Croissance, un culte en voie de disparition, par Jean Gadrey (Le Monde diplomatique, novembre 2015) Il existe de multiples explications à la « baisse tendancielle du taux de croissance (1) » observée depuis plusieurs décennies dans les pays riches, et plus récemment dans les pays émergents. Même des économistes médiatiques commencent timidement à envisager l’hypothèse d’un monde sans croissance, du moins dans les pays dits avancés. C’est le cas, aux Etats-Unis, de Paul Krugman et de Larry Summers, pour qui « une stagnation séculaire est plausible (2) ». En France, Thomas Piketty nous met lui aussi en garde : « Est-il bien raisonnable de miser sur le retour de la croissance pour régler tous nos problèmes ? Cela ne résoudra pas l’essentiel des défis auxquels les pays riches doivent faire face (3). » A son tour, Daniel Cohen nous exhorte : « Affranchissons-nous de notre dépendance à la croissance (4). » Comment prétendre être exemplaire sur le climat en liant tout à la croissance ?
Une « croissance verte » compatible avec la finitude des ressources est un mythe. Lettre à une croissance que nous n’attendons plus. LE MONDE ECONOMIE | • Mis à jour le | Par Manon Dervin (Etudiante à Science Po Rennes) Ô très chère Croissance. Ma bien-aimée. Ton retour s’est fait attendre. Ton dogme fondé sur la valeur centrale du « travail » conditionne encore aujourd’hui toute la vitalité du système économique. Mais aujourd’hui je ne t’attends plus, Croissance. Dette, obsolescence programmée et publicité En réalité, tu es un indice mathématique. En réalité, tu es tout un imaginaire. « La croissance n’est pas la solution, c’est le problème » Jean Gadrey est économiste et membre en 2008-2009 de la « Commission Stiglitz ». On nous dit que, sans croissance, c’est la régression sociale, on ne peut pas réduire les dettes, ni le chômage, ni la pauvreté, et l’on n’aura pas les moyens d’engager la transition écologique.
Pourtant, je propose de dire « Adieu à la croissance », qui est le titre de mon livre (voir les bonnes feuilles sur le site d’Alternatives économiques). Il serait temps que les économistes, s’ils veulent être « responsables », prennent en compte les risques écologiques et qu’ils se posent les questions suivantes : et si ce culte de la croissance relevait d’un aveuglement des élites économiques et politiques ? Et si la quête de la croissance, fondée sur des gains de productivité sans fin, était l’un des facteurs de crises, voire la plus grave des menaces à terme pour l’humanité ?
Ces hypothèses sont de plus en plus crédibles. Les causes du plongeon Bien des raisons expliquent cette baisse spectaculaire. Pourquoi la croissance dans la Zone Euro n'est pas prête de revenir. La zone euro est devenue un trou noir économique incapable de retrouver son niveau d’avant crise. Certains journalistes et autres commentateurs autorisés plus ou moins avertis, ainsi que les ravis du monde économique, annoncent régulièrement que la sortie de crise est au coin de la rue (comme le président américain Hoover dans les années 30 ) à la moindre lueur fugace.
C’est ne rien comprendre aux mécanismes économiques. En effet, la zone euro s’embourbe dans la désinflation et peut-être même la déflation (ce qui est déjà le cas en Italie). La baisse de l’inflation peut avoir des effets bénéfiques à courts termes: les salaires nominaux (ceux inscrits sur les bulletins de paie) étant rigides (puisque négociés annuellement…), ils diminuent peu. L’inflation, elle, baisse, et pouvoir d’achat stagne alors qu’il baissait jusqu’à présent, voire augmente temporairement. Cependant, à long terme, les effets d’une inflation durablement faible ou négative sont délétères. L’Alter Economiste. La croissance ne résoudra pas le problème du chômage ni de la pauvreté › Le blog de Marie-Monique Robin. Ce film d’animation porte un regard pessimiste mais très réaliste sur l’avenir de notre planète. Ce petit film d’animation très percutant et très bien réalisé nous fait nous interroger sur notre mode d’exploitation des énergies fossiles, des ressources naturelles ainsi que de ses conséquences sur notre planète.
Cette vidéo qui ne vous laissera pas insensible dresse un bilan assez pessimiste de notre écosystème ! « Sans Lendemain » est le film d’animation que nous vous proposons de découvrir aujourd’hui. Réalisé par Dermot O’ Connor et produit par Incubate Pictures, il aborde de façon très intelligible toute une série de problématiques liées à la croissance de notre système économique. Le réalisateur américain Dermot O’ Connor analyse de façon très pointue notre façon de consommer et synthétise les données sur les conséquences énergétiques. Ce film d’animation nous a vraiment impressionnés ! Nous étions loin d’imaginer que les conséquences étaient si importantes et il est urgent de réagir.
Face à un tel constat, on se sent concerné et on aimerait que les choses changent. Stiglitz : « Aucune économie n'est jamais revenue à la prospérité avec des mesures d'austérité » LA TRIBUNE - Comment définiriez-vous l'économie positive et en quoi est-elle nécessaire en ces temps de crise ? JOSEPH STIGLITZ - L'économie positive milite pour un changement de la structure de notre économie vers une vision à plus long terme, génératrice d'une croissance plus pérenne, ce qui est indispensable. Notre société est pour l'instant trop concentrée sur le court terme, cette conception du système a d'ailleurs provoqué la crise financière.
Nous n'avons donc pas tiré les leçons de la crise... Nous avons créé cette terrible récession nous-mêmes, ce n'était pas un tsunami accidentel... et la menace demeure. Les maux de notre économie n'ont pas été résolus pour une raison simple : nous avons demandé aux gens qui ont créé la crise de la résoudre. Les problèmes n'ont pas été diagnostiqués. Aux États-Unis, par exemple, la loi Dodd Frank censée réguler la finance a atteint à peine 40 % de ses objectifs initiaux.
Vous semblez très pessimiste. Nous ne sommes donc pas sortis de la crise ? Jean Gadrey : « S’affranchir du mythe de la croissance et reprendre la main. Les politiques actuelles ne marchent plus. Il faut en finir avec cette idée que sans croissance rien n’est possible, affirme l’économiste Jean Gadrey, membre du comité de soutien du parti Nouvelle Donne. Nul besoin d’attendre une hypothétique croissance pour partager le travail, réduire la pauvreté et la précarité, ou taxer les transactions financières.
Il est temps d’en finir avec cette idée du candidat François Hollande en 2012, reprise sans cesse par le Président, selon laquelle « sans croissance, il n’y a pas de redressement économique, pas de création d’emploi » et même pas de progrès social possible. Cette idée nous condamne à l’impuissance politique. D’innombrables travaux montrent que, dans le groupe des pays les plus « riches » au sens usuel, les indicateurs de développement humain, de bien vivre, de santé et d’éducation, de délits et violences… n’ont plus aucun rapport avec le niveau du PIB par habitant.
Jean Gadrey, économiste et membre du comité de soutien de Nouvelle Donne.