Laïcité, le triomphe de l’équivoque, par Eddy Khaldi Pierre angulaire du modèle républicain, la laïcité fait aujourd’hui l’objet d’un unanimisme trompeur. Cette récupération du mot participe d’une dénaturation du concept, lequel revêt dorénavant des sens très divers, et parfois antinomiques. Dans une attitude de façade, l’extrême droite et la droite concentrent leurs feux sur l’islam, avec des arrière-pensées évidentes : « Je veux bien qu’on se cache derrière son petit doigt, mais les violations de la laïcité sont effectuées par un certain nombre de groupes politico-religieux musulmans, qui cherchent à imposer des lois religieuses au détriment des lois de la République. C’est pour cela que la laïcité s’affaisse », déclarait ainsi la présidente du Front national, Mme Marine Le Pen, le 3 avril 2011 (1). Dans le domaine institutionnel, l’offensive menée sur le terrain de l’école par l’Eglise catholique, avec l’appui d’élus locaux ou nationaux, de gauche comme de droite, favorise la remise en cause de la neutralité de l’Etat. Nouvelles cibles
Mélenchon et Le Pen côte à côte à l'hommage national : fourberie de Hollande et déliquescence du système médiatique. Le vendredi 28 novembre aux alentours de 16h00, quatre heures après avoir assisté à l’hommage national aux Invalides, Jean-Luc Mélenchon publie un tweet : « Attention particulière de la présidence : me placer à côté de Le Pen aux Invalides. Misérable. ». Immédiatement, ce tweet est partagé, analysé, commenté par toute la presse politique (et même non politique puisque on a pu voir des articles jusque dans Closer). Globalement, une même lecture des évènements : « un jour d’hommage national, quand même, c’est honteux de faire un tweet pareil ». Mais l’est-ce vraiment ? En ce jour d’hommage national aux victimes, de nombreux élus de la République étaient rassemblés dans la cour des Invalides. Évidemment, cela ne tient pas debout pour qui connaît son alphabet par cœur puisque Jean-Luc Mélenchon était placé à côté de Nicolas Bay, lui-même placé à côté de Marine Le Pen, elle-même placée à côté de Florian Philippot. Pourquoi ? Mais ce n’est pas le pire.
BALLAST Quand les élites mondiales récupèrent le féminisme Traduction inédite, en français, pour le site de Ballast Tout au long de ce texte, la féministe et socialiste américaine Hester Eisenstein, auteure de l'essai Feminism Seduced: How Global Elites Use Women's Labor and Ideas to Exploit the World, se penche sur l'usage éhonté que les grandes entreprises et autres industries font des discours et des principes féministes afin de renforcer, un peu partout, les politiques néolibérales. Sous couvert d'émancipation et de libération perdure l'exploitation, celle de millions de travailleuses. La lutte féministe, insiste l'auteure, ne se mènera jamais « à titre individuel ». Depuis la publication de mon livre, on me demande régulièrement ce que signifie l’expression « la séduction du féminisme ». « Ce sont les femmes, plutôt que les programmes de développement étatiques, qu’on cible pour éliminer la pauvreté dans les pays en voie de développement. » « La mondialisation est un processus à double tranchant pour les femmes.
L'énigme des enfants précoces bientôt résolue Dans le langage courant, on les appelle « surdoués » ou « élèves précoces ». Les spécialistes préfèrent désormais les qualifier d’enfants à haut potentiel (HP). Leur point commun est d’avoir un QI supérieur ou égal à 130. Mais sur le plan scolaire, leur réussite varie fortement. Quand certains obtiennent le bac à 14 ans, d’autres redoublent. Pour la première fois, une équipe de scientifiques lyonnais a voulu résoudre cette énigme. Fanny Nusbaum, Olivier Revol et Dominic Sappey-Marinier, rapport du rectorat de l’académie de Lyon à la commission chargée de la prise en charge des enfants à haut potentiel à l’école, 2015.
Ce que s’abstenir veut dire, par Céline Braconnier & Jean-Yves Dormagen (Le Monde diplomatique, mai 2014) En France, les dernières élections municipales, les 23 et 30 mars 2014, ont suscité un déluge de commentaires sur la montée de l’extrême droite. Certains sont allés jusqu’à y voir un quasi-plébiscite local en faveur du Front national (FN). Ce flot de déclarations, d’articles et de reportages télévisés contraste avec ce qui constitue la donnée majeure du scrutin, et plus généralement de tous les scrutins depuis trente ans : le taux record d’abstention, dont l’étude précise conduit à nuancer les analyses produites à chaud. Si la progression du FN par rapport aux municipales de 2008 est incontestable, elle n’en demeure pas moins contenue. Même chose s’agissant de la « vague bleue ». Depuis près de trente ans, à chaque consultation, l’abstention bat un nouveau record. Le problème s’avère d’autant plus sérieux que cette minorité votante n’est pas représentative, socialement et politiquement, du corps électoral dans son ensemble. Un maire désigné par 12 % de la population
Femmes qui enfantent, femmes qu’on affame Les sociétés patriarcales ont une constante, celle de priver les femmes de nourriture. De nombreuses croyances et coutumes visent à restreindre leur accès à une alimentation riche et de qualité. Certes, chaque culture invoque ses propres raisons, souvent religieuses, pseudo-scientifiques ou traditionnelles, pour justifier de telles pratiques, mais la finalité est la toujours même : affaiblir physiquement les femmes pour mieux les dominer. Le dogme du jeûne pendant le travail obstétrical a été introduit en 1946. Pendant les sept décennies qui ont suivi, les techniques obstétricales se sont améliorées, les recours à l’anesthésie générale pendant l’accouchement ont dégringolé, les études démontrant le peu d’intérêt de ce jeûne se sont accumulées, mais l’interdiction de boire et de manger est restée. Plus risible encore, les obstétriciens qui brillent rarement par leur logique, ne remarquent pas que cette interdiction est en contradiction flagrante avec leurs propres pratiques. Sources: N.
École privée ou publique ? Une bobo face à ses contradictions Delphine est bobo, blanche, diplômée. Elle habite un quartier de Paris où vivent des Noirs, des Arabes, des Asiatiques. Elle est de gauche, généreuse, pour la diversité et la mixité sociale. Mais quand ses filles ont l’âge d’aller à l’école, elle se trouve placée devant ses contradictions. Car « l’école publique, c’est pour les pauvres », lui résume une amie d’origine étrangère, qui a mis ses deux gamines dans le privé. « Liberté, égalité, fraternité » sur le fronton d’une école publique parisienne - STEPHANE DE SAKUTIN/AFP Un récit à la première personne, honnête et lucide, qui chronique les contradictions de la classe privilégiée et politisée. Chaque matin, comme tous les parents du quartier, Delphine emmène ses filles à l’école. « Il y a les gens des tours HLM, les pères en costume-cravate, les petits commerçants. » Mais vient un moment où le flot des gamins se divise : ceux qui vont à l’école privée et ceux qui vont à l’école publique. « Il y a un tri social et ethnique implacable. »
Le Front national verrouille l’ordre social, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, janvier 2016) Tout profite à l’extrême droite française : une économie en panne, un chômage dont la courbe s’envole au lieu de s’inverser, la hantise du déclassement et de la précarité, une protection sociale et des services publics menacés, un « projet européen » aussi savoureux qu’une gorgée d’huile de ricin, une vague migratoire que gonfle le chaos de plusieurs Etats arabes, des attentats de masse dont les auteurs se réclament de l’islam… Sans oublier, depuis près de trente ans, un Parti socialiste qui partage avec la droite à la fois la responsabilité de politiques néolibérales désormais cadenassées par les traités européens et le projet de se maintenir indéfiniment au pouvoir (ou, pour la droite, d’y revenir) en se présentant, élection après élection, comme le barrage ultime contre le Front national (FN). Evincé du second tour de l’élection présidentielle par M. Jean-Marie Le Pen le 21 avril 2002, le premier ministre Lionel Jospin parlait déjà ce soir-là d’un « coup de tonnerre ».
En finir avec le fardeau de la responsabilité, ou le féminisme domestique. | La Chatte Il semble que les grands esprits se rencontrent, puisque je lis à l’instant ceci alors que je ruminais un billet sur un sujet similaire. Pour ceux et celles qui ne voudraient pas tout lire, Denis Colombi y aborde ce que Jean-Claude Kauffman appelle la « stratégie du mauvais élève« , souvent mise en place par les hommes pour éviter d’accomplir certaines tâches ménagères, qui consiste à mal faire les choses pour en être dispensé. Exemple : Monsieur est sommé de passer la serpillère, mais oublie les coins des pièces et les dessous de tapis, si bien que Madame décide de ne plus le laisser toucher un balai-brosse à l’avenir, puisqu’il faudra de toute façon qu’elle repasse derrière lui pour que tout soit impeccable. Mission réussie pour Monsieur. Cet exemple est caricatural (je connais des hommes qui passent très bien la serpillère), mais, au sein des couples, j’ai souvent constaté des cas similaires. Je pourrais citer des dizaines d’exemples, émanant de couples de toutes les générations.