permettent de repenser nos manières de vivre ensemble au XXIe siècle. Cette semaine, elle décrypte le discours de François Hollande sur l’état d’urgence et le vote de la déchéance de nationalité. État d’urgence Qui sont ces penseurs de l’état d’exception à l’origine de la décision de l’état d’urgence et de la déchéance de la nationalité, prise par François Hollande ? Il ne faut pas croire en effet à un choix arbitraire de la part de ce dernier, mais comprendre qu’il y a là un véritable choix politique et intellectuel au service d’une nouvelle conception de l’État et du droit, donc une modification en profondeur de la démocratie.
. « Aussi, décider de la situation d’exception, est-ce d’abord inventer la catégorie juridique qui s’appliquera spécifiquement à elle »: le Souverain assume chez le premier C. Le texte commence par « La France est en guerre ». Paul-Henri Thiry d'Holbach, Essai sur l'art de ramper à l'usage des courtisans, 1764, Librio, Philosophie, 2014, lu par Maryse Emel - oeil de minerve ISSN 2267-9243.
Paul-Henri Thiry d'Holbach, Essai sur l’art de ramper à l’usage des courtisans, 1764, Librio, Philosophie, 2014. Le Baron d’Holbach entreprend de faire le portrait des Courtisans et de leur enseigner l’art de ramper. Au renard de Machiavel il va substituer l’image du serpent, qui a pour caractéristique de glisser, et d’être de ce fait insaisissable. On pourrait croire qu’il renoue avec Les Caractères de La Bruyère, mais le propos ici est autre.
Il n’y a dans tout l’ouvrage, qui au demeurant est très court, aucune condamnation morale, juste de la curiosité : « L’homme de Cour est sans contredit la production la plus curieuse que montre l’espèce humaine. » Au début, c’est en scientifique, en se mettant à l’écart de tout moralisme, qu’il va présenter l’homme de Cour. Mais très vite il renonce. L’ouvrage est très court. 1-4 : Le texte se pose en rupture avec la tradition morale qui traite du Courtisan. 13 : Ce discours aboutit à ressaisir le Courtisan comme un homme humilié. Maryse Emel. Articles et recensions philosophiques de Maryse Emel parus dans la presse | Philosophie : Actualites intempestives. C’est à la façon des peintres de paysage que François Jullien nous présente son archipel, aux éditions MSH, collection « L’Archipel des idées », une nouvelle collection nous invitant à découvrir une pensée, un monde, un auteur.
La « radicalisation » est un processus de compensation sociale et affective qui ne se confond pas nécessairement avec le terrorisme. Pour Farhad Khosrokhavar, auteur de l’essai Radicalisation, récemment publié aux éditions MSH (collection Interventions), il s’agirait d’une « perception » de la violence et de son interprétation selon des axes idéologiques. Et, dans cette perspective, le jihadisme pourrait être interprété comme l’héritier des mouvements anarchistes et d’extrême-gauche des XIXe et XXe siècles. Antonin Wiser : Vers une langue sans terre. Le danger est la lutte pour la domination idéologique des discours, qui se traduit par l’uniformisation, l’équivalence, et le règne des principes d’identité et de non-contradiction au sein du discours. Lire la suite… Claude Obadia, Kant Prophète? Éléments pour une europhilosophie, Ovadia, lu par Maryse Emel - oeil de minerve ISSN 2267-9243. Claude Obadia, Kant Prophète?
Éléments pour une europhilosophie, Ovadia, 2013, 172 pages. Claude Obadia, dans son récent essai (préfacé par Alexis Philonenko) Kant Prophète ? Éléments pour une europhilosophie, propose une lecture des trois Critiques de Kant, qui ne saurait être achevée, comme il l’écrira en conclusion. Il y associe les Opuscules sur l’histoire, que bien souvent on considère comme mineurs. Le projet consiste aussi à montrer que les trois Critiques ne sont pas séparables de l’histoire. Nulle abstraction formelle chez Kant, il pense réellement le « aujourd’hui » comme le montre la note en bas de page de la Préface à la première édition de la Critique de la raison pure : « Notre siècle est particulièrement le siècle de la critique auquel il faut que tout se soumette … ».
Kant prophète ? Kant prophète? Kant est un philosophe allemand. Dans cette première partie est posée la question du sens de l’universalité de la métaphysique. Kant n’est pas révolutionnaire. Maryse Emel. Sandra Aube, Thierry Kouamé, Éric Vallet, Lumières de la sagesse, Écoles médiévales d'Orient et d'Occident, lu par Maryse Emel - oeil de minerve ISSN 2267-9243.
C’est, entre autre à retracer le voyage dans le temps et l’espace, des savants, des manuscrits et des livres, de la figure du Maître, de la Grèce à l’Occident en passant par l’Orient que nous convie ce catalogue : « Lumières de la sagesse. Ecoles Médiévales d’Orient et d’Occident ». C’est à une véritable révolution intellectuelle, accompagnée d’une mutation sociologique, que nous assistons, légitimant encore plus les analyses de Jacques Le Goff affirmant que ceux que l’on désigne par le terme d’intellectuels en Occident, prennent conscience de leur originalité au sein de la société féodale. Ils vont, en effet, tenter de cohérer les savoirs grâce à la circulation des hommes, des héritages de la Grèce antique, le marché du livre et l’apparition des bibliothèques. Le Maître va devenir très vite une autorité à part entière dans la société, ainsi qu’une figure mémorielle et monumentale dont la sculpture des tympans de cathédrale ou les stèles funéraires portent la trace.
Maryse Emel. Jean Salem, "Élections, piège à cons ?", Flammarion, 2012. Lu par Maryse Émel - oeil de minerve ISSN 2267-9243. Pour un droit à l’écœurement… C’est ce qu’écrit Jean Salem dans un pamphlet au ton vivifiant et sans compromis, "Élections, Piège à cons ? ", paru en 2012. En continuité de son travail philosophique, ce dernier a écrit ce texte polémique, à destination du grand public, afin de souligner les limites du droit de vote universel. Certes le ton est plus proche du discours idéologique, que du discours rationnel de la philosophie, mais il a pour ambition de donner à réfléchir au plus grand nombre. D’une certaine façon ce texte fait la démonstration qu’on ne s’adresse au nombre que par voie idéologique. C’est ce que fait ici Jean Salem. Il récupère l’outil idéologique pour servir les analyses philosophiques auxquelles il adhère.
C’est donc à retourner l’idéologie dominante en son contraire, que se prête l’auteur. Le livre de Jean Salem, dès l’introduction, justifie sa démarche. Le bilan est clair. . « Votez pour moi ! D’autre part, en matière de vérité, la majorité n’a pas nécessairement raison. Barbara Cassin, L'archipel des idées, Revues / Collections : L'archipel des idées Editions de la Maison des sciences de l'homme lu par Maryse Emel - oeil de minerve ISSN 2267-9243. L’Archipel des idées…la nouvelle collection de la Maison des sciences de l’Homme, présente l’Archipel des idées de Barbara Cassin. « La démystification de la donation ontologique produit un décloisonnement des genres du logos » [i] « « Tout coule » dans le monde des enrhumés comme dans celui des parlants » [ii] Un vrai pari que de présenter cet ouvrage.
Un archipel a de multiples entrées. J’en choisirai une : la figure d’Hélène de Troie. A lire Barbara Cassin, il est clair que l’héritage des sophistes, c’est la performance créatrice des mots, qu’elle ne cesse de mettre en œuvre dans ce livre. . « Mais quand on me dira : « tu parles en tant que philosophe », je répondrai : « non, je parle en tant que femme ». [….] L’archipel de B.Cassin est un archipel de mots qui donnent existence et consistance aux objets. Son archipel : L’archipel, au sens premier c’est la Mer Egée. . « l’homme rate et jouit en philosophe, la femme rate et jouit en sophiste ». Sagesse des contes soufis, par Oscar Brenifier et Isabelle Millon, Editions Eyrolles, 2013, lu par Maryse Emel - oeil de minerve ISSN 2267-9243. Philosopher pour les deux auteurs, c’est se dispenser de la connaissance et de tout rapport à l’exercice quotidien de la philosophie. La dernière fable permet de ressaisir le sens de cette proposition, et d’en mesurer les enjeux.
Un roi qui a des idées généreuses s’en voit victime et finit par y renoncer. Ce sont des expériences personnelles et non la réflexion qui le conduisent à rejeter ses a aprioris favorables au peuple. En effet il souhaite donner au peuple une instruction. Le soufi va l’amener à comprendre qu’il vaut mieux renoncer aux grands idéaux et en rester à la tradition. Entreprendre un travail sur les contes soufis suppose un minimum de présentation du soufisme, cette branche de l’Islam, refusant légalisme et lettrisme, lui préférant un certain mysticisme. Pourtant ramener le soufisme à la philosophie ne va pas de soi. La dernière phrase renvoie au texte introductif de la Sagesse des Contes Soufis, « le pari de l’ouvrage ». L’enfant trouve aussi du plaisir à jouer. Antonin Wiser : Vers une langue sans terre. Adorno et l’utopie de la littérature. Editions MSH, collection Philia, 2014 lu par Maryse Emel - oeil de minerve ISSN 2267-9243.
« Il faut être absolument moderne » Rimbaud « L’utopie habite le regard qui, au sein du monde, distingue les fissures dans les choses – ce regard, capable au plus haut point de différenciation, qu’Adorno nommera expérience. » p.32 Si ce texte est en dialogue avec Marx du fait d’un ensemble de désaccords théoriques, esthétiques et politiques, sur le rejet par ce dernier de l’utopie, il rejette en revanche complètement la position de Heidegger en montrant le contresens de ce dernier à propos d’Hölderlin et de la poésie. De la même façon que cette recherche sur l’utopie ne peut que se démarquer de la rationalité d’Habermas.
Le « moderne » auquel en appelle Adorno, se rapprocherait plutôt de ce qu’Agamben nomme « contemporain » . · Du rejet au retour de l’utopie… Marx et Engels rejetèrent le mot d’Utopie pour cause de son peu de scientificité, sa non conceptualité, et un rapport à l’imagination opposé au matérialisme de la doctrine. Refus d’un temps continuiste. Quel est ce langage ? Radicalisation, par Farhad Khosrokhavar, Éditions MSH, collection Interventions, 2014 lu par Maryse Emel - oeil de minerve ISSN 2267-9243. La « radicalisation » est un processus de compensation sociale et affective qui ne se confond pas nécessairement avec le terrorisme. Pour Farhad Khosrokhavar, auteur de l’essai Radicalisation, récemment publié aux éditions MSH (collection Interventions), il s’agirait d’une « perception » de la violence et de son interprétation selon des axes idéologiques.
Et, dans cette perspective, le jihadisme pourrait être interprété comme l’héritier des mouvements anarchistes et d’extrême-gauche des XIXe et XXe siècles. Définir la radicalisation Farhad Khosrokhavar introduit sa réflexion par la recherche d’une définition acceptable et rigoureuse du terme qui constitue le titre de son livre. . « Par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel ». Qui sont les humiliés ?
Des théoriciens. La philosophie islamique ou la généalogie de la raison. Une affirmation inaugure le livre d’U. Rudolph, La philosophie islamique. Le titre de l’ouvrage est posé, et l’association du religieux à la philosophie semble aller de soi. La possibilité d’une autonomie du philosophique dans les pays arabes et perses n’est pas questionnée, ou du moins pas avant le XXe siècle, comme le soulignent les dernières pages du livre . L’auteur présente progressivement, dans une galerie de portraits, ceux qu’il nomme sans hésiter des « philosophes musulmans » soulignant ainsi une rencontre entre la raison et la foi et l’absence de doute quant à la dimension philosophique de leurs travaux. Optimisme de la pensée qui tient ensemble ce que l’obscurantisme sépare, ou oubli d’une tradition qui les sépare, considérant la nécessité d’une distinction, inaugurée par Al-Razi au IXe-Xe siècle, mais dont le portrait qu’en dresse U.
Rudolph montre finalement qu’il se sépare peu du questionnement religieux . À moins que ce livre ne se lise autrement. Pour aller plus loin. Regards sur la Nation. Loin de moi l’idée de vouloir résoudre en un simple article la question de la nation. Cela serait bien présomptueux. Cependant le problème qu’elle soulève éclaire d’un nouveau jour, sous forme de « constellation » pour citer Walter Benjamin, des difficultés actuelles dont le présent travail cherche à rendre compte. Elle est inséparable d’autres interrogations comme celles de la laïcité et de l’identité, du repli sur soi, des tragédies de la migration et des arrière-goûts du colonialisme.
Je m’attacherai dans cette introduction, après la mise en place de quelques réflexions sur le sens de ce mot, à en dégager les présupposés que la philosophie a admis comme allant de soi, alors que nous sommes redevables d’une conception de la nation qui date du XIXe siècle, et plus profondément du XVIIIe siècle. C’est au nom de la raison et du progrès de la raison et de l’histoire que les « Lumières » ont défendu cette idée. Mon parti-pris sera d’interroger la critique d’Adorno. Nation et patrie. Volonté de vérité. Le parti pris d’Ali Benmakhlouf est de laisser parler les philosophes arabes, d’éviter ainsi les propos généraux, et de montrer ce qu’ils ont laissé comme héritage à la philosophie. Ce ne sont pas que des héritiers. La question n’est pas tant de lister ce qu’ils ont traduit, que de comprendre que leurs commentaires de l’héritage grec, sera leur véritable testament. Peu importe s’ils ont bien ou mal traduit les philosophes grecs : ce qui importe c’est la pensée que ces rencontres avec la Grèce ont fait surgir.
On peut se tromper, ce qui gêne c’est de s’entêter dans ses erreurs. Des préjugés qui occultent de nombreux travaux sur la logique Si la philosophie arabe se heurte à une succession de préjugés, la source en est pour une grande part, Ernest Renan. Son positivisme a créé des contresens lourds de conséquences, minorant les apports des philosophes arabes au questionnement philosophique. Le contresens de la double vérité… Les contresens sont parfois porteurs de sens nouveau. La Charia ? L’exil de Barbara Cassin. « Depuis leur tout jeune âge, exercés à amasser, à acquérir, ils ne peuvent voir un objet sans le planter immédiatement chez eux, et cela se fait machinalement » Henri Michaux, Mes propriétés, 1929.
L’arbre s’il le pouvait, aimerait ne pas avoir de racines. « Une patrie comme une langue, ça n’appartient pas » . Voilà la thèse de Barbara Cassin, ce refus de l’appropriation, de la propriété, du propre pas très éloigné de l’amour-propre, refus de construire une identité à partir du sol qui immobilise, semblable en cela à l’amour, refus de définir l’exil par l’abandon d’un pays, d’une culture, d’un système politique. En rester à cette conception du propre à soi, c’est s’opposer à l’étranger, le « barbare », du fait de la « fixion » (terme qu’elle reprend à Lacan), fiction – fixation. La nostalgie, mot suisse, relevant du lexique médical, est le résultat d’un enracinement et du déracinement. C’est à partir de son vécu intime, que commence sa réflexion sur la Nostalgie.
Le tremblement du monde. Bégayer pour inventer. « C’est dans le ciel et grâce aux étoiles que les nomades trouvent leur chemin. » Séloua Luste Boulbina ne manie pas la langue comme une académicienne. Elle n’expose pas de grands principes, même si elle invente des concepts. L’invention n’a rien de mécanique. Elle compose plutôt telle une musicienne avec le rythme de sa pensée, fluide, circulant entre les discours pontifiants qu’elle ne supporte pas. Il s’agit pour elle de décoloniser les discours sur l’Afrique, car la colonisation résiste, surtout chez les chercheurs pris souvent au piège de la logique aristotélicienne. Schönberg bouleversa la composition musicale.
La langue est colonisée, elle aussi, et notre réflexe de lecteur est de ne pas le voir tout de suite. Une pensée du sujet Comment parler de la colonisation et surtout de la décolonisation, sans négliger le sujet, tenir compte de son histoire, sa singularité et de son expérience ? La peau ou la privation d’organisme Frantz Fanon est né martiniquais et est mort à Washington. Le non-lieu des exilés. Les Roms ou la cristallisation de toutes les peurs. Les sujets de la nation. Epépé ou la perte de soi. Quand l’écriture rencontre l’exil. DOSSIER La Nation dans tous ses États.
L’extrême-droite, Martel en tête. RENCONTRE Avec Jean Baubérot, Céline Béraud et Philippe Portier. ENTRETIEN - Subvertissons la pensée ! - avec Ghaleb Bencheikh. Quand lécriture rencontre lexil. Résister est un droit souverain. Quand le désir devient écho de soi. La laïcité : un obstacle au jugement et à la nation. Petit précis de vocabulaire. DOSSIER En finir avec les préjugés sur lislam. Repenser la stratégie contre le Califat. ANALYSE Lathée nous interroge. ROMAN « Musulman » de Zahia Rahmani.
REVUE Humoresque : Le rire du pauvre. NATION ? La démocratie en chantier, avec L. Hansen-Løve et C. Tomei. NATION ? Contre un certain féminisme, avec Peggy Sastre. NATION ? Contre un certain féminisme, avec Peggy Sastre. NATION ? « Ils ont choisi de tuer », avec Nathalie Paton. NATION ? La danse, seuils et passages : Véronique Frélaut chorégraphe. NATION ? La violence au coeur du dépérissement de la nation. NATION ? Faire du théâtre populaire ?, avec M.-J. Malis. NATION ? Salafistes, de F. Margolin et L. Ould Salem. Schopenhauer, L’Art d’avoir toujours raison, Mille et une nuits, 2003, lu par Maryse Emel - oeil de minerve ISSN 2267-9243.