Le Comité invisible donne (presque) une interview à un journal allemand Depuis 2007, et malgré ses succès littéraires, le Comité Invisible s’est toujours gardé d’apparaître publiquement ou de répondre à la moindre interview. Cette mise en retrait, au prétexte qu’ils ne seraient pas des « auteurs » mais une simple « instance d’énonciation stratégique pour le mouvement révolutionnaire » leur a cependant valu d’être la cible d’une des plus ahurissantes enquête de police de ces dernières décennies. Certains s’en souviendront, Michelle Alliot-Marie, Ministre de l’Intérieur, s’était ridiculisée en commanditant une improbable opération antiterroriste contre une Commune de Corrèze. C’est, semble-t-il, à l’occasion de la parution en allemand de An Unsere Freunde (À nos amis) que les pages Culture du journal sont parvenus à transmettre leurs questions.
Mouvements sociaux : « L’écologie est sans doute l’une des tentatives les plus abouties pour redonner du sens commun Basta ! : Quels ont été les principaux apports des mouvements sociaux et du mouvement ouvrier à la société française telle qu’elle est aujourd’hui ? Danielle Tartakowsky [1] : La France de l’après-guerre a connu, comme nombre de pays, la mise en place d’un État providence – ou d’un État social s’agissant de la France. Cette spécificité française, le fait que l’État social se construise en étroite connexion avec ces mouvements populaires, explique la très grande capacité de mobilisations et de réaction face aux premières attaques contre cet État social. La crise économique actuelle n’est-elle pas censée provoquer un sursaut, comme en Grèce ? Tous les historiens de la grève et les sociologues du travail montrent que ce sont les phases de croissance qui génèrent une poussée de grèves, pas les périodes de crise. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation économique qui laisse peu d’espoir à une issue rapide des revendications. Le syndicalisme en fait-il partie ? Recueilli par Ivan du Roy
Notre-Dame-des-Landes. Une société "made in Zad" s'organise dans l'illégalité Publicité Main dans la main, toutes les composantes de l’opposition au projet d’aéroport apportent leur soutien à la famille Herbin, condamnée, mercredi, par la justice, à une expulsion de leur maison dans un délai de dix-huit mois. Au milieu du village du Liminbout, entre Vigneux-de-Bretagne et Notre-Dame-des-Landes, Claude Herbin promet qu’il ne partira pas. Cet anti-aéroport vit, depuis 1995, au cœur de la Zad, cette zone d’aménagement différé rebaptisée "zone à défendre" par les anti. Une estimation de 150 à 200 zadistes Car dans ce bocage à 25 km au nord-ouest de Nantes, depuis le fiasco de l’opération de gendarmerie César, à l’automne 2012, une micro-société s’organise de mieux en mieux. Quatre fermes, toujours en activité, exploitent 400 ha. "250 ha sont aussi exploités par le mouvement de la lutte dans des chantiers collectifs", indique un occupant. Meunerie, restaurant, épicerie…
Un modèle d'action non violente et efficace: les pique-niques en supermarché | Simon Cottin-Marx L'auteur de ce billet a participé au livre d'Andrew Boyd, Joyeux Bordel, Tactiques, principes et théories pour faire la révolution. Le texte ci-dessous est extrait de ce livre. Les fins de mois sont difficiles, c'est la crise... mais pas pour tout le monde. Les entreprises de la grande distribution ont consolidé leurs marges et font des milliards de bénéfices. Cet exploit, elles y sont parvenues en augmentant les prix des produits de première nécessité, en sous-payant les producteurs et leurs salariés. L'Appel et la Pioche, un collectif de chômeurs et de précaires, a organisé pendant plus d'un an des pique-niques dans des supermarchés pour redistribuer la grande distribution. Chaque dernier samedi du mois, autour de midi, les militants se retrouvent dans une grande surface, commencent par faire leurs courses, récupèrent tout ce dont ils ont besoin pour organiser un moment sympathique et festif. Pourquoi ça a marché Plusieurs éléments font que ça marche. La tactique fondamentale employée
Ni capitalisme, ni Etat - la Coopérative intégrale s’épanouit à Barcelone - Barcelone, reportage Au pied de la Sagrada Familia, des cars venant du monde entier déversent chaque jour des marées de touristes qui rendent laborieuse la progression sur les trottoirs. Tous veulent leur selfie avec en arrière plan l’Ovni architectural de Gaudi. Deux pâtés d’immeubles en contrebas, au numéro 263 de la rue Sardenya, se niche une autre curiosité, mais elle n’apparaît sur aucun guide touristique. L’immeuble baptisé Aurea Social a tous les attributs du siège d’une entreprise de service prospère. Un groupe de travail lors d’une assemblée de la CIC. Mais le faste du bâtiment n’est pas la seule chose qui le distingue des lieux alternatifs barcelonais. La CIC s’est donné pour logo une fleur multicolore inspirée de la permaculture. « Nous pouvons vivre sans capitalisme » Un rêve d’adolescents immatures ? Filtre à huile qui permet au camion de rouler sans essence ou presque, 5 litres utilisés l’hiver dernier. L’insoumission fiscale ? Angel dans son fournil coopératif Piquete .
Hors Etat et hors marché, la Coopérative intégrale de Barcelone n’est pas encore au paradis Rappel de l’épisode précédent : Frauder le fisc pour faire la révolution, voilà une drôle d’idée ! Pourtant, c’est ce qu’a choisi de faire la Coopérative intégrale Catalane (CIC). Grâce au demi million d’euros détourné des caisses de l’Etat l’année dernière, ce mastodonte de l’alternative, fort de plus de deux mille membres, a soutenu des dizaines de projets dans des domaines aussi divers que l’éducation, la santé, le transport, la monnaie, le logement ou l’énergie. Leur but : créer des « services publics coopératifs » contrôlés par leurs usagers afin de se passer progressivement de l’euro, de l’Etat et des banques. Pour se financer, la coopérative s’appuie sur 700 auto-entrepreneurs (appelés socios auto-ocupados) qui rendent possible cette fraude fiscale à finalité sociale. - Barcelone, reportage Mais n’allez surtout pas dire à Gorka qu’il est membre d’une coopérative néolibérale. Solso dans l’atelier collectivisé « On ne vole pas l’Etat, c’est l’Etat qui nous vole ! Enric Duran
A Toulouse, une « coopérative intégrale » prépare l’après-capitalisme Reportage, Toulouse. « Nous pouvons vivre sans capitalisme ». Les membres de la Coopérative intégrale catalane (CIC) en sont persuadés. Et ils ne se contentent pas de le clamer. Depuis 2010, ils sont près de dix mille à bâtir « une nouvelle économie basée sur la coopération et les relations de proximité » [1]. Pour que les membres puissent accéder aux biens et services nécessaires à leur subsistance, des moyens d’échange nouveaux ont été mis en place. Fédérer les alternatives De l’autre côté des Pyrénées, à Toulouse, cette expérimentation à mi-chemin entre anarchisme et socialisme utopique, a séduit une population animée par une envie radicale de changement. Pour y parvenir, les membres de la coopérative intégrale toulousaine se retrouvent chaque mois lors d’une Agora où différents groupes de travail viennent faire état de l’avancée de leurs recherches. Ce samedi, ils sont une vingtaine à s’être donné rendez-vous dans une chapelle reconvertie en squat. Repenser nos moyens d’échange Note :
Communal living projects moving from hippie to mainstream | Guardian Sustainable Business The hippies could be proven right. Four decades after they introduced the commune into the industrialised society, pooling goods and saving nature’s resources, sustainability and the sharing economy are on the up. This includes co-housing - where residents have seperate bedrooms but may share kitchen and dining facilities - which is also proving to be a lucrative business model. “It’s all about living healthy and happy lives without harming the planet,” says Sue Riddlestone, who co-founded a pioneering community of 82 low-energy, water-efficient homes called BedZED in south London more than a decade ago. Back in 2003 healthy and happy lives with no harm to the planet sounded a bit idealistic. Then came the growing awareness of climate change, followed by the sharing economy, which in 2013 was valued at $26bn and some analysts expect can grow to $110bn. Brighton, Middlesborough, Oxford... and China North America is joining the trend as well. Commercial interest
Erri De Luca, des arbres et des mots Dans le jardin d’Erri De Luca, les mimosas sont déjà en fleurs. « L’amandier aussi, depuis quelques jours », relève l’écrivain, les yeux pétillants d’une joie presque paternelle. « J’aime les arbres, confie-t-il. Ils sont comme nous, racines en terre et tête vers le ciel. » Alors il en plante de nouveaux chaque année, parce que « celui qui fait l’écrivain doit rendre au monde un peu du bois abattu pour imprimer ses livres ». Dans le documentaire Alberi che camminano (Les arbres qui marchent), dont il est l’auteur et le narrateur, Erri De Luca disserte longuement sur sa passion pour les arbres, « figures opposées au mouvement, parce qu’ils naissent et meurent au même endroit ». L’intellectuel se délecte à explorer les entrelacs entre la vie des arbres et la vie des hommes. « En hébreu ancien, il n’y a qu’un seul mot pour dire arbre et bois », explique-t-il, fasciné par ce fil de vie tissé par la parole. « Saboter est un verbe noble, utilisé par Gandhi et Mandela » Erri De Luca en dates
20 000 manifestants à Francfort contre l'austérité prônée par la Banque centrale européenne Des milliers de citoyens ont participé le mercredi 18 mars à une journée d’action à Francfort, en Allemagne, à l’occasion de l’inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne. Les blocages et manifestations organisés pat le collectif Blockupy, l’association Attac et la confédération syndicale allemande ont réuni environ 20 000 personnes. Elles sont venues de toute l’Europe pour contester la politique d’austérité imposée à la Grèce et au continent par l’ancienne troïka. Le nouveau siège de la Banque centrale européenne, un gratte-ciel de 185 mètres, a coûté la somme rondelette de 1,3 milliard d’euros. « Cette inauguration survient à un moment crucial en Europe : la BCE n’est pas qu’un symbole, c’est un acteur bien réel des politiques menées depuis le début de la crise et qui mènent à la précarité, au recul des droits sociaux, qui portent atteinte à la démocratie et empêchent toute transition écologique. Rachel Knaebel Photos : © Jean de Pena / Collectif à-vif(s)
10 Female Revolutionaries That You Probably Didn't Learn About In History class By Kathleen Harris / whizzpast.com/ Sep 5, 2014 We all know male revolutionaries like Che Guevara, but history often tends to gloss over the contributions of female revolutionaries that have sacrificed their time, efforts, and lives to work towards burgeoning systems and ideologies. Despite misconceptions, there are tons of women that have participated in revolutions throughout history, with many of them playing crucial roles. They may come from different points on the political spectrum, with some armed with weapons and some armed with nothing but a pen, but all fought hard for something that they believed in. Let’s take a look at 10 of these female revolutionaries from all over the world that you probably won’t ever see plastered across a college student’s T-shirt. Nadezhda Krupskaya Many people know Nadezhda Krupskaya simply as Vladimir Lenin’s wife, but Nadezhda was a Bolshevik revolutionary and politician in her own right. Constance Markievicz Petra Herrera Nwanyeruwa Lakshmi Sehgal
Andalousie : des centaines d'ouvriers se réapproprient des terres livrées à la spéculation « Quand nous sommes arrivés à Somonte pour occuper les terres, c’était un matin très tôt, au lever du soleil, se souvient Javier Ballestero, ouvrier agricole andalou. J’ai été surpris par le silence. Il n’y avait pas d’oiseaux sur ces terres ! Le SOC-SAT [1], syndicat d’ouvriers agricoles qui a organisé l’occupation, est habitué aux luttes foncières. « La terre est à vous. En ce matin hivernal, une trentaine de personnes se pressent autour d’un brasero, installé devant la petite cuisine de la « finca ». Une dizaine de militants portugais d’extrême gauche, en visite, et quelques militants français et espagnols, de passage ou séjournant à Somonte, se dirigent vers le hangar où est entreposé le matériel agricole. Développer une agriculture biologique paysanne Près du hangar, sous les regards complices de Malcolm-X, Zapata et Geronimo, immortalisés par un artiste sur un mur, Javier et son collègue Pepe distribuent sarcles et bêches, puis accompagnent les militants jusqu’au champ d’oignons.
1200 salariés, pas de patron et aucune hiérarchie : les secrets de la coopérative Cecosesola au Venezuela Des supermarchés, un hôpital, des productions agricoles, des services d’épargne… La coopérative vénézuelienne Cecosesola propose ses services à des dizaines de milliers de personnes et des prix très abordables. L’entreprise fonctionne sans hiérarchie ni patron. Son secret : l’autogestion intégrale et un fonctionnement horizontal permanent. Une initiative présentée dans un webdocumentaire, « Poder sin poder, l’autogestion au quotidien », qui nous emmène à la rencontre de douze projets radicalement démocratiques, en Espagne, en Argentine et au Venezuela. Cecocesola est un groupement de coopératives qui propose à la communauté de la ville de Barquisimeto – un bon million d’habitants – plusieurs services à des prix très accessibles. Cecosesola : video principale from Collectif Engrenages on Vimeo. La clé de voûte de cette organisation horizontale du travail au sein de la coopérative est les réunions. Les réunions de gestion ne servent pas à l’organisation du travail quotidien.
Tordères : commune autogérée, mode d'emploi - Marion Dumand Tordères est connu pour sa démocratie participative. Comment le projet et l’équipe municipale se sont-ils constitués ? Aux dernières élections, le maire sortant en avait ras la casquette, et le précédent (qui était resté 14 ans à la mairie), plutôt procédurier et bétonneur, voulait y retourner. On a alors organisé une grande réunion publique, ouverte à tous, même aux enfants et aux ados. On n’a pas réfléchi à qui était de droite, qui était de gauche, même s’il faut bien avouer que la majorité du village vote à gauche. Très vite, des idées essentielles se sont imposées, quant à la constitution de la liste et au fonctionnement de l’équipe municipale : 1. Comment se sont déroulées les élections ? Des 20 personnes retenues, seules 11 se sont finalement présentées, afin de pouvoir faire face à la liste adverse malgré le panachage électoral. Quelles priorités pour le village ? « On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste… » C’est l’esprit de notre programme. Un dernier mot ?