Une lutte des classes... sans classes. Dans l'introduction à l'ouvrage que vous avez dirigé, vous évoquez une « lutte de classe sans classes ».
Qu'entendez-vous par là ? L'idée que la « lutte des classes » n'est pas morte semble plus difficilement contestable aujourd'hui qu'il y a encore dix ou quinze ans. Dans un pays comme le nôtre, les conflits sociaux au sein du monde du travail sont de retour, parfois de manière spectaculaire. Y compris dans le salariat précaire du secteur du commerce et des services, où les conditions de l'action collective sont a priori très défavorables.
Des thèmes centraux du débat public, comme celui du « retour de la question sociale », voire de la fameuse « fracture sociale », font écho à ce que Jacques Rigaudiat appelle le « fait social majeur de notre temps : la montée des précarités et, avec elle, celle des insécurités sociales et économiques ». Profil : Paul Bouffartigue. Les classes moyennes. On en parle tout le temps, mais sait-on vraiment qui fait partie des classes moyennes ?
Ce groupe social aux frontières floues a su jouer un rôle central dans la dynamique sociale. Les difficultés qu’elles semblent connaître aujourd’hui vont-elles retentir sur l’ensemble de la société ? Quand sont-elles nées ? C’est au tournant du XIXe siècle que l’expression « classe moyenne » commence à prendre son sens usuel. Avec la fin des sociétés d’ordre et le développement progressif de l’économie industrielle apparaissent des groupes sociaux qui n’appartiennent ni à la bourgeoisie ni au prolétariat. . (1) Christophe Charle, « Les “classes moyennes” en France.
Qui en fait partie ? Précisons-le d’emblée : il n’existe pas de définition objective et consensuelle des classes moyennes, qui sont avant tout une expression fourre-tout. Elites, une classe internationale. Ce que ça fait d'être riche. La richesse offre la possibilité de libérer son temps et son esprit de toute une série de problèmes matériels qui empoisonnent la vie de la plupart des gens.
Mais la richesse, ce n’est pas qu’un niveau de revenu, c’est aussi une façon d’être, une assurance, une aisance, une façon de parler, de se tenir en société, qui marque l’incorporation physique des privilèges. Au début de La Raison du plus faible, un film de Lucas Belvaux, la motocyclette de Carole, une jeune ouvrière, tombe en panne : elle s’avère irréparable. La remplacer est financièrement impossible. Prendre le bus pour aller au travail, c’est une heure de transport en plus. Dans une situation de crise sociale, cet incident banal conduit au drame en enclenchant un engrenage funeste. Sociologues, directeurs de recherche au CNRS (équipe Cultures et sociétés urbaines), auteurs de nombreux ouvrages sur les familles fortunées, dont Châteaux et châtelains.Les siècles passent, le symbole demeure, éd.
Dans une société hypertexte. Si l'on a pu parler d'un modèle de consommation ou de comportement politique des « ouvriers » ou des « classes supérieures », cela a moins de sens aujourd'hui.
Chacun tend à se bricoler un style de vie en combinant plusieurs appartenances, voire plusieurs identités. Les inégalités sociales n'en sont pas abolies pour autant : la « multiappartenance » n'est pas donnée à tout le monde. Le concept d'« hypertexte », originaire des technologies de l'information et de la communication, est une métaphore assez puissante pour analyser tant la structuration sociale de la société moderne contemporaine que certaines de ses formes urbaines concrètes. Il faut en user prudemment, comme de toutes les métaphores certes (1), mais celles-ci sont des instruments d'analyse utiles dans tous les domaines scientifiques, y compris dans les sciences sociales. Profil : François Ascher Professeur à l'Institut français d'urbanisme (université Paris-VIII). François Ascher. Les classes sociales sont-elles de retour ? On disait la classe ouvrière en voie de disparition.
Mais, selon Louis Chauvel, la stagnation des salaires et la persistance des inégalités font apparaître de nouveaux clivages dans le tissu de la société française. Faute de se manifester clairement dans la conscience collective, ces clivages n'en constituent pas moins le ferment d'un nouveau conflit de classes. Sciences Humaines : Pourquoi parler du « retour des classes sociales » ? Louis Chauvel : En ce début de xxie siècle, l'idée s'est répandue depuis longtemps que la notion de classe sociale n'est plus pertinente pour analyser les sociétés développées. En 1959, ce n'est pas hier, le sociologue Robert Nisbet publie Decline and Fall of Social Classes et expose toutes les raisons pour lesquelles, à ses yeux, les classes sociales sont appelées à disparaître.
Il y a donc plus de quarante ans que les sociologues s'efforcent de montrer cela, mais, comme l'écrit un collègue anglais, John Scott, « If class is dead, why won't it lie down ? Les classes sociales. Qu'est-ce que c'est ?
Classes réelles ou classes à faire ? La France s'est-elle « moyennisée » ? Peut-on encore parler de classes sociales ? Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas Karl Marx qui a créé le concept de classe sociale. Lui-même reconnaissait volontiers avoir repris le terme et le schéma de la lutte des classes à ses prédécesseurs. Les classes ne se définissent donc que dans un rapport de classe : « Les individus isolés ne forment une classe que pour autant qu'ils doivent mener une lutte commune contre une autre classe. » Leur nombre est sujet à fluctuation : parfois deux (comme dans le Manifeste du parti communiste), trois (dans le dernier volume, inachevé, du Capital) ou sept (c [ lire la suite... ] Article de 2116 mots.