Et si on essayait l’empathie - La Croix Le mot «empathie» est désormais sur toutes les lèvres. Pour ses partisans, elle serait la clé d’un vivre-ensemble aujourd’hui malmené (1). Elle serait aussi le nouveau sésame éducatif. Celui qui permet aux enfants d’apprendre à se comporter avec les autres. Celui qui permet aux parents de trouver la bonne distance avec leurs enfants, et de les élever avec bienveillance. « L’empathie donne à l’enfant une boussole intérieure » L’importance de l’empathie a été validée par les avancées majeures des neurosciences. Du coup, psychologues et pédagogues y ont vu une clé de l’éducation des enfants qui apprendraient par imitation et décryptage des émotions d’autrui. Une révolution copernicienne L’enfant naîtrait équipé pour un tel décryptage. Plus encore, si l’enfant est si perméable au comportement des autres, la question du modèle que lui donnent ses parents prend tout son relief. Une écoute à hauteur d’enfant A l’école aussi Des initiatives innovantes Florence Levillain/Signatures Emmanuelle Lucas
8ème FEI : Développer l'empathie à l'école Le mot empathie est entré officiellement dans le langage de l'Education nationale à propos de la lutte contre le harcèlement. A Trappes, Bertrand Jarry accompagne l’école Henri Wallon dans un projet de développement de l'empathie chez les écoliers. Base d'un travail plus global d'intégration à l'univers scolaire. A Trappes, Bertrand Jarry est CPE au collège Y Gagarine mais aussi formateur du réseau Rep+. Comment le projet "Apprendre à vivre ensemble en classe" est-il né ? Ce projet est la continuité d’un travail engagé au collège Youri Gagarine de Trappes en septembre 2012 (collège du réseau de l’école Henri Wallon). Les objectifs poursuivis devaient répondre aux problématiques du terrain et à ses spécificités. Après une formation action de deux années et des échanges en inter-degrés, des enseignants de l’école élémentaire Henri Wallon ont souhaité à leur tour s’emparer de cette réflexion. Comment arrivez-vous à développer ce projet au niveau de l'école ?
Laissez moi vivre à poil sur mon île ! A 76 ans, Masafumi Nagasaki n'a plus peur de rien: la violence des typhons et les morsures d'insectes ne sont rien en comparaison avec la vie en société. Du coup, ce Japonais préfère vivre seul sur sa petite île, aussi inhospitalière soit elle. Depuis vingt ans, Masafumi ne veut plus entendre parler de la race humaine, raison pour laquelle il s'est installé sur la petite île japonaise de Sotobanari, située à seulement un kilomètre du rivage, mais où les courants sont si dangereux que les pêcheurs locaux n'osent pas s'y aventurer. Sur l'île, la vie n'a rien de tendre. Aucune source d'eau douce, des insectes hargneux et de temps en temps des typhons qui viennent malmener le vieil homme et le peu qu'il possède. Sur son petit bout de terre, il peut se promener nu comme un ver et faire ce qui lui plaît. "Je ne fais pas ce que la société me dit de faire, je préfère suivre les lois de la nature. Masafumi se lave à l'eau de pluie et préfère ne pas porter de vêtement sur son île.
Dans la tête des «nouveaux ninjas de l’islam» Au cours des années 70, plusieurs psychologues sociaux, dont Henri Tajfel, mettent en lumière les effets pervers d’un mécanisme psychologique en apparence anodin : la «catégorisation sociale». Ce mécanisme, qui peut être gravement altéré chez certains individus (schizophrènes, autistes et patients Alzheimer à un stade avancé), consiste à découper l’environnement social en catégories de personnes (hommes-femmes, jeunes-âgés, Noirs-Blancs, etc.) jugées relativement distinctes les unes des autres. Quoi de plus ordinaire ? Sans ce découpage, il nous serait, en effet, bien difficile de comprendre et d’agir sur notre environnement social. Un fois par mois, Libération publie en partenariat avec le magazine en ligne de l’organisme ( une analyse scientifique originale. En effet, sous certaines conditions (crise économique, pénurie, sentiment de privation, manipulations politiques ou religieuses, etc.), la catégorisation sociale et ses biais sont exacerbés.
Après-attentats : « les profs doivent apprendre comment éduquer leurs élèves aux émotions » (Edith Tartar Goddet, psychosociologue) Pour Edith Tartar Goddet, psychosociologue, l'Ecole doit développer une "éducation aux émotions", en apprenant aussi aux enseignants à "trouver les mots". Au lendemain du 13/11, elle insiste sur l'importance "d'apprendre aux jeunes à vivre avec l'insécurité". Edith Tartar Goddet est psychologue clinicienne et psychosociologue. Edith Tartar Goddet est psychologue clinicienne et psychosociologue. Après le 13 novembre, la majorité des enseignants a adopté une pratique “psychosociale” : ils ont laissé parler leurs élèves… Cette importance donnée aux mots est-elle inédite ? Les attentats n’ont pas transformé notre quotidien, même si l’insécurité actuelle semble inédite. Je constate un emballement, lié à l’intensité inhabituelle des événements violents du 13 novembre. L’enseignant doit savoir mettre des mots sur ce qui s’est passé. L’école ne joue pas un nouveau rôle. Pour aider ses élèves à s’exprimer, doit-on les y inciter, ou au contraire essayer de ne pas les “forcer” à parler ? Fabien Soyez
Apparition de monnaies alternatives en Grèce boostées par le Net et l'Open Source Les systèmes d’échange local (ou SEL) existent depuis bien longtemps. Dans la situation actuelle de la crise européenne, ils pourraient bien retrouver une seconde jeunesse grâce au réseau et à son esprit libre. La montée des monnaies open source en Grèce Open-source currencies on the rise in Greece Zachary Caceres - 25 juillet 2012 - Radical Social Entrepreneurs(Traduction : Amine Brikci-N, brieuc, volk, Tonio, YoDigue, Mnyo, Gatitac, KarmaSama, Uflex) Dans l’ombre de la crise européenne, les habitants de la ville grecque de Volos prennent leur avenir monétaire en main. Theodoros Mavridis et d’autres Grecs à court d’euros ont mis en place un système de monnaie locale appelé TEM, acronyme pour « Unité Alternative Locale » en grec. Même si la Grèce est en panne d’euros, les Grecs ont encore des biens et des services utiles à s’échanger. C’est là que le TEM intervient Après avoir créé un compte, les membres échangent entre eux en utilisant les crédits TEM. Et si les choses empirent ?
Scenes de guerre en zone de paix Par Aris MESSINIS Des enfants se blottissent sous des couvertures de survie après leur arrivée à Lesbos en octobre. (AFP/Aris Messinis) LESBOS (Grèce), 10 novembre 2015 - Ce qui me choque le plus dans cette couverture, c'est de me dire qu'on n'est pas en zone de guerre. Qu'on travaille en zone de paix. J'ai travaillé en Syrie et en Libye. A Lesbos, la souffrance humaine ne diffère pas de celle qu'on croise dans une guerre. Le corps d'un enfant noyé sur une plage de Lesbos. C'est dur aussi d'avoir à traduire les difficultés des gens, leur souffrance, alors qu'on ne court soi-même aucun danger. Aris Messinis transporte un enfant sur le rivage à Lesbos. Il y a tellement de bateaux, parfois on se concentre sur un seul. Un bateau rempli de migrants coule au large de Lesbos, fin octobre. Les bébés, c'est ce qui me touche le plus. Des médecins tentent de réanimer un enfant qui était sur un bateau ayant coulé près de Lesbos, fin octobre. Je préfère ne plus y penser. J'essaie de rendre cela.
Des cours de solidarité et de gentillesse à l'école primaire, trois pays donnent l'exemple EDUCATION - Les cours d'empathie et de gentillesse font leur entrée dans les écoles primaires. Au Danemark, ils sont désormais obligatoires pour les 6-16 ans. Et dans d'autres pays, ces enseignements existent depuis un bon moment. En Russie, depuis près d'une douzaine d'années, des cours de gentillesse sont dispensés dans les écoles moscovites. Une étude datant de 2010 réalisée sur 14.000 collégiens américains, démontrait qu'ils étaient moins empathiques - capables de se mettre à la place d'autrui, de percevoir ce qu'il ressent, résume Larousse - que les enfants ayant grandi dans les années 1980 et 1990. Psychologies Magazine qui a introduit la journée internationale de la gentillesse en France en 2009 écrivait à l'époque tous les bienfaits de la gentillesse et de l'empathie: "l'empathie est une disposition innée", "le pardon est bon pour le système cardio-vasculaire", etc. • Danemark L'information a fait le tour des réseaux sociaux depuis la fin du mois d'août. • Russie • Pays-Bas
Comment je suis devenu plus humain : écoutez notre entretien avec Tristan Lecomte Tout au long de son parcours au sein d’Alter Eco, Tristan Lecomte n’a cessé de tisser des liens forts, fraternels, et privilégiés avec les petits producteurs agricoles. Ces rencontres ont été la source d’actions concrètes développées pour soutenir les producteurs, grâce au commerce équitable et à l’agriculture biologique. A présent, via les marchés de la compensation carbone, il accompagne les petits producteurs vers toujours plus d’indépendance. Tristan Lecomte s’est récemment installé en Thaïlande pour vivre au plus proche de la terre. "Le chemin reste gigantesque avant que nous ne parvenions à sauver la planète que nous avons mise en danger. Tristan Lecomte a été désigné par le magazine américain Time comme l’une des 100 personnalités les plus influentes en 2010, et nommé Young Global Leader par le Forum Economique Mondial de Davos. Ecoutez notre entretien avec Tristan Lecomte La Forêt comme ligne directrice Les petits producteurs, une solution de par le monde
Perdre la raison face aux barbelés | Making-of IDOMENI (Grèce), 18 avril 2016 – Une des choses qui me frappe le plus chez tous ces réfugiés bloqués depuis des mois à la frontière gréco-macédonienne c’est de les voir, lentement, perdre la raison. Voilà des années que je couvre cette crise de réfugiés. Je suis allé dans un grand nombre d’endroits et à chaque fois la situation est différente. J’ai vu des Syriens franchir en masse la clôture barbelée à la frontière turque pour échapper aux combats qui faisaient rage chez eux, à quelques centaines de mètres. J’en ai vu d’autres débarquer sur les côtes de Lesbos après une dangereuse traversée depuis la Turquie. Le camp d'Idomeni, le 1er avril 2016 (AFP / Bulent Kilic) Ce qu’il y a de particulier ici, c’est le désespoir extrême, absolu. Alors ils perdent la raison. Autour d'un feu dans le camp de réfugiés d'Idomeni (AFP / Bulent Kilic) Et il y a les conditions matérielles dans lesquelles tous ces gens vivent. La première chose qui vous frappe ici, c’est l’odeur. (AFP / Bulent Kilic)
Le jeu Feelings : que d'émotions ! L'an dernier, je vous parlais du jeu Feelings. Je remonte et nettoie cet article parce qu'il vient de remporter un des labels "Jeu éducatif" décerné au FLIP de Parthenay (Festival International du Jeu). Depuis la rentrée 2015, les programmes d'EMC ont changé : BO spécial du 25 juin 2015 (clic). Le premier item de ces nouvelles instructions est libellé de la manière suivante : La sensibilité : soi et les autres. Ainsi, on nous demande de travailler avec les élèves sur leurs émotions. Et c'est pourquoi je me félicite de la découverte du jeu Feelings, et de son adaptation en classe entière : Feelings, c'est un jeu de société, inventé par le créateur du jeu Dixit. Avec Feelings, 4 à 8 joueurs jouent à essayer de deviner l'émotion ressentie par leur partenaire dans une situation donnée. J'explique. Sur la table de jeu se trouvent des émotions (piochées au hasard). Par exemple (exemples tirés des cartes du niveau "écoliers") : Je m'arrête tout de suite sur ces situations. Pour cela :
Si les réfugiés étaient Français, voici ce que ça donnerait. Une vidéo choc qui fait réfléchir. On ne peut pas comprendre les réfugiés sans ressentir la guerre. Or, en France, nous ne sommes plus très nombreux à savoir ce que signifie (réellement) un bombardement, l’exode, la peur, la faim ou le froid. Aussi, pour nous rafraîchir la mémoire, une ONG a imaginé un procédé créatif, percutant et redoutable. Cette ONG, c’est Save the children (sauver les enfants). Cette vidéo a été vue plus de 55 millions de fois. Le premier épisode, posté le 5 mars 2014, se concluait par cette phrase : « Ce n’est pas parce que ça ne se passe pas ici que ça ne se passe pas. » Le voici : Le deuxième épisode a été posté il y a deux jours. « Ça se passe ici. Pour venir en aide à quelqu’un il faut au préalable ressentir un minimum de compassion et se dire : « ça pourrait m’arriver aussi et je ne souhaiterais pas que ça m’arrive ». Pourvu qu’elles continuent d’êtres vues. Dans le même esprit, lire aussi : « Quand Zep dessine un Titeuf fuyant les bombes et le chaos, la guerre nous devient familière. »
Les émotions Cette séquence prend place dans un projet global autour des émotions, qui s’étalera sur l’année. C’est une première approche du lexique spécifique des sentiments et des émotions. Le projet se poursuivra en littérature (travail sur ce que ressentent les personnages (façon Lectorino), en production d’écrit (écrire sur ce que l’on ressent suite à une visite, un spectacle, un événement vécu), en langage (inférer sur les émotions et pensées de personnages dans des situations particulières et justifier son avis), en arts visuels (recherche des émotions des personnages sur des images, reproduction de ces traits). Je ne sais pas trop où ranger cet article: production d'écrit, langage, EMC, ni à quel niveau l'adresser; le travail présenté est mené pour ma part avec des CE1, sur un temps réservé à la production d'écrit. Le besoin de travailler ce sujet est né il y a 3 ans. C’est donc la 3ème année que l’on effectue ce travail, jamais tout à fait de la même façon, on peaufine chaque année !
Quand le jeu vidéo se saisit de la question des migrants De manière générale, la critique des jeux vidéo n’a pas la même visibilité que celle des autres champs culturels. Elle reste encore largement l’apanage des espaces spécialisés (magazines, ou forums et sites). Le jeu vidéo est encore vu par beaucoup comme un simple divertissement. Si les jeux sur l'immigration connaissent un succès d'estime, voire, parfois, un succès commercial (1,8 million d’exemplaires de Papers, please vendus à ce jour), il est encore très difficile de mesurer leur portée dans la société. Néanmoins, ponctuellement des jeux vidéo font la une car ils cristallisent des débats politiques ou des tensions sous-jacentes dans la société. Les médias conservateurs américains ou certains commentaires d’internautes ont montré toute la défiance qu’une frange de la société éprouve envers ces jeux vidéo « sociaux ». Mais le cas de réception controversée le plus marquant reste jusqu'ici le jeu australien Escape from Woomera. -- Crédits photos : Capture d'écran de Smuggle Truck.