Quand la finance échappe aux financiers eux-mêmes ! « La Plume d'Aliocha Quand la finance échappe aux financiers eux-mêmes ! Allons, puisque nous sommes tous plongés dans la crise des subprimes, autant rester dans le sujet. Je voudrais faire une précision à l’attention de mes lecteurs. Je suis juriste de formation, pas économiste. La presse économique fait appel à mes services pour décrypter une réglementation, analyser un nouveau texte, débattre des mérites d’un projet de réforme. N’attendez pas de moi que je vous livre une analyse lumineuse et inédite de la crise. "A titre d’illustration, on notera que dans certaines banques, en raison du fonctionnement des systèmes d’information, les conseils ne sont plus informés des positions globales de trading mais des positions nettes. Avouez que ça donne le vertige non ? Like this: J'aime chargement…
Crise des subprimes : la presse économique en question ? « La Plume d'Aliocha Un coup d’oeil sur Boursorama m’apprend que le CAC 40 amorce un rebond à la suite du sauvetage d’AIG. Mais pour combien de temps ? La crise n’est pas soldée. Ce que nous savions Aux lecteurs qui se demanderaient si nous savions que cette crise allait survenir, la réponse est non. L’a-t-on assez dit ? Voilà une question délicate qui nécessite d’expliquer comment fonctionne la presse économique. Indépendance intellectuelle ? La question de l’indépendance économique se double de celle de l’indépendance intellectuelle. Mais, me direz-vous, quel rapport avec la crise des subprimes et le rôle de la presse économique ? Faut-il boycotter la presse économique ? Non bien sûr. Like this: J'aime chargement…
Révolte et mélancolie, de Michaël Löwy et Robert Sayre Chine trois fois muette, de Jean-François Billeter Il est devenu aujourd’hui banal de constater la prise de pouvoir de l’économique sur le social, en général pour la déplorer. Mais, en posant le problème en termes moraux, on le prive trop souvent de son historicité : on oublie que la grande force du système, celle qui explique sa longévité, est de parvenir à donner l’illusion de sa « naturalité », en se présentant comme la grève sur laquelle toute société humaine est destinée à échouer tôt ou tard. Dans Chine trois fois muette (2000), Jean-François Billeter retrace le long processus au fil duquel, à partir de la Renaissance, en Europe, la façon qu’avaient les marchands de voir le monde est devenue la vision universellement partagée, aboutissant à « soumettre l’infinie profondeur et variété du social aux abstractions de la raison marchande ». Cette confusion entre raison instrumentale et raison tout court nous prive du moyen d’agir sur le développement autonome du capitalisme, car elle reste largement inconsciente.
Le consommateur (vraiment) rationnel est-il un rat ? Le premier semestre universitaire se termine déjà et avec lui ce cours de sociologie de L2 AES dans le cadre duquel je me suis intéressé aux conditions de la rencontre entre l'offre et la demande. La sociologie, sur ce sujet, cherche en quelque sorte à ouvrir la boîte noire des fameuses « choses égales par ailleurs » dans laquelle les économistes rangent les facteurs qui ne les intéressent pas en priorité (mais dont ils reconnaissent l'existence de ce fait même). J'ai beaucoup suivi cette année les travaux de Franck Cochoy (dont celui-ci)... un peu trop même à la réflexion et je réfléchis déjà à améliorer le propos l'an prochain. Pour cela, rien de tel que de se replonger dans la microéconomie, avec, par exemple, le manuel très bien fait de Paul Krugman et Robin Wells, dont les multiples encadrés et études de cas sont autant de pistes de réflexion pour la sociologie et l'anthropologie (qui ne peuvent pas se contenter de refuser le raisonnement économique). Figure 11.9 (reproduction)
Les usages de l'argent 1Parler de l’argent aujourd’hui, dans notre culture, consiste tout d'abord à entrer dans un monde mythologique, celui de la science économique. Dans cet univers, les non-initiés voient s'affronter des êtres mystérieux mais infiniment puissants comme l'inflation, la reprise, les investissements... tous gouvernés par la puissance menaçante qu'Adam Smith désigna par l'expression « main cachée ». Ces êtres semblent animés par des motivations qui dépassent de loin la compréhension des simples humains mais leurs actions, comme celles des dieux grecs, sont lourdes de conséquences pour les hommes, qui réalisent alors leur impuissance. Ces affrontements de titans vagues et indistincts semblent avoir lieu hors du temps et de l'espace qui circonscrivent la vie des mortels. 1 Un phénomène déjà bien illustré dans des cas fort différents par le volume Barter Exchange and Value (...)
untitled Les inégalités n’ont pas toujours existé. Plus encore, leur apparition est loin d’avoir partout suivi le même chemin que celui emprunté par l’Europe et les Proche et Moyen-Orient, le plus souvent résumé par le modèle de la « révolution néolithique ». Montrant la volonté de la collection « Passé & Présent » d’élargir son champ chronologique (jusqu’aux périodes les plus anciennes) et au-delà de l’histoire proprement dite (ici, la « préhistoire » et l’ethnologie), cet ouvrage de vulgarisation insiste sur l’importance d’une approche universelle de l’évolution des sociétés dites « primitives ». S’appuyant sur les très nombreux exemples de sociétés étudiées par les ethnologues et les voyageurs alors qu’elles étaient encore vivantes, il montre le cas de sociétés durablement égalitaires ainsi que la variété des chemins empruntés vers l’inégalité. Dossier de presse Compte-rendu Christophe Darmangeat est un économiste marxiste qui s’intéresse à l’anthropologie : après tout, pourquoi pas ! A. S. S!
Qu’est-ce que la dette ? David Graeber, est un anthropologue états-unien. Il a participé au mouvement altermondialiste et se définit comme anarchiste. En 2011, il a publié une vaste étude sur la dette intitulée Debt : the First Five Thousand Years (‟Dette : les 5000 premières années”) dans laquelle il contredit l’un des fondements des théories économiques en soutenant, entre autres choses, la thèse selon laquelle le système du troc n’a jamais été utilisé comme moyen d’échange principal au cours de ces cinq derniers millénaires. La plupart des économistes affirment que la monnaie a été inventée pour remplacer le système du troc. De mon côté, je suis un anthropologue, et nous, les anthropologues, nous savons depuis longtemps que cette histoire est un mythe, tout simplement parce que s’il y avait des endroits où les transactions quotidiennes avaient pris la forme de « Je vais vous donner vingt poulets pour cette vache », nous aurions dû en trouver un ou deux. Vous dites que, dans la Mésopotamie de 3200 avant J.
La compétitivité, ou la loi des multinationales Depuis les années 90, la compétitivité est devenue le maître mot du discours politique, un véritable mantra. Aujourd’hui encore, depuis le Parti socialiste jusqu’à la droite, la compétitivité serait l’unique voie de sortie de la crise. Pourquoi au juste ? Parce qu’il n’y a pas le choix. Dans un contexte de libéralisation et de concurrence généralisées, la compétitivité, c’est l’équation gagnante : compétitivité des entreprises = croissance = créations d’emploi. Cette simple équation permet de comprendre comment la compétitivité s’est imposée comme un objectif ultime, un modèle « gagnant-gagnant » : les entreprises, les salariés et les gouvernements, tout le monde y gagne ; c’est la fin de la lutte des classes, sous la bénédiction bienveillante du capitalisme financier. Cette potion magique ne s’applique pas seulement à l’économie, mais à la société toute entière. Pourtant, la quête de la sacro-sainte compétitivité n’a pas été en pertes pour tous. Le rêve des industriels Frédéric Lemaire
Ras-le-bol de LA compétitivité (néolibérale) ! On a eu droit avec le rapport Attali (début 2008) à un hymne à la « libération de la croissance ». Voici venu le temps de l’invocation de LA compétitivité, source majeure, selon notre Président, de croissance et d’emploi. Tout se passe comme s’il n’en existait qu’une modalité : LA compétitivité. Une telle vision signe la défaite du politique, dont l’une des missions devrait être la détermination des règles du jeu économique, donc des règles de la compétition dans la sphère marchande (qui n’est pas la seule, et dont le politique doit aussi circonscrire le périmètre pour préserver des biens communs hors marchés). Si la compétitivité des entreprises désignait leur capacité à survivre honorablement (avec évidemment des cas non viables mais gérés selon des règles sociales) dans une concurrence bien encadrée socialement et écologiquement, si elle désignait leur capacité à innover, à s’adapter, à répondre à des besoins d’émancipation humaine, j’aurais peu de raison d’écrire « ras-le-bol ».