Le tableau (noir) de l’inégalité des chances - Idées
Force est de constater que, dans notre système scolaire, le fossé entre les élèves se creuse de plus en plus en fonction de leur milieu d'origine. L'école de Jules Ferry a-t-elle vécu ? Enquête entre les murs. Quand on y pense, il n'a pas tort, Jamel Debbouze : « Un Arabe à la tête du musée du Louvre, ça fait rêver... mais quelle utopie ! » Il a lâché ça un soir de mai où l'on fêtait le mariage de la culture et de la diversité, sur la scène du Théâtre du Rond-Point, à Paris. Tout ce que la République compte d'huiles politiques – Jacques Chirac, Xavier Darcos, Rachida Dati, Michel Barnier, Fadela Amara – faisait brochette au premier rang. Sait-on que les fils et filles de cadres supérieurs ont 2,9 fois plus de chances que les enfants d'ouvriers d'avoir le bac et huit fois plus d'obtenir un bac S ? Vite, des coupables ! Les universités françaises n'accueillent aujourd'hui que 11 % d'enfants d'ouvriers contre 30 % de cadres supérieurs. Le jugement est dur. Bibliothèque ?
Grandeur et décadence de l'empire geek
Longtemps considérés comme marginaux, les fanas de science-fiction, de jeux vidéo ou de comics voient aujourd'hui leur culture largement récupérée. De quoi bousculer une communauté jusque-là peu habituée à se remettre en question. « Pour les grands médias, les geeks sont essentiellement une masse de curieux qui peuvent éventuellement constituer un bon sujet s'ils arrivent à les ridiculiser suffisamment. » Dans une vidéo datée de septembre 2013 (264 910 vues sur YouTube), un certain Usul, cheveux longs, air flegmatique, pipe au bec et pseudo emprunté au héros de Dune (le roman de Frank Herbert adapté au cinéma par David Lynch), dressait ce constat, avant d'ajouter : « Mais chez les journalistes de la presse culturelle de gauche, les geeks commencent à être cool.» Difficile de prétendre le contraire. D'une sous-culture… … à une métaculture Nouveau langage En devenant populaire, la culture geek s'immisce partout. Position dominante Tribalisme
Viens chez moi, je suis à la bibliothèque
Tricot, yoga, cuisine, jeux vidéo... et même lecture. Les médiathèques municipales ont remplacé le bistrot comme “troisième lieu”, après la maison et le travail. Une mutation qui attire le public, mais déplaît parfois aux puristes de la culture. De derrière la baie vitrée de la bibliothèque Mériadeck, au quatrième étage, la vue est à couper le souffle : Bordeaux, la « ville des 3 M » (Montaigne, Montesquieu, Mauriac), se déploie jusqu'à l'horizon. « Comme chez eux », « comme à la maison » : tel est désormais le leitmotiv, le mot d'ordre même, des médiathèques françaises. C'est le concept de « troisième lieu », cet espace du quotidien qui vient après la maison et le travail, et qui, longtemps, fut le bistrot ou l'église. De fait, le nombre de bibliothèques-médiathèques municipales a littéralement explosé, ces dernières années : d'un millier au début des années 1980, on est passé à quelque huit mille aujourd'hui. Mais c'est surtout à l'intérieur que la révolution est à l'oeuvre.
Multiculturalisme américain ou assimilation à la française : le match des modèles
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Barack Obama a annoncé un plan visant à régulariser la situation de millions d'immigrés illégaux. Le décryptage de François Durpaire. Vous utilisez un bloqueur de publicité Pour poursuivre la lecture de nos articles, nous vous proposons deux solutions : Tout Le Figaro en illimité Le journal en numérique dès 22h Le site Premium, sans publicité L’information sur tous les écrans 1 MOIS D’ESSAI GRATUIT François Durpaire est historien des Etats-Unis. FigaroVox: Le président américain a annoncé un plan de régularisation de la situation de plusieurs millions d'immigrés illégaux. François DURPAIRE: Si le sujet reste très sensible, le fond du débat diffère. Le débat, aux Etats-Unis, porte donc moins sur le fond du problème, sur l'acceptation ou non d'étrangers, mais plutôt sur les modalités d'accueil, sur l'ampleur de la vague migratoire. Les Etats-Unis étant un pays entièrement construit sur l'immigration, leur approche de la question est-elle différente? Tout à fait.
Bernard Stiegler: «L’accélération de l’innovation court-circuite tout ce qui contribue à l’élaboration de la civilisation»
«Disruptif». Le terme, dixit le dictionnaire de l’Académie française, dérive du latin disrumpere, «briser en morceaux, faire éclater». Dans le langage des entreprises du numérique, «l’innovation disruptive», c’est l’innovation de rupture, celle qui bouscule les positions établies, court-circuite les règles du jeu, impose un changement de paradigme. De Google à Uber, la «disruption» bouleverse nos vies connectées. Mais à quel prix ? Directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du centre Pompidou, fondateur de l’association Ars Industrialis, le philosophe Bernard Stiegler consacre son travail aux effets des mutations technologiques. Vous décrivez la disruption, cette accélération de l’innovation, comme une «nouvelle forme de barbarie». En ce que cela s’oppose à la civilisation. En quoi ce que nous vivons est-il différent de ruptures technologiques majeures antérieures ? La déstabilisation est devenue permanente. Nous n’arrivons plus à élaborer des savoirs. Elle nous rend fous.
Au pays de Galles, un sentiment d’abandon
Au pays de Galles, un sentiment d’abandon c, l chrbn t l’cr snt nll prt t prtt. Ls drnèrs mns t crs ds vllys d sd d pys d Glls nt frm crs d l dcnn pss. Ls dchts mnrs nt dspr ds cllns.
Ne jamais perdre de vue les arts visuels
Traditionnels parents pauvres des politiques culturelles et éducatives publiques, les arts visuels sont aujourd’hui plus malmenés que jamais. Point aveugle d’un système éducatif entièrement modelé par le primat de l’intelligible sur le sensible et de politiques culturelles encore structurées autour des deux piliers du patrimoine et du spectacle vivant, le domaine est la cible de coupes budgétaires de plus en plus drastiques. Du centre d’art le Quartier à Quimper à l’école d’art de Perpignan, dont la fermeture est annoncée pour cet été, en passant par le musée Nicéphore-Niépce de Chalon-sur-Saône et les écoles d’art de Chalon et d’Avignon, dont la survie est menacée, la liste des établissements artistiques en voie de disparition, ou en cours de précarisation, ne cesse de s’allonger. Le premier enjeu est cognitif. * Et président de l'association nationale des écoles supérieures d'art (Andéa) Emmanuel Tibloux Directeur de l’ E cole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon*
Etre étranger dans la famille du théâtre français
Le théâtre français me permet de manger. Le théâtre français me permet de m’habiller. Le théâtre français me permet de me loger. Le théâtre français me permet d’acheter des livres. Le théâtre français me permet de rencontrer des gens. Le théâtre français me permet de prendre des verres avec de jolies filles. Je pose la question des minorités dans le théâtre moins pour obtenir une réponse satisfaisante que pour sentir dans la réaction du metteur en scène la confiance qu’il m’accorde : je veux me persuader que je fais partie intégrante du système. Je suis des vôtres, oui ou non ? Livres parus : les Corps étrangers, l’Arche Editeur, 2011. Aiat Fayez Ecrivain, dramaturge
Robert McLiam Wilson, écrivain Nord-Irlandais : «C’est comme si des ados inexpérimentés avaient forcé sur la coke»
«Je me suis souvent demandé ce que ça devait faire, de marcher dans la ville, le lendemain de la prise de la Bastille. Ou (si un tel jour a existé) de la chute de l’Empire romain. Il était comment, le ciel ? Et les rues, bruyantes ou silencieuses ? «Ne vous y trompez pas. «Et maintenant ? «La réaction britannique est spectaculaire. «Ça me fend le cœur de penser à ce que le Royaume-Uni pourrait devenir. «Je ne sais pas ce qui va se passer. Traduit de l’anglais par Myriam Anderson. Robert McLiam Wilson écrivain