Cinéma - Lola Montès - La critique La restauration du chef-d’œuvre d’un maître du cinéma. Lola Montès ou la perfection du septième art. L’argument : L’ancienne courtisane déchue Lola Montès est exhibée dans un cirque de la Nouvelle Orléans où un spectacle relate sa vie mouvementée. Copyright Les Films du Jeudi Notre avis : Lola Montès est paradoxalement l’un des films à la fois les plus célèbres et les plus méconnus de l’histoire du cinéma. Copyright Les Films du Jeudi Outre la prouesse technique de la version remastérisée, qui permet d’apprécier le travail sur les couleurs de Christian Matras et les remarquables décors de Jean d’Eaubonne (surtout dans les séquences du cirque, comme la danse des Lilliputiens), la nouvelle version offre des passages inédits qui accentuent le côté crépusculaire : désespoir de la jeune Lola errant sur le pont du navire (admirable travelling ophulsien), fuite de Munich en calèche... Bande-annonce de Lola Montès
Lola Montès et le cinéma des attractions 1 Susan M. White, The Cinema of Max Ophuls. Magisterial Vision and the Figure of Woman. 1Écrire que Lola Montès rend hommage à ce que Gunning et Gaudreault ont appelé « le cinéma des attractions » est, pour le moins, un euphémisme. 2En situant Lola Montès, l’histoire d’une courtisane européenne notoire, dans un cirque du XIXe siècle, Ophuls retourne aux racines du spectacle en tant qu’attraction – notion empruntée par Gunning aux théories de Sergeï Eisenstein : 2 Tom Gunning, « The Cinema of Attractions : Early Film, its Spectator and the Avant-Garde », in Early (...) Le terme « attractions » vient, bien sûr, du jeune Sergeï Mikhaïlovitch Eisenstein et de sa tentative de trouver un nouveau modèle, un nouveau mode d’analyse pour le théâtre. 3Gunning décrit l’exhibitionnisme délibéré du cinéma primitif, montrant plus particulièrement une pratique 3 Ibid. 4Ces qualités du cinéma primitif se retrouvent dans Lola Montès, dans le choix tout à fait délibéré du cirque comme cadre narratif.
« Un caprice qui ne finirait pas… » : la genèse de Lola Montès 1Ultime chef-d’œuvre de Max Ophuls, Lola Montès a déjà fait couler beaucoup d’encre, mais ses commentateurs n’ont guère, jusqu’à ce jour, considéré le film que dans son rapport au reste de l’œuvre du cinéaste. Cette volonté est si manifeste, même, qu’on a toujours choisi d’ignorer le fait, facile à vérifier pourtant, qu’il s’agissait d’une commande de circonstance plutôt que d’un projet véritablement personnel d’Ophuls. 2Dans les pages qui suivent, on entreprendra de décrire la genèse de l’œuvre à travers ce que nous en apprennent la presse professionnelle de l’époque, les archives scénaristiques et de tournage conservées à la BiFi, des entretiens inédits réalisés avec Tony Aboyantz et Claude Pinoteau, assistants réalisateurs, ou avec Marc Frédérix, assistant décorateur, et l’entretien également inédit avec Franz Geiger réalisé en Allemagne par Robert Fischer-Ettel. 5La seule analyse de ces maigres informations est déjà instructive. 7Celle-ci était danseuse. Je suis une artiste.