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Genre

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Masculin/Féminin: Le genre. Etat des lieux - Martine Fournier. D'un sexe à l'autre. Selon la légende, Hermaphrodite, fils d'Hermès, messager des dieux et des âmes, et d'Aphrodite, déesse de l'amour et de la beauté, s'approcha, à l'âge de 15 ans, d'un étang aux eaux limpides, où habitait une jeune nymphe solitaire, Salmacis.

D'un sexe à l'autre

Quand elle aperçut le jeune garçon, elle s'offrit à lui. Mais, ignorant tout de l'amour, il la repoussa. La nymphe fit semblant de s'effacer et disparut dans les fourrés. Désir homosexuel et culture gay. Recensé : David Halperin, How to be gay, Cambridge, Massachussetts, Harvard University Press, 2012, 560 p., 21€.

Désir homosexuel et culture gay

Le champ de recherche sur la sexualité, dont les études sur les homosexuels font partie, en sociologie, en anthropologie, en histoire, en sciences politiques, ou encore dans les domaines interdisciplinaires comme les « cultural studies », est animé par une diversité importante de problématiques. Elles sont toutes cependant traversées par l’idée d’une construction sociale du désir : le partage entre hétérosexualité et homosexualité est historiquement récent.

Juger l’homosexualité, attribuer l’asile. « Franchement, il n’avait pas du tout l’air homo », commente un rapporteur de la Cour nationale du droit d’asile, debout devant la machine à café lors d’une pause entre deux audiences.

Juger l’homosexualité, attribuer l’asile

Quelques minutes auparavant, il écoutait un jeune homme d’origine pakistanaise – dont il avait examiné le dossier au préalable – qui sollicitait le statut de réfugié au motif de sa persécution, en tant qu’homosexuel, dans son pays d’origine. Assisté d’un interprète et conseillé par une avocate, ce demandeur d’asile avait d’abord entendu le rapporteur proposer le rejet de sa requête avant de répondre aux questions des trois juges de la formation de jugement. Visiblement, il n’avait pas réussi à emporter leur intime conviction, ils le suspectaient – un des juges me le confirmera par la suite – de ne pas être un « vrai » homosexuel. Image : Slap Upside the Head. Genre : état des lieux.

La Vie des idées : « Gender studies », « théorie du genre », « théorie du gender », « théorie du genre sexuel » : les associations catholiques et les députés accablent ces théories de tous les maux, sans jamais les définir.

Genre : état des lieux

Peut-on définir les gender studies, ou études de genre ? Laure Bereni : L’expression « études sur le genre » (on parle aussi, indifféremment, d’« études genre » ou d’« études de genre ») s’est diffusée au cours des dernières années en France pour désigner un champ de recherche qui s’est autonomisé dans le monde académique depuis une quarantaine d’années, et qui prend pour objet les rapports sociaux entre les sexes. Les effets des féminismes. Recensé : Delphine Gardey (dir.), Le féminisme change-t-il nos vies ?

Les effets des féminismes

, Paris, Textuel, sept. 2011. 142 p., 10, 10 €. Le féminisme change-t-il nos vies ? Rassemble les contributions d’enseignant-e-s chercheur-e-s en sciences sociales de l’équipe des Études de genre de l’université de Genève et présente de manière synthétique, autour de chapitres thématiques, les changements imputables au féminisme, ou aux féminismes, entendus ici comme mouvements collectifs et comme pensées critiques. Femmes en résistances. Recensé : Danièle Kergoat, Se battre, disent-elles..., Paris, La Dispute, 2012, 355 p., 22 €.

Femmes en résistances

Le titre de l’ouvrage résume à lui seul l’ambition de Danièle Kergoat qui écrit en première page d’introduction : « la révolte contre les rapports de classe, de sexe et de race [1] a structuré ma vie et orienté mes recherches » (p. 9). Pour Kergoat, qui dit révolte, dit « nécessité de comprendre les ressorts et les mécanismes des systèmes de domination » (ibid.), socle d’un vaste programme de recherche dont le livre retrace les lignes de force. Répertoriés en trois parties, « penser les dominations », « penser le travail » et « penser l’émancipation », les textes réunis livrent les outils théoriques développés par l’auteure et les résultats de ses enquêtes de terrain, mais esquissent également les contours d’une pratique sociale de recherche.

Une sociologie incarnée et historicisée. Contraception et avortement : enjeux de luttes féministes. Recensé : Bibia Pavard, Si je veux, quand je veux.

Contraception et avortement : enjeux de luttes féministes

Contraception et avortement dans la société française (1956-1979), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012, 358 p., 19€ Parmi les nombreux ouvrages parus à l’occasion du quarantenaire de la loi de 1975 légalisant l’avortement en France, dite « loi Veil », et des 60 ans du Mouvement Français pour le Planning Familial, le livre de Bibia Pavard se distingue.

En menant une analyse des usages et effets du genre dans les luttes politiques et sociales, l’auteure renouvelle l’interprétation de la légalisation de la contraception et de l’avortement, et approfondit la connaissance des changements culturels et sociaux qu’elle implique. La légalisation de la contraception : une question de bien commun La liberté de l’avortement : une lutte féministe. Lectures et usages féministes de l’islam. Le droit au pantalon. En hommage à la citoyenne Marie-Rose Astié de Valsayre, la première à avoir demandé l’abrogation de l’ordonnance de 1800, dans une lettre adressée aux députés en 1887.

Le droit au pantalon

Elle n’en finit pas de mourir, cette ordonnance de 1800 qui interdit aux femmes de s’habiller en homme – les obligeant donc à s’habiller en femmes. La voilà à nouveau dans l’actualité. Le 31 janvier 2013, le ministère des Droits des femmes a fait savoir que l’ordonnance est « implicitement abrogée ». Est-ce la fin d’un marronnier ? Ce n’est pas sûr. Demandes d’abrogation en cascade L’ordonnance en question est celle du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800), qui dispose que « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la préfecture de police pour en obtenir l’autorisation et que celle-ci ne peut être donnée qu’au vu d’un certificat d’un officier de santé ».

La violence a-t-elle un sexe. Recensé : Coline Cardi et Geneviève Pruvost (dir.), 2012, Penser la violence des femmes, La Découverte.

La violence a-t-elle un sexe

Préface d’Arlette Farge. 440 p., 32 €. La violence des femmes a longtemps été un point aveugle des recherches de sciences sociales sur les violences, à quelques rares exceptions près. Le genre, le politique et les savants. Recensé : Catherine Achin et Laure Bereni (dir.), Dictionnaire genre & science politique.

Le genre, le politique et les savants

Concepts, objets, problèmes, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2013. La concordance est frappante : c’est à l’heure où, plus que jamais, le concept de genre est porté au cœur de l’arène politique que paraît, sous la direction de Catherine Achin et Laure Bereni, cet important dictionnaire collectif qui synthétise les apports de sa rencontre avec la science politique, et marque une étape importante dans le développement des études de genre au sein des sciences sociales en France [1].

Or concordance n’est pas coïncidence : c’est qu’ici comme toujours e les déplacements internes au champ scientifique apparaissent tributaires des mouvements politiques. Mais le grand intérêt de ce Dictionnaire genre et science politique tient précisément à la mise en lumière des conséquences et de la portée scientifiques d’une telle politisation. Les vrais hommes et les autres. Recensé : Raewyn Connell, Masculinités.

Enjeux sociaux de l’hégémonie. Le genre, théories et controverses. Le genre, théories et controverses. Vie des idées-Puf, 2014, 100 p., 8, 50€. Cet ouvrage est présenté et dirigé par Laure Bereni, chargée de recherche au CNRS, et Mathieu Trachman, chargé de recherche à l’Ined. Il est postfacé par Éric Fassin, professeur à l’université Paris-8. Repenser le genre en Inde. Recensés : Nida Kirmani, Questioning the Muslim Woman : Identity and Insecurity in an Urban Indian Locality, New Delhi, Routledge, 2013, 248 p. Pratiksha Baxi, Public Secrets of Law : Rape Trials in India, New Delhi, Oxford University Press, 2014, 488 p.

La position des femmes au sein de la société indienne est aujourd’hui l’objet de nombreux débats qui dépassent largement le cadre indien. En particulier, la violence sexuelle est associée à l’image de l’Inde depuis le viol collectif et le meurtre d’une étudiante dans un bus de New Delhi en décembre 2012, viol qui a été fortement médiatisé nationalement et internationalement, non pas tant pour sa grande violence que pour la mobilisation qu’il a suscitée. Pendant plusieurs semaines, des milliers de personnes se sont rassemblées dans des manifestations quasi quotidiennes pour protester contre la violence faite aux femmes [1].

Hommes et féministes. Recensé : Alban Jacquemart, Les hommes dans les mouvements féministes. Socio-histoire d’un engagement improbable, Rennes, Pur, 2015 (coll. « Archives du féminisme »). 326 p., 22 €. Alban Jacquemart s’est intéressé dans ce livre issu de sa thèse à un engagement militant qu’il qualifie d’« improbable » parce que ses acteurs « ont à perdre dans la réussite » des luttes auxquelles ils participent activement (p. 27) : des hommes qui, de 1870 à nos jours, ont appartenu ou appartiennent de façon « attestée » (p. 24) à un groupe féministe « autonome, formel ou informel » (p. 26). Le livre comprend deux parties. La première éclaire le militantisme des hommes au prisme de l’histoire des mouvements féministes. Une histoire renouvelée des mouvements féministes L’entrée par les hommes et par la question de la mixité dans les mouvements féministes est une façon passionnante de revisiter l’histoire de ces derniers.

Une sociologie de carrières militantes improbables Un auteur (im)probable ? La communauté, cette vieille lune. Recensé : Daniel Immerwahr, Thinking Small : The United States and the Lure of Community Development, Cambridge, Harvard University Press, 2015, 272 p. €31.50. Le philosophe gallois Raymond Williams notait dans son petit dictionnaire raisonné des concepts modernes, Keywords, que le concept de community était presque unique en anglais à avoir une dimension consensuelle bien qu’ambiguë : Community can be the warmly persuasive word to describe an existing set of relationships, or the warmly persuasive word to describe an alternative set of relationships.

What is most important, perhaps, is that unlike all other terms of social organization (state, nation, society, etc.) it seems never to be used unfavourably’ – community peut décrire chaleureusement un réseau de relations existantes ou être un terme persuasif pour décrire son alternative. Talents masculins, dons féminins.

Mixité, contrôle social et gentrification. « Travestir la gentrification en “ mixité sociale ” est un très bon exemple de la manière dont la réalité du processus s’est effacée au profit d’une rhétorique discursive, théorique et politique qui évince systématiquement toute forme de critique et de résistance [1] » : voici les termes employés par le géographe britannique Tom Slater pour évoquer comment le succès politique et médiatique du mot d’ordre de la mixité sociale contribue à détourner les chercheurs en sciences sociales de l’étude des effets sociaux de la gentrification, notamment des mécanismes d’éviction des populations les plus fragilisées.

Rares seraient ainsi ceux qui ambitionnent de dénoncer la dissimulation de politiques de gentrification dans la mise en œuvre de mesures visant à créer les conditions de maintien, d’installation ou de fréquentation des classes moyennes et supérieures dans des quartiers populaires diagnostiqués « en crise ». Le genre est une construction sociale: qu’est-ce que cela veut dire? « Le genre est une construction sociale »: c’est là un élément de base de la définition du genre, sans lequel on ne peut comprendre le concept. Je l’ai mentionné plusieurs fois, et expliqué, sans y consacrer de billet entier; l’idée de ce billet m’est venue suite à un commentaire lu sur la page Facebook de ce blog. Je me suis rendu compte que la notion de construction sociale était loin d’être comprise par tout le monde – et pour cause: ce n’est pas une notion évidente, surtout quand on l’applique à des sujets aussi sensibles que la différence des sexes et les rapports entre les sexes. Je vais donc évoquer quelques-unes des erreurs commises au sujet de cette notion de construction sociale, avant de revenir sur sa définition.

Qu’est-ce que le genre ?