Fanny Georges, page personnelle. Instagram : la charmante alcoolique qui n’existait pas - 26 septembre 2016. Louise Delage, une « Parisienne pétillante de 25 ans », postait sur Instagram photos et vidéos de sa vie, de ses balades à Berlin, à Saint-Tropez ou en Bretagne, rapportent Les Echos.
Avec des selfies cool où apparaissent « chaque fois, discrètement, en retrait, un peu à la façon d’un accessoire de mode, une bouteille de bière à peine entamée, ou un verre de pastis, de rosé, de blanc que Louise tient, toujours souriante, jamais ivre ». Ce compte Instagram recueille en deux mois 7 500 abonnés et plus de 50 000 « j’aime » (ou likes).
Mais un journaliste de Libération, Tristan Berteloot, relève plusieurs bizarreries dans une série de tweets. Comme il l’a deviné, le compte est en réalité celui d’une personne fictive : il a été créé par l’agence BETC (Havas) pour le portail Addict Aide, dédié à la lutte contre les addictions, ont reconnu l’agence et son annonceur. La journaliste des Echos relève que « au final, seuls cinq followers ont fait remarquer à Louise qu’elle buvait trop. Facebook et la mise en scène de soi : contrôler son image est euphorisant. Facebook, un moyen idéal pour sublimer sa vie (Blackler/Rex Fea/REX/SIPA) Il y a quelques années de cela, la construction de son image publique était réservée aux stars et aux politiques.
Mais aujourd'hui, n'importe qui peut faire de même ou plutôt se doit de le faire. On s'aperçoit, tout particulièrement chez les jeunes des générations Y et Z, que la plupart s'approprient cette possibilité. Cette projection de soi passe grandement par les réseaux sociaux, et principalement Facebook. Chacun devient son propre RP. Facebook, Twitter, Instagram : fictions de soi. Pourquoi les femmes enceintes scénarisent leur grossesse à ce point sur YouTube. Laissez-moi enfourcher mon déambulateur de vieille personne et vous parler d'un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître.
Au milieu des années 2000, la blogosphère féminine se divisait en trois grandes catégories relativement distinctes: les blogueuses mode/beauté, les blogueuses mamans et les blogs de cuisine. Bien sûr, une blogueuse beauté pouvait ajouter sur son site un onglet «food» (avec forces adresses de salon de thé kawaï) et de nombreuses blogueuses mamans distillaient quelques conseils mode ou photos de leur look, mais les univers restaient cloisonnés.
En 2016, les pionnières ont célébré leur dix ans. La majorité d'entre elles ont passé le cap des 30 ans et se targuent d'être désormais des blogueuses «lifestyle», dans l'acceptation du terme la plus large. La virtualisation créatrice d'identités multiples. ETU 4154 L'intime. Facebook, outil pour voyeurs et exhibitionnistes consentants. Les réseaux sociaux ont été créés afin de nous permettre de faire des rencontres.
Mais est-ce bien leur fonction ? Facebook est aujourd’hui le réseau social le plus fréquenté en France avec 22 millions d’abonnés mais des études récentes ont démontré que notre propension à développer de véritables amitiés sur Facebook était très faible. Facebook et les autres ne nous permettraient-il pas d’assouvir notre besoin de voyeurisme et d’extimité ? Facebook et les autres ne nous permettraient-il pas d'assouvir notre besoin de voyeurisme et d'extimité ? 130 ! L’utilisateur a donc en moyenne 130 amis, nous pouvons mettre en parallèle ce chiffre avec le nombre Dunbar qui est le nombre d’amis avec lesquels une personne peut entretenir une véritable relation. Or, Cameron Merlow, un sociologue travaillant pour Facebook, a publié dans une interview des chiffres qui contredisent cette affirmation.
L’intime dans les réseaux sociaux – Mondes Sociaux. CC Pixabay Johnhain Dans son ouvrage Raison, bonnes raisons (2003), le sociologue Raymond Boudon s’est intéressé aux « bonnes raisons » que les individus peuvent invoquer pour expliquer que leurs actions sont moins irrationnelles qu’il n’y paraît, mais obéissent à des rationalités que le chercheur doit révéler.
Autrement dit, si leurs choix ne sont pas tous nécessairement rationnels, ils ont aussi de bonnes raisons pour agir comme ils le font. Dans ma thèse soutenue en 2016, qui traite des pratiques de l’intime dans les réseaux sociaux, j’ai voulu chercher les bonnes raisons qu’ont les internautes de se livrer sur leur vie privée. Construction de soi et médias sociaux: quand l'intime devient "extime"
On connaissait l'intimité, ce terreau de réflexion inépuisable pour qui tente de s'intéresser à la psychologie humaine.
La télé-réalité et, à une autre échelle aujourd'hui, les usages des médias sociaux ont donné naissance à un nouveau concept: l'"extimité". Sylvain Tisseron est un psychiatre spécialiste des liens entre les médias et la construction de l'identité. En étudiant le phénomène de la télé-réalité, il a introduit en 2001 le phénomène d'"extimité", "ce mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime, autant physique que psychique", définit-il. L'apparition de la télé-réalité au début des années 2000 a, effectivement, été un terrain d'investigation particulièrement vaste pour les spécialistes du psychique.
Pourquoi l'observation de l'intimité de quelques individus fait-elle tant recette? Facebook, le réseau antisocial. Il existe d’innombrables moyens de faire en sorte de se sentir minable.
En voici une de plus, selon une étude de Stanford : croire que vous êtes seul dans votre malheur. L'article «Le malheur est une chose plus partagée que les gens le ne pensent», paru dans le numéro du mois de janvier de la revue Personnality and Social Psychology Bulletin, s’appuie sur une série d’études portant sur la manière dont les étudiants évaluent leur humeur et celle des autres.