Les bibliothèques sur le pont contre l’illettrisme En France, 7% de la population âgée de 18 à 65 ans est touchée par l’illettrisme. Un chiffre avancé par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme. « Il faut en finir avec la vision misérabiliste de l’illettrisme » estime Hugues Lenoir, enseignant-chercheur en Sciences de l’éducation à l’Université Paris Ouest Nanterre. Et d’évoquer ces hommes et femmes qui ont soit mal appris à la lire, soit oublié par manque de pratique. La moitié de ces personnes a un emploi, « preuve qu’ils ont des compétences autres sur lesquelles on peut s’appuyer », précise l’universitaire. Ce dernier raconte aussi leurs stratégies d’évitement pour ne pas se faire repérer « ce sont, par exemple, des personnes qui vont refuser des promotions, car elles savent qu’il faudra faire des restitutions écrites ».
Subventions aux bibliothèques- CNL Ces subventions constituent un soutien global à des projets de qualité, intégrant notamment des collections, des actions de médiation et de valorisation des fonds développés en faveur de publics spécifiques. Elles bénéficient aux publics empêchés de lire du fait de leur handicap, de leur détention, de leur hospitalisation, de leur perte d’autonomie, ainsi qu’aux publics géographiquement, culturellement ou socialement éloignés du livre et de la lecture, prioritairement via des actions menées en réseaux visant les usagers des plus petites communes ou des appels à projets publiés par le Centre national du livre. Sont éligibles les bibliothèques de tout statut et les associations, à l’exception des bibliothèques scolaires, universitaires et de celles pratiquant la location d’ouvrages, qui développent des projets qualitatifs s’adressant aux publics empêchés suivants :
Étude DGMIC « Lecture publique et publics empêchés. Synthèse de l’étude réalisée par le Crédoc » (2017) À la demande de la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) du ministère de la Culture et de la Communication, le Crédoc a réalisé une étude auprès des bibliothèques de lecture publique (bibliothèques municipales et intercommunales desservant les communes de plus de 10 000 habitants ; bibliothèques départementales) afin de dresser un état des lieux complet des actions et des partenariats mis en œuvre en faveur des publics empêchés, ainsi que d’identifier les pistes d’amélioration. Par publics empêchés, nous entendons les personnes en situation de handicap, les personnes hospitalisées ou en établissements de santé, ainsi que les personnes sous main de justice (adultes et mineurs, milieux ouverts et fermés).L’objectif de cette étude est de pouvoir, à terme, mieux répondre à l’enjeu de l’accès pour tous au livre et à la lecture.
Accessibilité numérique Marc Maisonneuve est l’un des créateurs de Tosca consultants, cabinet de conseil en système d’information pour les bibliothèques et les centres de documentation. Auteur de plusieurs ouvrages décrivant les logiciels métier pour bibliothèque, il conduit une enquête annuelle sur leur diffusion en France. Depuis 2009, il anime un service de veille sur les mutations des bibliothèques. Il édite le site Nouvelle loi sur l'exception handicap : quels défis pour les bibliothèques? Photo d'illustration (ActuaLitté, CC BY-SA 2.0) En 2006 est créée la loi sur l'exception au droit d'auteur en faveur des personnes handicapées. À cette époque, la loi autorisait les organismes agrémentés (associations, bibliothèques) à créer des contenus adaptés (livres braille, audio, numériques, vidéos en langage des signes, etc.) aux personnes handicapées et à les communiquer gratuitement sans demander l’autorisation ni reverser quoi que ce soit aux ayants droit. La limite était que seules les personnes avec un taux d’incapacité égal ou supérieur à 80 % pouvaient profiter de cette offre. Cependant, la loi de 2006 a été modifiée par celle du 7 juillet 2016. Le décret de cette nouvelle loi a été signé en février 2017 et elle est entrée en application en mars 2017.
Situations de handicap et bibliothèques, des documents de référence Les documents en gros caractères, une forme d'accessibilité (ActuaLitté, CC BY SA 2.0) Plus d'un an après la remise d'un rapport d’inspection interministériel aux trois ministres concernés, Culture, Affaires sociales et Éducation nationale, le ministère de la Culture propose plusieurs textes et ressources pour permettre aux professionnels de la documentation de mettre en œuvre une politique d'accessibilité. « Dans un contexte de pénurie de l’offre de documents accessibles, et où le numérique (texte ou audio) représente la modalité la plus prometteuse d’accès au livre et à la lecture, l’enjeu principal est d’améliorer la diffusion des œuvres accessibles ou adaptées dans le cadre de l’Exception handicap au droit d’auteur, au bénéfice des personnes empêchées de lire du fait d’un handicap ou d’un trouble (dyslexie, dysphasie, dyspraxie…) », rappelle la rue de Valois.
Accessibilité en bibliothèque: en 2017, où en est-on? L’accessibilité est un sujet qui fait beaucoup parler de lui : on estime en effet que 18 % de la population française est touchée par un handicap, quel qu’il soit, ce qui correspond à près d’un Français sur 5. Depuis plusieurs années, des mesures législatives ont été prises pour que les bâtiments et services publics soient adaptés aux personnes en situation de handicap, notamment les bibliothèques. Alors, en 2017, quel est le bilan ?
HandiBib, des ressources pour des bibliothèques accessibles Deux professionnelles des bibliothèques ont mis en ligne le site HandiBib, pour référencer les animations en bibliothèques destinées à un public en situation de handicap, mais aussi rassembler des ouvrages sur le sujet ou encore lister les différentes associations susceptibles de travailler avec les bibliothèques et médiathèques. Le tout pour les rendre plus accessibles et ouvertes à tous. Des équipements pour des activités accessibles sur le stand de l'éditeur Mes Mains En Or (ActuaLitté, CC BY SA 2.0) Camille et Nayeli, respectivement adjointe territoriale du patrimoine et des bibliothèques et assistante de conservation, se sont retrouvées autour d'un projet de recherche lors de leurs études à l'Université Paris-Descartes. « [N]ous avons eu envie de [le] développer de manière plus professionnelle une fois notre cursus terminé », expliquent les deux cocréatrices de la plateforme HandiBib.
Livre et lecture en Bretagne » Publics éloignés Livre et lecture à l’hôpital – en Bretagne – Textes et outils Livre et lecture en prison – en Bretagne – Textes et outils Lecture et handicaps – Les groupes de travail régionaux – Ressources Lutte contre l’illettrisme Comment lutter contre l’illettrisme et le prévenir «L’illettrisme n’est pas un état, mais une situation dans laquelle se retrouvent des personnes à un moment donné de leur parcours de vies », soulignent le Centre de ressources emploi et formation (Crefor) et l’Agence régionale du livre et de la lecture (ARL) de Haute-Normandie dans leur introduction au guide qu’ils ont co-rédigé : « Prévenir et lutter contre l’illettrisme avec les bibliothèques ». Les personnes concernées ne sont donc pas condamnées à se heurter au quotidien aux difficultés, voire aux obstacles, dues à l’absence de maîtrise de la lecture. A première vue, les bibliothèques, lieux de lecture par excellence, ne sont pas spontanément perçues comme des acteurs en première ligne pour les aider à sortir de cette situation. Elles jouent pourtant un rôle actif salué par les spécialistes de cette question. « Ces interventions revêtent des formes diverses, en fonction notamment du contexte local, et nécessitent l’établissement de liens solides avec les partenaires.
Bibliothèques et Exception handicap On estime actuellement que 25 000 personnes seulement ont accès à une offre de lecture adaptée. Dans un contexte de pénurie de l’offre de documents accessibles, et où le numérique (texte ou audio) représente la modalité la plus prometteuse d’accès au livre et à la lecture, l’enjeu principal est d’améliorer la diffusion des œuvres accessibles ou adaptées dans le cadre de l’Exception handicap au droit d’auteur, au bénéfice des personnes empêchées de lire du fait d’un handicap ou d’un trouble (dyslexie, dysphasie, dyspraxie…). Le rapport d’inspection interministériel IGAC-IGAS-IGAENR sur l’adaptation des œuvres a été remis aux trois ministres concernés en décembre 2016. Les Essentiels du Facile à lire (2018) Cette ressource est le fruit d’une collaboration étroite entre Françoise Sarnowski (Bibliopass) et la Médiathèque départementale d’Ille-et-Vilaine, qui accompagne l’installation d’espaces « Facile à lire » au sein des bibliothèques du département, dans le cadre d’un Contrat territoire-lecture (prêt de mobiliers, formation, comité de sélection des titres…). Ce livret, édité par le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine en juin 2018, est un outil méthodologique qui vise à faciliter le travail des équipes constituant un premier fonds « Facile à lire ». Il présente 150 titres avec un résumé, des conseils de médiation et les mots-clés liés.
Un plan d'action pour faire venir le public en situation d'illettrisme en bibliothèque (davide vizzini, CC BY 2.0) En décembre 2016, l'Association des Bibliothécaires de France se dotait d'un groupe de travail sur les bibliothèques et l'illettrisme, « qui rassemble aujourd'hui 5 à 6 membres », nous explique Jean-Rémi François, directeur de la Bibliothèque départementale des Ardennes. La feuille de route du groupe s'est rapidement concrétisée avec l'organisation d'une journée d'étude sur le sujet, le 6 mars 2017 à Villetaneuse. « C'est la première fois que l'ABF s'empare de la problématique de l'illettrisme, défini par l'ATD (Agir Tous pour la Dignité) Quart Monde il y a 35 ans. Nous avons quelques retours d'expérience d'établissements, notamment à Marseille ou en Bretagne, mais pas de panorama national. Nous voulons travailler sur la culture professionnelle, car les bibliothèques ont un rôle à jouer », explique Jean-Rémi François.
Les publics dits « empêchés» encore trop éloignés des bibliothèques 87 % des bibliothèques municipales (BM) et les trois-quarts des bibliothèques départementales de prêt (BDP) agissent en faveur des publics empêchés. Ces chiffres, issus de l’étude « Lecture publique et publics empêchés », réalisée par le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) pour le ministère de la Culture et publiée le 25 janvier 2017, semblent, à première vue, refléter une situation satisfaisante. Cependant, à la lecture du détail des actions et des partenariats, il apparaît qu’il est possible de faire mieux.