Caricature et censure sous l'Ancien régime : interview d'Annie Duprat - “Les caricatures, dans l’histoire de la République, ont toujours bénéficié d’une grande tolérance” Plasticages, menaces… La presse française a régulièrement été confrontée à des intimidations, mais jamais à une telle attaque explique l'historien Christian Delporte.
Avec un bilan à ce jour de 12 morts et 11 blessés, l'attaque à l'arme automatique contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, est un coup porté à la presse française d'une gravité sans précédent. La presse satirique française, une arme politique héritée de la Révolution. La presse satirique française, sans tabou quand il s'agit de railler pouvoir ou religion, est une tradition qui remonte à la Révolution et dont Charlie Hebdo, cruellement frappé par un attentat sans précédent, est l'héritier au même titre que Le Canard enchaîné ou le défunt Hara-Kiri.
«C'est une spécificité française. Ici, on cogne, on utilise le dessin de façon militante pour contester, dénoncer, faire tomber les barrières», explique Guillaume Doizy, spécialiste de l'histoire du dessin de presse. «Il n'y a pas l'équivalent d'un Charlie Hebdo à l'étranger.» Charlie Hebdo : La France, terre de tradition des journaux satiriques. Les caricaturistes assassinés hier sont les héritiers d'une tradition française du pamphlet qui remonte au siècle des lumières.
La tristesse nationale provoquée par l'assassinat des talentueux dessinateurs de Charlie Hebdo nous rappelle que la caricature et la presse satirique montre l'attachement viscéral des français à la libre pensée. Héritier d'Hara-Kiri, le journal bête et méchant, créé en 1960 par François Cavanna et le professeur Choron, Charlie Hebdo est le continuateur spirituel des pamphlets qui sont nés au siècle des Lumières et qui ont fait flores pendant la Révolution française. Le point commun de tous ces journaux est le courage. Quelles que soient les idées défendues, ils ont eu à affronter la censure.
La censure du pouvoir royal avant la Révolution, la censure du Comité de salut public sous Robespierre, la censure légale sous les différentes républiques. Le Figaro a commencé sa carrière il y a presque deux cents ans en jouant la satire. Daumier et ses héritiers. En 1848, première élection présidentielle en France… - Charles Vernier (1887†), « Un nouveau jeu de bagues », Le Charivari, 9/12/1848.
Suite à la révolution de février, une Assemblée constituante répartit les pouvoirs politiques entre d’un côté une Chambre aux pouvoirs étendus et de l’autre, un président de la République auréolé du suffrage universel masculin mais empêché de se présenter pour un second mandat ou de procéder à une dissolution de la Chambre. A la veille des élections des 10 et 11 décembre 1848, les quelques journaux satiriques illustrés publiés en France, commentent la campagne en cours. 1881-1911: trente ans de presse illustrée - Les éternelles vieilles dames de Jacques Faizant. 10 octobre 2013 à 7 h 02 La petite histoire du dessin de presse notera peut-être que Jacques Faizant (1918-2006) fut le dessinateur politique très engagé du Figaro, mais la grande histoire du dessin d’humour retiendra qu’il fut également le créateur des « vieilles dames » personnages pittoresques et délurés du troisième âge.
La preuve, l’éditeur Michel Lafon a eu la bonne idée de rassembler la plupart de ces dessins qui firent en leur temps les beaux jours de Paris Match ou de Point de vue Images du monde. On trouve de tout dans la production d’un dessinateur, et dans les 50 000 dessins publiés par Jacques Faizant durant sa longue carrière (on peut en avoir un aperçu sur le blog que lui a dédié son fils Michel Faizant), nul doute que ce sont ses vieilles dames qui résisteront le mieux aux outrages du temps. Jacques Faiza nt raconte dans « L’Humour au quotidien » de Jean-Paul Tiberi ( éditions Jean-Cyrille Godefroy.1991 ) leur création : « Paris Match m’avait demandé sept dessins. « Le Musée imaginaire de TIM » « Le Musée imaginaire de TIM » Tim ou le pouvoir du dessin de presse (2) La référence aux maîtres du passé : un exercice que l’on retrouve au musée et dans la presse par Stanislas Colodiet (Science Po Paris / Sorbonne Paris I)
L'Assiette au beurre: revue illustrée,satirique et libertaire de 1900: 500 dessins. Journal « Le Rire » Animation - Une caricature clandestine de Napoléon III. Caricature. Une petite histoire du dessin de presse 1/2 - Texte de la conférence donnée par Guillaume Doizy le 26 septembre 2008 à la BPI (Beaubourg), à l’occasion d’une après-midi de réflexion sur le thème : « Quel avenir pour le dessin de presse ».
Pour tout vous dire, je me demande encore si j’ai eu raison d’accepter de venir ici raconter l’Histoire du Dessin de presse. Evoquer l’œuvre de Daumier en trois quart d’heure serait déjà une gageure. Parler de l’Assiette au Beurre dans un temps si court, analyser plusieurs milliers de ses dessins et le travail de dizaines d’artistes ayant collaboré à la revue, relèverait du miracle.
On pourrait écrire des livres entiers sur le dessin de presse des Années Folles. Et pourtant, je ne dois pas seulement parler d’un dessinateur, d’un journal ou encore d’une période. Pour commencer, il me semble nécessaire de faire un peu de linguistique. Caricature, un dessin « chargé » Raoul Cabrol versus Hitler : l’affaire du Escher Tageblatt - Dessin de Raoul Cabrol, Escher Tageblatt du 15 septembre 1938.
On connaît la célèbre affiche éditée par le Parti communiste et dessinée par Cabrol représentant Hitler un couteau entre les dents. Les données sur une autre de ses caricatures d’Hitler publiée cette fois au Luxembourg sont moins précises, et les publications en français ne présentent jamais le dessin original, mais des variations plus ou moins proches sur le fameux "Hitler spricht" (traduit par Hitler vociférant), comme c'est le cas par exemple dans le catalogue 3 Républiques vues par Cabrol et Sennep édité par la BDIC en 1996 ou plus proche de nous, dans la revue Papiers Nickelés n°28, 1er trimestre 2011, p. 5 que nous reproduisons ci-dessous. Jossot, Sauvages Blancs !, recueil d’articles de presse présentés et annotés par Henri Viltard, Finitudes, 176 p., 19 €. -
Jossot, Sauvages Blancs !
, recueils d’articles de presse présentés et annotés par Henri Viltard, Finitudes, 176 p., 19 €. Il faut parfois choisir entre mythe et réalité. Et il n’est pas certain que ce livre convienne aux admirateurs de Jossot. Exposition "Jean Jaurès - Caricatures" apôtre de la paix, tribun de légende - CARICADOC, iconographie, expositions et conférences pour professionnels de l'édition et de la presse.
Référence de l'image ci-dessus : CC_94943.jpg Contact 31 juillet 1914 : assassinat de Jaurès, déclenchement de la première guerre mondiale.
Ces deux événements tragiques instituent la mémoire du tribun, ancrent sa postérité dans les imaginaires. Qui, aujourd’hui, ne se réclame pas du grand homme, du Front de gauche à l’extrême droite en passant par Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle de 2007 ? La panthéonisation de Jaurès s’est faite au prix d’un rejet intéressé de ses idées les plus radicales. L'impératrice Eugénie vue par les caricaturistes. Contexte historique Sous le Second Empire, malgré l’assouplissement du régime de la presse dans la phase libérale du règne, aucune caricature ne vient défrayer la chronique des journaux. Des charges très violentes pouvaient être publiées à l’étranger, notamment en Belgique, mais en France, ce n’est qu’après la déchéance de Napoléon III, prononcée le 4 septembre 1870, et la proclamation de la République que les dessinateurs peuvent impunément donner libre cours à une verve satirique qui s’exerce d’abord aux dépens du couple impérial.
Napoléon III, vaincu et prisonnier en Allemagne, est de toute évidence un sujet de prédilection pour les humoristes, qui le représentent traditionnellement sous les traits d’un vautour se repaissant du cadavre exsangue de la France. L’impératrice elle-même n’est pas épargnée. Caricatures de Napoléon. Le "Journal Parlé" et les facéties d'Alfred Le Petit - Ferry pot de chambre, par Alfred Le Petit... Dans son n°39 de Papiers Nickelés (4e trim 2013), Corinne Taunay, qui a soutenu une thèse sur les artistes Incohérents, signe un article sur une expérience tout à fait originale : le Journal parlé, chronique d’actualité mise en scène par des artistes, des chansonniers et des journalistes en 1883-1884 à Paris.
Le fondateur, Louis Peyramont, souhaitait proposer une version « live » de ce phare du XIXe siècle qu’est le journal. Une version publique et quotidienne, lue, jouée, mimée, mise en musique et dessinée. Fin 1883, le journal… « parlé » se tient salle de l’Athénée à Paris. Mais les difficultés s’accumulent et surtout, les autorités politiques semblent vouloir mettre un terme à ce spectacle grinçant qui prend notamment pour cible le président du Conseil d’alors, Jules Ferry. 1962-1965 : Bosc versus de Gaulle dans l’hebdomadaire Minute -