Sortir de la « guerre contre la drogue », par Maurice Lemoine (Le Monde diplomatique, janvier 2015) Longtemps « coke » et « ultraviolence » ont eu pour synonyme « Colombie ». Les temps ont changé. Le pays où la drogue déchaîne une folie meurtrière s’appelle aujourd’hui Mexique. L’écrivain et journaliste italien Roberto Saviano, menacé de mort par la Mafia et vivant sous protection policière depuis la publication de Gomorra (1), y a poursuivi son travail sur le crime organisé (2). Saviano, partagé entre répulsion et fascination, a une approche de ce monde souterrain qu’on peut trouver discutable. Dans une tout autre démarche, l’ouvrage de Johann Hari (3) tente de répondre à un certain nombre de questions : « Pourquoi la “guerre contre la drogue” a-t-elle commencé ? Partant des destins croisés de Harry Anslinger, premier « tsar antinarcotiques » américain, et de la chanteuse Billie Holiday, « qui, lorsqu’elle chantait Lover Man, Where Can You Be ?
Jean Ziegler choisit son camp : « Retournez les fusils ! À mesure que se précise la débâcle dévastatrice du vieux système capitaliste, le citoyen responsable se devrait de prendre position. Le sociologue suisse Jean Ziegler, lui, n’y va pas par quatre chemins : « Retournez les fusils ! » Jean Ziegler (photo : AFP/Michael Gottschalk) L’ouvrage initial date de 1980, mais Jean Ziegler s’est senti contraint de l’adapter aux temps présents en le réécrivant entièrement. Trente-quatre ans après, rien n’a changé, sinon en pire. « Les capitalistes font aujourd’hui un maximum de profits en spéculant sur les aliments de base comme le riz, le maïs, le blé. Devant son interlocuteur abasourdi, Ziegler tempère à peine son séditieux propos. Chasser les grands prêtres des religions malfaisantes Or, la forteresse financière néolibérale n’est désormais guère plus salubre que le bâtiment délabré de Dacca. Et tout retour en arrière est désormais impossible. Tout changer, oui, dans les institutions comme dans les mentalités. "Retournez les fusils !
Au nom du peuple. J-C. Michéa réécrit l'histoire Les livres de Jean-Claude Michéa connaissent un succès notable et qui va croissant. Il faut s'interroger sur les raisons d'une telle réception, surtout lorsqu'elle concerne (aussi) des lecteurs qui se situent à gauche, voire à la gauche de la gauche, alors que Michéa dénonce avant tout la gauche en général et l'extrême gauche en particulier. S’interroger et critiquer : c’est ce à quoi s’emploie ici Isabelle Garo dans une lecture de plusieurs ouvrages, de L’Empire du moindre mal au Complexe d’Orphée. Les livres de Michéa connaissent un fort succès, qui va croissant depuis le milieu des années 1990 (son premier livre, Orwell, anarchiste tory, date de 1995). Il y a fort à parier que son dernier opus, un dialogue épistolaire avec Jacques Julliard (Julliard, Michéa, 2014) confirmera cette tendance, promotion médiatique aidant. Michéa auto-entrepreneur en grands récits De prime abord, on conçoit bien qu'un retour critique sur l’histoire de la gauche suscite l'intérêt, notamment à gauche.
Taxation des dividendes : le gouvernement va demander le retrait de l'amendement Le gouvernement demandera au Parlement le retrait de l'amendement socialiste prévoyant de taxer les dividendes versés par certaines sociétés à leurs actionnaires, dans le cadre des débats sur le projet de budget de la Sécurité sociale, a annoncé jeudi le ministre des Finances, Michel Sapin. "Un amendement qui n'est pas compris, c'est un amendement qui est mauvais", a déclaré Michel Sapin sur RTL, au sujet de l'extension à toutes les entreprises des cotisations sur les dividendes, adoptée mardi par l'Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2015. "Folie taxatrice" "Le gouvernement demandera au Parlement de modifier et de retirer cette disposition", a indiqué le ministre des Finances, ajoutant que "le souhait du gouvernement c'est que cet amendement soit retiré". Sur le même sujet : "On est en train de tuer la rétribution du risque"
La paix de la société allemande a été achetée par le silence des femmes J’ai rencontré Rita Kimmel il y a quelques années pour un sujet qui me fascine parce qu’il raconte beaucoup sur la société allemande, l’image des femmes et les rapports entre les sexes. Accrochez-vous mes agneaux, car ce n’est pas vraiment un conte de Noël, mais c’est ma modeste contribution à l’année 2015 qui marquera les 70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Quand je vois des femmes de mon âge, je me demande toujours ce qu’elles ont vécu durant la guerre. » Crinière rousse et ongles soigneusement manucurés, Rita Kimmer, 71 ans, a les traits lisses et le regard inquiet. Confortablement installée dans le café du luxueux grand magasin KaDeWe, perché sur l’artère chic du Kurfüstendamm, elle observe les femmes autour d’elle. On estime que près de deux millions d’Allemandes ont été violées par les Soviétiques entre janvier 1945, lorsque l’Armée rouge entre dans le pays, et juillet 1945, quand les Alliés se partagent le Reich. Les viols massifs restent tabous
Licenciements : Gattaz appelle à sortir de la convention de l'OIT Le président du Medef a suggéré jeudi que la France sorte de la convention 158 de l'Organisation internationale du travail (OIT) qui oblige à justifier un licenciement, afin de lever la crainte de l'embauche chez les chefs d'entreprise. "Les chefs d'entreprise, quand ils peuvent embaucher, craignent de se trouver devant les prud'hommes s'ils rompent le contrat. C'est un des principaux freins à l'embauche", déclare Pierre Gattaz dans une interview accordée au journal L'Opinion. "Reste que pour lever le frein juridique, il faut sortir de la convention 158 de l'Organisation internationale du travail qui nous oblige à justifier les motifs du licenciement. Tant qu'on aura cette contrainte supranationale, peu importe le contrat, le fond du problème ne sera pas traité", estime le chef de l'organisation patronale. Adoptée en juin 1982 et entrée en vigueur en novembre 1985, cette convention a été ratifiée par trente-six pays, dont un, le Brésil, l'a dénoncée en 1996.
Sortir les femmes souffrant de complications médicales à la suite d'une IVG du dispositif d'indemnisation : le gouvernement l'a fait ! - de bric et de blog Et hop ! En un tour de passe/passe c’était fait : à la faveur d’une disposition bien technique cachée au fond de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2015, on a exclu les victimes d’actes « non thérapeutiques » du dispositif d’indemnisation mis en place par la loi du du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Les victimes d’actes non thérapeutiques ce sont les victimes de complications survenues au cours d’une IVG, d’une opération de chirurgie esthétiques ou de circoncision rituelle. La Cour de cassation avait pourtant bien précisé (Cf arrêt du 5 février 2014 concernant une jeune femme décédée d’un arrêt cardiaque lors d’une anesthésie précédant une liposuccion) qu’elle ne pouvait être exclue de ce dispositif indemnitaire… Et bien non, il s’est trouvé quelqu’un au ministère des finances pour glisser habilement un petit rectificatif à ces principes… et tout le monde a servilement voté !
Total (et Elf), bras armé de la Françafrique : un mort à Moscou, des millions de morts en Afrique - Solidarité Internationale PCF Total (et Elf), bras armé de la Françafrique : un mort à Moscou, des millions de morts en Afrique Article AC pour Bal tragique sur le tarmac moscovite : un mort. Nos dirigeants pleurent la perte d'un grand capitaine d'industrie. C'est pour lui que nous sommes partis nous battre, que nous avons tué, que nos soldats sont morts en Libye ou au Mali. Et ceci n'est que la partie immergé de l'icerberg, celle de plusieurs décennies de « Françafrique » au prix du sang. En 2000, Elf-Aquitaine et Totalfina fusionnent pour donner naissance à un géant pétrolier : Total. Elf hier, Total aujourd'hui sont au cœur de la « Françafrique », ce vaste système de perpétuation du colonialisme sous d'autres formes, par des réseaux semi-mafieux, maintenant le continent dans la misère, la corruption, la dépendance au profit des seuls intérêts français. Elf et la naissance de la Françafrique Acte 1 : la guerre civile du Cameroun Acte 2 : Nigeria et la guerre du Biafra
Immigration, asile : vous prendrez bien une grande Lellouche d'intox ? Un sinistre festival. Mardi soir, lors de l’examen du projet de réforme de l’asile, le député UMP de Paris Pierre Lellouche a empilé à un rythme frénétique approximations, chiffres faux et âneries à propos de l’immigration et l’asile. Revue de détail. 2 millions d’immigrés supplémentaires en 10 ans ? 8 millions en 40 ans ? «La France subit un flux migratoire sans précédent dans son histoire par son ampleur et sa durée, de l’ordre de 200 000 entrées légales par an en moyenne. […] Deux cent mille entrées légales par an pendant dix ans, cela fait deux millions de personnes ; multipliées par quarante ans, cela fait huit millions de personnes, sans compter les enfants de ces dernières !» DÉSINTOX. Non content d’ignorer les départs, Lellouche postule également que le nombre d’arrivées est stable à 200 000 entrées annuelles depuis quarante ans. Il n’est guère étonnant que la multiplication de ces approximations mène Lellouche à un grand n’importe quoi. DÉSINTOX. DÉSINTOX. DÉSINTOX. DÉSINTOX.
Les plus riches tirent d’énormes profits de la crise Les 500 plus grandes fortunes de France ont grimpé de 25 % en un an. Un bond spectaculaire qui révèle les profits que tire de la crise une poignée de grands patrons, pendant que le pouvoir d’achat des Français a reculé de 0,9 % l’an dernier. La crise, quelle crise ? Dans le microcosme des 500 plus grandes fortunes de France, les affaires se portent mieux que jamais. Le classement annuel du mensuel Challenges, publié jeudi, fait figure de provocation dans le marasme économique ambiant. Tandis que le pouvoir d’achat des ménages a accusé une régression historique de 0,9 % l’an dernier, et que le taux de chômage crève les plafonds, les plus grandes fortunes de France ont vu leur montant croître de 25 % en un an, atteignant un total de 330 milliards d’euros de patrimoine, biens professionnels compris. « Jamais, depuis 1996, année où Challenges a lancé son classement des “500”, leur fortune globale n’avait atteint de tels sommets », souligne le magazine. Les bons plans de la crise
Pour une politique sociale efficace, faut-il vraiment des statistiques ethniques? Plusieurs questions se posent: si elles sont utiles, quel usage en fait-on? Et, en fait, sont-elles utiles? Alors que certains partis politiques présentent l’immigration comme la première cause de toutes nos difficultés et que la politique d’intégration est loin de donner tous les résultats espérés, faut-il aborder le problème de façon plus directe, parler franchement de noirs, de Maghrébins et d’Asiatiques? Autrement dit, les statistiques ethniques pourraient-elles aider les pouvoirs publics à y voir plus clair et à élaborer des actions plus efficaces? Aux Etats-Unis, les choses sont claires. En France, comme dans beaucoup de pays, rien de tout cela n’apparaît dans les statistiques. Le retour de la race? Quelques chercheurs s’y sont risqués pourtant et ont à chaque fois déclenché des réactions violemment hostiles, alors même que leurs intentions étaient parfaitement limpides. Trajectoires et origines Pour une meilleure connaissance de la population Un caractère scientifique douteux