Un livre interdit aux sans-papiers : de quel droit ?
Centre de rétention addministrative de Cornebarrieu (Solidarité sans-papiers). Mon ami H. n’a pas de papiers. Il vit en France depuis plusieurs années, il effectue toutes les basses œuvres sous-payées que le patronat veut bien lui refourguer. Comme d’autres dans son cas à Toulouse, il se brûle régulièrement les phalanges pour tromper les prises d’empreintes et éviter d’être expulsé. J’ai été le voir, mercredi 6 juillet dans l’après-midi avec deux autres ami(e)s. Les CRA, invisibles sur les cartes C’est vrai qu’en le prenant dans la bibliothèque, on s’était bien demandé si les agents de la Police de l’air et des frontières (PAF) n’allaient pas nous faire des ennuis. Sur la route, dans la voiture, on discutait du statut de ce type d’établissement. « Une zone d’exception » a dit l’un, un « camp » a dit l’autre, une « prison pour étrangers » a dit la dernière. Les CRA n’apparaissent pas sur la plupart des cartes, celui-là n’est pas indiqué une seule fois sur la route alambiquée qui y mène.
Réseaux sociaux (3/3) : ces algorithmes qui nous gouvernent
Les 12 et 13 décembre 2011 se tenait à Lyon un colloque universitaire sur les réseaux sociaux organisé par l’Institut rhône-alpin des systèmes complexes. Suite et fin de notre compte rendu… Les algorithmes peuvent-ils se tromper ? Tarleton Gillespie professeur à l’université Cornell devait conclure ces deux jours, mais il n’a pu être présent. Il semblait néanmoins intéressant de jeter un oeil sur son propos qu’il a notamment développé sur CultureDigitally : est-ce que les algorithmes peuvent se tromper ? La réflexion de Tarleton Gillespie prend son origine dans les contestations émises à l’encontre de Twitter, accusé de censurer sa liste de Tendances. Bien sûr, la vigueur et la persistance de la charge de la censure n’est pas surprenante, estime Tarleton Gillespie. Les tendances de Twitter ne sont qu’un de ces outils parmi les plus visibles. Il est essentiel de dépecer les algorithmes, estime Tarleton Gillespie. L’algorithme est sans cesse manipulé. Hubert Guillaud
Un hacking légalisé
L’élucidation des crimes et délits passe de plus en plus par les réseaux numériques. Cloud computing et Internet mobile obligent, les enquêteurs sont le plus souvent à la recherche de preuves sur les réseaux eux mêmes ou les équipements nomades (smart phone, tablette etc. …) et de moins en moins dans les locaux physiques, les postes de travail, les serveurs physiquement accessibles. La Loppsi 2 du 14 Mars 2011 en 142 articles à l’écriture dense et parfois peu claire, intègre ce nouveau paramètre dans la lutte contre la cybercriminalité. L’une de ses dispositions, très peu commentée, vient tout simplement créer la possibilité pour la police et la gendarmerie, sous le contrôle du juge, de pénétrer des ordinateurs à distance pour capter, enregistrer des données. C’est une première, mondiale s’agissant des Etats démocratiques. C’est l’article 706-102-1 (admirez la numérotation) du Code de Procédure Pénale qui prévoit cette évolution fondamentale. Elle est née avec la Loppsi 2.
Salarié viré par TF1 pour avoir critiqué Hadopi : début du procès
C’est ce matin que se tient devant le Conseil des Prud'hommes de Boulogne-Billancourt l’audience du procès de Jérôme Bourreau-Guggenheim (JBG) contre TF1. Cet ancien responsable web de la chaîne avait été viré pour avoir critiqué Hadopi dans un courrier électronique personnel, privé, adressé en mai 2009 à la députée UMP de sa circonscription, Françoise de Panafieu. Jérôme Bourreau-Guggenheim (à droite) avec Renaud Veeckman cofondateurs de SOS-Hadopi Problème : Françoise de Panafieu n’avait rien trouvé de mieux à faire que de transmettre ce courrier au ministère de la Culture au prétexte d’obtenir des informations techniques voire pour «établir une sorte de contre argumentaire à l'intention des députés du groupe ». La députée oubliera le principe de la correspondance privée : « quand l’auteur ne demande pas la confidentialité, on se sent autorisé à appuyer sur la touche forward », dira-t-elle dans l’hémicycle
SDF, vous êtes fichés!
SIAO. Derrière cet acronyme barbare se cache un outil informatique destiné à faciliter l’accès aux centres d’hébergement pour les sans-abri. "On a voulu le SIAO (Système Intégré d’Accueil et d’Orientation) parce qu’il y a une véritable opacité dans le secteur de l’exclusion", assure Didier Piard, directeur de l’action sociale de la Croix Rouge. L'idée est alors d'organiser la nébuleuse d'associations qui luttent contre l'exclusion en centralisant les demandes d’hébergement au niveau des départements. Il arrive encore qu’un sans-abri se voit refuser un hébergement quand des places sont disponibles dans le département, simplement parce que l'association à laquelle il s’était adressée l'ignorait ou ne savait pas où se trouvaient ces places. Le SIAO est un élément de la refondation du dispositif d'hébergement voulu par le secrétaire d'Etat au logement Benoist Apparu en 2009. "Bousculer les habitudes" Cette centralisation n'est pas du goût de tout le monde. "Pistage" Confidentialité
Immigration : comment l'Union européenne enferme ses voisins, par Alain Morice et Claire Rodier
L’Europe a changé de murs. A Berlin il y a vingt ans, les représentants des nations démocratiques accueillaient unanimement la chute du Mur comme une victoire de la liberté. « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien » : l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 allait enfin pouvoir s’appliquer. Dans une résolution de 1991, le Conseil de l’Europe se félicitait de ce que « des changements politiques permettent à présent de se déplacer librement à travers l’Europe, ce qui constitue une condition essentielle à la pérennité et au développement des sociétés libres et de cultures florissantes » (sic). Liberté dont on ne tarda pas à redouter les retombées. On rappela d’abord que « le droit de se déplacer librement, comme prévu par des conventions internationales, n’implique pas la liberté de s’installer dans un autre pays ». Mur de la Méditerranée Blocus inversé
Hadopi vs CNIL: l’une chante, l’autre pas » Article » OWNI, Digital Journalism
La CNIL a mis 32 ans pour obtenir un budget de 13 millions d'euros. La Hadopi, un an. La CNIL a effectué 300 contrôles l'an passé. La Hadopi, elle, envoie 10 000 avertissements, par jour... Petite étude comparée. Créée en 1978, la CNIL fut la toute première autorité administrative indépendante (AAI), du nom donné à ces organismes administratifs qui agissent au nom de l’État et disposent d’un réel pouvoir, sans pour autant relever de l’autorité du gouvernement. Et il lui aura fallu attendre 32 ans pour arriver à obtenir du gouvernement un budget supérieur à 13 millions d’euros (13,1 en 2009, 14, 7 en 2010 (.pdf)). La Hadopi, dernière AAI à avoir été créée, dispose quant à elle d’un “budget primitif” de 13,8 millions d’euros (.pdf) en 2011, après avoir été dotée, à sa création l’an passé, d’un budget de 10,6 millions d’euros. Quand la Hadopi souligne sa propre inefficacité Le meilleur est pour la fin. Or, on ne dénombrait que 18% d’internautes pirates en 2008, et 30% en 2009.