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Satire et droit à l’humour, un si long combat judiciaire

Satire et droit à l’humour, un si long combat judiciaire
Le texte mériterait d’être affiché, étudié, débattu dans toutes les écoles de France, aux côtés de la Déclaration des droits de l’homme et du ­citoyen de 1789. Une dizaine de ­pages, celles du jugement rendu le 22 mars 2007 par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire des caricatures de Mahomet, constituent une magistrale leçon d’instruction civique. Elles s’ouvrent sur ce rappel solennel : « Attendu qu’en France, ­société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions quelles qu’elles soient et avec celle de représenter des sujets ou objets de vénération religieuse ; que le blasphème, qui outrage la divinité ou la religion, n’y est pas réprimé (…) ». Le journal, qui était poursuivi pour « injures publiques envers un groupe de personnes en raison de sa religion » par deux associations musulmanes, est donc relaxé. La Révolution française l’avait proclamée avant de l’étouffer bien vite.

« Charlie Hebdo », 22 ans de procès en tous genres Le journal satirique a été la cible de nombreuses plaintes, essentiellement issues de l'extrême droite et d'association catholiques. Récemment, les procès avaient laissé place aux menaces. Hommes politiques, harkis, associations catholiques, confrères... Depuis son retour en 1992, par son ton libre, entier et sans concession, Charlie Hebdo a fait l'objet d'une cinquantaine de procès, soit en moyenne un tous les six mois, selon les archives de l'AFP et la page que consacre la publication à ses nombreux démêlés judiciaires. L'actualité la plus récente ne doit pas occulter que le journal satirique s'est attiré de nombreuses inimitiés, d'abord au sein de l'extrême droite et des associations catholiques, notamment dans la seconde moitié des années 1990, puis de plusieurs journalistes ou responsables de groupes de presse remontés contre l'hebdomadaire satirique. Une majorité de verdicts favorables A partir du début des années 2000, les plaintes contre Charlie Hebdo commencent à s'espacer.

Dans quelles conditions l'islam autorise-t-il la représentation du Prophète ? Si la satire, comme celle de « Charlie Hebdo », est de tout temps condamnée, l'islam chiite fait preuve d'une certaine tolérance face aux images du Prophète. Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Louis Imbert « Tout est pardonné », et le prophète Mahomet en pleurs tient lui aussi une pancarte « Je suis Charlie ». La dernière « une » de Charlie Hebdo est un nouveau dessin du Prophète. Elle repose la question de la représentation de la principale figure de l'islam, et de la figure humaine en général, dans la tradition islamique. Ce que disent les textes Le Coran n’interdit pas la représentation du Prophète, ni la représentation humaine en général. La sunna, l’ensemble des paroles et actions de Mahomet, un très large corpus dictinct du Coran trié et mis par écrit entre le VIIIe et le IXe siècle, n’interdit pas non plus de représenter le Prophète. Ce que l’on reproche au faiseur d’images, c’est de singer le travail de Dieu : il prétend insuffler une âme à la matière façonnée.

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