Francois Dubet : “parler de la fin du modèle éducatif est exagéré” La réforme des programmes au collège a fait couler beaucoup d’encre. Hier, mercredi 6 mai, des députés UMP et UDI ont demandé son retrait. Francois Dubet, sociologue et directeur d’études à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) propose une analyse complexe, à rebours des polémiques hystériques qui ont fleuri ces dernières semaines. Bondy Blog : Pour cette réforme des programmes, on a parlé de fin du modèle éducatif Français. Qu’en pensez vous ? François Dubet : Je pense que parler de la fin du modèle éducatif est exagéré. Ceux qui ne se conformaient pas à ce système décrochaient ou se retrouvaient en lycée professionnel, et ces situations se définissaient par l’échec. Vous êtes donc plutôt favorable à une telle évolution ? En effet. Etes vous favorable à la plus grande autonomie laissée aux enseignants à travers ces programmes ? Oui. Cela ne risque t il pas de créer des diplômes différents selon les enseignants, avec une école qui ne serait plus « la même partout » ?
Collège: la préférence pour l'inégalité? | Eunice Mangado Lunetta ÉDUCATION - En 2012 dans le pacte contre l'échec scolaire que l'Afev avait fait signer à plusieurs candidats dont François Hollande, nous pointions le collège comme le maillon faible de notre système éducatif et proposions une réflexion pour atténuer le passage école / collège si brutal pour les enfants les plus fragilisés à qui on fait payer le choix politique d'un collège pensé non dans la continuité de l'école mais comme le propédeutique du lycée. Certes, la priorité au primaire était nécessaire, mais nous appelions de nos vœux une réforme du collège sans laquelle, d'ailleurs, le travail engagé sur le premier degré n'aurait pas eu de sens. Pour sauver le collège unique, il fallait avoir le courage politique de s'attaquer à la contradiction profonde dans laquelle il se trouve : celui d'être à la fois un lieu unique d'accueil et de promotion de tous les publics, aussi hétérogènes soient-ils, et un lieu de sélection chargé de faire émerger une élite.
La réponse de Alain Boissinot Dans mon esprit, signaler que les langues anciennes n’occupent plus, au sein du système éducatif, la place qui a été la leur relève simplement du constat, assez banal au demeurant. Ce n’est en rien un avis sur l’opportunité de cette évolution… J’y vois un exemple, parmi d’autres possibles, du fait que le système des disciplines se modifie dans le temps : les hiérarchies bougent, de nouvelles disciplines apparaissent. Bref, les disciplines ne sont pas des essences, mais des constructions scientifiques et didactiques, sur lesquelles il est légitime –et souhaitable !- de s’interroger. S’agissant des langues anciennes, et notamment du latin qui a toujours été beaucoup plus enseigné que le grec, je connais bien les efforts qui ont été faits par beaucoup d’enseignants et par des associations particulièrement dynamiques pour renouveler leur enseignement, en tenant compte à la fois de nombreux travaux scientifiques et des transformations du public scolaire. Des perspectives existent.
Réforme du collège : la majorité fait bloc autour du projet de Najat Vallaud-Belkacem Le Monde.fr avec AFP et Reuters | • Mis à jour le La majorité resserre les rangs autour de Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'éducation nationale, dont le projet de réforme du collège fait l'objet de vives critiques. François Hollande lui-même a appelé, à nouveau, à la solidarité du gouvernement après le conseil des ministres, selon le compte rendu qu'en a fait le porte-parole, Stéphane Le Foll : « Le président de la République soutient [la réforme] et a demandé à tous les membres du gouvernement [leur] soutien. Il faut qu'il y ait une cohérence et un soutien de l'ensemble du gouvernement ». Le chef de l'Etat et le premier ministre, Manuel Valls, ont aussi rappelé « que l'enjeu de l'éducation (…) avait été au cœur de la campagne présidentielle et qu'il fallait donc soutenir cette réforme sur le collège ». La question des langues anciennes revue « Citer comme cela ces deux ministres à dessein, c'est quelque chose qui au fond ne grandit pas son auteur », a réagi M.
Trois intox sur la réforme du collège passées au crible Les débats houleux autour des nouveaux programmes du collège, que Najat Vallaud-Belkacem souhaite mettre en place dès septembre 2016, ne semblent pas près de s’apaiser. Entre les affirmations inexactes des opposants et les imprécisions du ministère de l’Education, on tente d'y voir clair sur le contenu réel d’une réforme soumise à consultation auprès des 800.000 enseignants de France, jusqu’au 12 juin prochain. 1L’intox : le latin et le grec vont disparaître C’est l’un des points les plus controversés : la réforme des programmes entraînerait la disparition du latin (actuellement enseigné en option dès la cinquième) et du grec (option accessible à partir de la troisième). Dans le nouveau projet, le latin et de grec restent donc proposés aux élèves, sous la forme d’un "enseignement de complément" parallèle à l’EPI. 2 L’intox : l’allemand sera supprimé 3 L’intox : l’histoire de l’islam remplacera celle de la chrétienté Alexis Orsini
Nouveaux programmes de français : Regards d'enseignants heureux Etait-il nécessaire de modifier les programmes Darcos 2008 ? Les nouveaux programmes apportent-ils des éléments intéressantq ? Sont-ils perfectibles ? Patricia Bonnard : « Faire sens avec ce que l’élève vit dans le monde réel » A la lumière de votre expérience, vous semblait-il nécessaire de modifier les programmes précédents ? Oui, bien sûr. D'autre part, c'est une vieille rengaine, mais les programmes sont trop lourds : le programme de langue en 3ème, tel qu'il est annoncé, n’est jamais vu en totalité puisqu'un temps précieux a été consacré à revoir les notions de 6ème, oubliées en trois ans (bien que revues chaque année…) ! Du coup, le fossé s'est creusé entre certains élèves (je ne généralise pas, bien sûr) et cette école qui ne leur parle pas, pas plus qu'elle ne parle à leurs parents, et qu'ils voient comme un facteur supplémentaire d'exclusion. Qu'est-ce que ces nouveaux programmes apportent selon vous d'intéressant ? Mes craintes concernent davantage la place de l'EMI.
Claude Lelièvre : Il faut dénoncer les polémiques assassines Jusqu'où peut aller la polémique en matière d'éducation ? Très loin, affirme Claude Lelièvre. Partant de la réforme du collège, l'historien de l'éducation remonte jusqu'à la réforme Haby, accusée elle aussi de détruire la culture... « Un phénomène assez curieux est à l’oeuvre: des éditorialistes, des polémistes, des pseudo-intellectuels –car pour moi quand un intellectuel s’exprime sur un sujet, il a la rigueur intellectuelle d’aller vérifier de quoi il parle– s’expriment sans avoir lu le contenu de cette réforme », a déclaré Najat Vallaud-Belkacem sur RTL..« Ce qui les fait en général commenter des contre-vérités, voire des mensonges absolus », a-t-elle ajouté. "Génocide intellectuel"... Les ''tribunes'' ou pamphlets assassins ont été en effet particulièrement nombreux et violents à ce moment-là. "Egalitarisme forcené"... Claude Lelièvre
MENE1511207D Publics concernés : élèves des classes de sixième, de cinquième, de quatrième et de troisième relevant du ministère de l'éducation nationale ; élèves des classes de quatrième et de troisième des établissements publics et privés sous contrat relevant du ministère de l'agriculture ; élèves des classes de sixième, de cinquième, de quatrième et de troisième des établissements d'enseignement privés sous contrat. Objet : formation dispensée dans les collèges et organisation des enseignements. Entrée en vigueur : le texte entre en vigueur à compter de la rentrée scolaire 2016. Notice : le décret modifie les dispositions relatives à la formation et à l'organisation des enseignements dispensés au collège afin de tenir compte du socle commun de connaissances, de compétences et de culture prévu par l'article L. 122-1-1 du code de l'éducation dans sa rédaction issue de la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013. « Art. « Art. « Cet arrêté peut prévoir d'autres enseignements pour les élèves volontaires.
MENE1511223A Article 1 - Les enseignements obligatoires dispensés au collège sont organisés conformément aux volumes horaires précisés dans les tableaux en annexe. Article 2 - Le volume horaire et les programmes des enseignements communs d'un cycle sont identiques pour tous les élèves. Article 3 - I. - Les contenus des enseignements complémentaires sont établis en fonction des objectifs de connaissances et de compétences du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et des programmes des cycles concernés. Toutes les disciplines d'enseignement contribuent aux enseignements complémentaires. II. - Les enseignements complémentaires prennent la forme de temps d'accompagnement personnalisé et d'enseignements pratiques interdisciplinaires : b) les enseignements pratiques interdisciplinaires permettent de construire et d'approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective. Fait le 19 mai 2015 Annexe 1
L'école française est trop élitiste Temps de lecture: 7 min Au fil des études de comparaisons internationales, l’image de l’école française ne cesse de s’assombrir. Le dernier rapport de l’OCDE brosse un tableau connu: un système scolaire voué à sélectionner une élite restreinte, mais où le niveau moyen des élèves se dégrade, en particulier depuis 10 ans, et qui laisse sur le carreau du grave échec scolaire près d’un enfant sur cinq; une sélection précoce qui fige les destins sociaux à la fin de la scolarité première et donne peu d’opportunité de seconde chance; un enseignement professionnel largement dévalorisé au profit des filières généralistes; des enseignants qui s’estiment peu préparés aux fonctions pédagogiques, non formés au travail collectif et qui, de surcroit, sont mal rémunérés et jouissent d’une faible considération. On ne dira jamais assez combien les effets psychologiques de l’école française sur le moral des Français sont délétères. Obsession familiale Ecole de masse ou d'élite Le mensonge Recrutement
Acquisition des compétences scolaires : le collège aggrave les inégalités soc... Maîtriser la syntaxe, comprendre un texte ou savoir mener un raisonnement logique sont quelques-unes des compétences que les élèves sont censés acquérir durant leur scolarité. Dans quelle mesure l'environnement social et culturel des enfants affecte-t-il ces apprentissages ? Et l'école parvient-elle à déjouer cette influence ? Une étude récente, dont le ministère de l'Education Nationale vient de diffuser les principaux résultats, montre malheureusement que non seulement les inégalités sociales jouent à plein sur ces apprentissages, mais que le système scolaire, loin de les réduire, tend plutôt à les aggraver (Voir également la chronique de Philippe Watrelot sur le sujet). Les deux auteurs, Linda Ben Ali et Ronan Vourc'h, s'appuient sur les résultats d'évaluations standardisées auxquelles ont été soumis deux fois, en sixième et en troisième, un panel représentatif d'élèves entrés au collège en 2007.
"L'école est une usine à normaliser, à légitimer les différences sociales" - ... Le Vif/L'Express : Vous écrivez que "la résignation est un plat qui se mange tôt". Comment expliquez-vous cette résignation d'une partie de la jeunesse ? Vincent Cespedes : On la résigne. On ne lui laisse aucun débouché qui pourrait conjuguer l'avenir et la passion. L'école aurait donc une grande responsabilité dans ce constat ? Les jeunes entrent à l'école passionnés et gourmands de connaissances et ils en sortent complètement dévitalisés, sans plus aucune envie de lire ni d'écrire. Vous parlez de "l'insuffisance de l'éducation quand elle se prive d'insuffler aux jeunes le plaisir d'être curieux, libres et solidaires, afin qu'ils puissent donner une forme généreuse à leur révolte". Elle forme des consommateurs. Comment expliquer ce conservatisme ? Parce que la France est un pays où les vieux gouvernent et font l'opinion. Vous affirmez que le succès de la téléréalité a éloigné un peu plus encore les jeunes des espaces de débat... La soif des jeunes n'est pas celle de la liberté.
François Dubet «Ce sont ceux qui tirent parti des inégalités qui résistent au... François Dubet (photo) est sociologue et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il vient de publier, avec Marie Duru-Bellat, 10 propositions pour changer l’école, aux éditions du Seuil. On reproche souvent à l’éducation nationale son immobilisme, est-ce injuste ? De loin, l’éducation nationale peut donner l’impression d’être un dinosaure congelé. C’est pourtant le pari de la ministre avec sa réforme du collège, qui repose sur la capacité d’innovation des enseignants… Plutôt que d’imposer une grande réforme par en haut, Najat Vallaud-Belkacem a essayé par en bas, en disant aux professeurs : innovez. N’avez-vous pas le sentiment de répéter les mêmes choses depuis vingt ans ? J’ai parfois le sentiment d’un piétinement. Le temps politique scolaire est extrêmement court : un ministre arrive avec son projet de réforme, aussitôt, des protestations. Pourquoi est-ce si compliqué de toucher à l’école ? Alain Juppé vient de publier ses propositions sur l’école.