Almanach national pour 1791, de PH. L. Debucourt
Contexte historique L’Assemblée constituante à l’œuvre Fin 1790, l’Assemblée constituante a déjà réussi à mettre en application une grande part des réformes fondamentales décidées depuis 1789. Bientôt la Constitution en projet doit sceller tous les acquis de la société nouvelle. Dès son origine, la Société des amis de la Constitution, futur Club des jacobins, contribue étroitement aux travaux de la Constituante. Les Parisiens d’alors, désireux de connaître les événements et les idées nouvelles, se précipitent sur la presse, qui connaît un développement extraordinaire. Analyse de l'image Un bilan radieux... Philibert Louis Debucourt, peintre qui préfère la gravure, illustre les transformations politiques et sociales en cours pour lesquelles se passionnent les acheteurs. Chacun affiche chez soi, en début d’année, un almanach mural orné d’une grande illustration et pourvu d’un emplacement réservé au calendrier.
Les citoyens actifs
Contexte historique Les conditions du suffrage Sieyès élabore la distinction entre « citoyens actifs » et « citoyens passifs ». Tout Français est citoyen mais ne dispose pas de ce fait du droit de vote. L’Assemblée constituante édifie un régime d’étagement des droits politiques d’après des seuils fiscaux. Elle exclut les pauvres et n’accorde aux moins pauvres que le droit de désigner une minorité d’électeurs fortunés. Pour être « citoyen actif », il faut avoir au moins 25 ans, résider dans la ville ou le canton depuis au moins une année, être inscrit au rôle de la garde nationale dans la municipalité du domicile, avoir prêté le serment civique et acquitté le paiement d’une contribution directe égale à trois jours de travail. On estime cependant à plus de quatre millions les « citoyens actifs » de 1790, chiffre considérable si on le rapporte aux 200 000 électeurs de la France de Louis-Philippe cinquante ans plus tard. Analyse de l'image Carte d’électeur Interprétation
La fête de la Fédération
Contexte historique La genèse de la fête Il s’agit de la fête la plus célèbre de la Révolution française. Fête emblématique, au point qu’aujourd’hui encore notre fête nationale réunit en elle deux adversaires : la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, et la Fédération du 14 juillet 1790. L’intention primitive de la fête n’était pourtant pas celle d’une célébration unanime. L’idée était née en province, dans cet hiver 1790 où les alliances défensives, hantées par les souvenirs de la Grande Peur, n’avaient cessé de se nouer entre les gardes nationales et l’armée tout entière. Analyse de l'image La procession du Champ-de-Mars Monnet et Hellman ont souhaité rendre le caractère grandiose de la scène La gravure représente le Champ-de-Mars creusé en forme d’ellipse, tel qu’on pouvait le contempler de la loge qui abritait l’Assemblée nationale. Interprétation L’histoire et la légende
La Liberté
Contexte historique Au lendemain de la prise de la Bastille, étendards, affiches et gravures commencent à diffuser des emblèmes du triomphe de la Révolution sur le despotisme. Symboles de la féodalité vaincue et personnifications des vertus révolutionnaires sont associés dans des combinaisons d’abord aléatoires. Mais de cette première irruption de symboles émerge une figure qui va incarner la Nation française, jusqu’à la chute de la monarchie du moins : la Liberté. Codifiée au XVIIe siècle, sa représentation a été soumise à des ajustements après 1789. L’Iconologie publiée par Gaucher en 1791 rappelle que la Liberté est représentée traditionnellement sous les traits d’une jeune femme vêtue de blanc, tenant d’une main le sceptre, qui « exprime l’empire que par elle l’homme a sur lui-même », et de l’autre le bonnet – pileus – qui distinguait l’esclave affranchi chez les Romains, le chat, ennemi de la contrainte, l’accompagnant parfois. Analyse des images Interprétation
Diplôme de Vainqueur de la Bastille
Contexte historique L’Assemblée et les acteurs de la prise de la Bastille Au lendemain du 14 juillet 1789, La Fayette a réorganisé la milice bourgeoise en garde nationale pour mettre fin à la situation insurrectionnelle créée par la prise de la Bastille, tout en conservant contre les troupes royales les forces d’une armée civique. L’Assemblée reste soucieuse de contrôler les éléments armés susceptibles de déclencher des émeutes. En février 1790, ceux qui se disent Vainqueurs de la Bastille adressent une pétition à l’Assemblée nationale pour obtenir une médaille. Une commission de la Commune de Paris vérifie, de mars à juin, les titres des Vainqueurs, de leurs veuves et de leurs orphelins. Mais la fête ne doit réunir que la garde nationale et les troupes de ligne, aussi, après leur avoir été accordée, la « place honorable » suscite des difficultés. Analyse de l'image Un diplôme exceptionnel pour les héros de la Bastille Interprétation
Fête de la Fédération, 14 juillet 1790
Contexte historique Une fête militaire pour l’ensemble de la nation En 1790, l’Assemblée constituante décide d’organiser une grande « Fédération des troupes de ligne et des gardes nationales » sur le modèle des fédérations qui se répandent en province depuis l’année précédente. L’acteur central de cette fête est la garde nationale. Sous ce nouveau nom, la milice bourgeoise a été réorganisée par La Fayette, au lendemain du 14 juillet 1789, pour mettre fin à la situation insurrectionnelle créée par la prise de la Bastille tout en conservant contre les troupes royales les forces d’une armée civique. La fête est fixée à la date anniversaire de la prise de la Bastille, et minutieusement organisée pour éviter tout débordement. 50 000 hommes armés, venus de tous les points du territoire, défilent au Champ-de-Mars, devant 300 000 personnes. Analyse de l'image Calendrier mural pour 1791 La mise en scène grandiose et le déroulement de la fête de la Fédération sont évoqués avec précision.
Brevet de volontaire de la garde nationale
Contexte historique La garde nationale en juillet 1790 La garde nationale n’est pas initialement destinée à protéger le royaume contre une agression extérieure, elle n’assure que la police intérieure, se borne à imposer le respect des lois et l’ordre public. Loin d'être un soldat de métier, le détenteur de ce brevet, Mathurin Auboin, est un gros fermier du village de Wissous, au sud de Paris. Analyse de l'image La symbolique des débuts de la Révolution Destiné à l’identification d’un garde national, ce brevet sur parchemin (25,5 x 34 cm), gravé en réservant l’espace pour des mentions manuscrites, par J. Les vignettes décoratives de l'encadrement, liées entre elles par des entrelacs de style Louis XV, mettent en évidence les symboles de la France nouvelle dont la défense s'organise en référence au moment fondateur : l'image de la prise de la Bastille, en bas, est connue de tous à l'époque. Interprétation Le patriotisme de l’an premier de la liberté
Louis XVI en roi citoyen
Contexte historique Petit-fils de Louis XV auquel il succéda en 1774, Louis XVI n’était guère préparé à assumer la royauté. Imperméable aux idées nouvelles en dépit d’un réel intérêt pour le progrès des sciences et des techniques, de caractère indécis et influençable, le roi n’eut pas le courage de soutenir les réformes proposées par ses ministres : son règne est marqué par une série de crises politiques et économiques qui devaient aboutir à la destruction de l’Ancien Régime. En 1789, il doit accepter sous la pression du tiers état la transformation des états généraux en Assemblée nationale ainsi que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Analyse de l'image Louis XVI est représenté sur un cheval cabré. Le paysage désert (seule une acanthe orne le premier plan dans l’angle inférieur gauche) semble en opposition avec la conception traditionnelle du portrait héroïque à arrière-plan militaire que suggère néanmoins le cheval cabré. Interprétation