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Le sexe est bien une construction

Le sexe est bien une construction
: en discutant nature, culture et féminisme. Pascal Picq, paléoanthropologue de son état, a fait paraître dans le Monde renvoyant dans les cordes les 80 imb... abru... députés qui "pensent" (quand on écrit "théorie du genre sexuel" et qu'on prétend que cela a pour objectif de justifier la pédophilie, c'est que l'on est soit un crétin, soit quelqu'un de très malhonnête, et j'ai trop de respect pour nos représentant pour choisir la seconde option) qu'il ne faut pas dire aux lycéens que les gênes ne déterminent pas tout le comportement sexuel de l'être humain. Pourtant - peut-être du fait d'un certain opportunisme editorial - son texte s'intitule "Le sexe n'est pas que construction". Donnons d'abord la parole à Pascal Picq, en profitant pour redire la très haute tenue de son texte et en saluant sa défense de la place des théories du genre dans la formation scientifique des lycéens : C'est là qu'une partie des sciences humaines pose problème. On le voit, le ton est sans concessions. Related:  Sexe, genre, sexualités

Aux origines du genre (3): avant le genre J’ai pour l’instant parlé de la naissance du concept de genre dans les milieux psychologiques étatsuniens dans les années 1950, ainsi que de son appropriation / tranformation par des féministes dans les années 1970. J’ai insisté, dans mon 2ème billet, sur l’écart important qui existe entre les premières utilisations du genre et les utilisations qui peuvent en être faites à partir de l’appropriation féministe. Etant donné cet écart, on peut se demander pourquoi et comment les féministes en sont venues à utiliser le concept. Pour comprendre cela, il manque un élément important dans la mini-généalogie du genre que j’essaie de présenter: les théorisations qui précèdent l’invention du concept mais contribuent à rendre le genre pensable (merci @sociosauvage pour la formulation). Margaret Mead et l’apprentissage des « rôles sexuels » Margaret Mead est une figure majeure de l’anthopologie culturelle aux Etats-Unis. Rappelons que ces lignes sont écrites au tournant des années 1920-1930.

Aux origines du genre (2): comment le genre devient-il féministe? Dans le premier billet de cette série, j’ai évoqué l’invention du concept dans les milieux des médecins et sexologues étatsuniens dans les années 1950-1960. Le genre est alors défini de manière purement psychologique: il s’agit pour ces médecins de séparer le sexe (biologique, naturel) du genre qui, pour le Dr Robert Stoller, équivaut à l’identité de genre: sexe (état de mâle et état de femelle) renvoie à un domaine biologique quant à ses dimensions – chromosomes, organes génitaux externes, gonades, appareils sexuels internes (par exemple, utérus, prostate), état hormonal, caractères sexuels secondaires et cerveau; genre (identité de genre) est un état psychologique – masculinité et féminité. De cette invention médico-psychologique, on a tendance à retenir l’expérience menée par le Dr Money sur Bruce/David Reimer (je vous renvoie à mon premier billet pour les détails de cette expérience). L’appropriation féministe La critique féministe des origines du genre Références citées

Aux origines du genre (1): l’invention médico-psychologique Je commence une série de billets sur les origines du genre, qui devrait (je n’ai pas encore tout écrit) se décomposer comme suit: 1- L’invention médico-psychologique 2- Comment le genre devient-il féministe? 3- Avant le genre (ou: comment le genre est-il devenu pensable?) 4- Synthèse et évolution du concept Pourquoi une telle série? Je résume donc: la « théorie du genre » trouverait son origine dans une « expérience tragique » menée par son « père » ou « gourou », le Dr John Money (Le Point). C’est pour démêler le vrai (il y en a, un peu) du faux dans ces affirmations, qui resurgissent en 2014 et sont malheureusement reprises sans aucune distance critique, comme on le voit, par certains médias, que je propose cette généalogie du genre. Le retour sur le devant de la scène d’une « expérience tragique » Ce n’est pas un hasard si le récit (biaisé) de cette expérience ressurgit en 2014. Qu’est-ce qui est vrai? Qu’est-ce qui est faux? Mais de quelle « expérience » parle-t-on exactement?

Aux origines du genre (4): rendre justice à la complexité du genre Si je devais résumer les éléments abordés dans cette série en les replaçant dans l’ordre chronologique, ça donnerait quelque chose comme ça: Même si le concept ne date que des années 1950, certains travaux et réflexions ont permis, avant cette époque, de poser les bases de ce qui deviendra le concept de genre dans le discours féministe. Je me suis concentrée dans le 3ème billet de la série, « Avant le genre », sur deux figures: Margaret Mead, anthropologue étatsunienne, et Simone de Beauvoir, philosophe française. Parallèlement à cette série, j’en ai publié une autre sur mon carnet de recherche, qui concerne, elle, ce que j’appelle les « généalogies polémiques du genre« . Or j’ai essayé de montrer, dans cette série sur les origines du genre, qu’il s’agit d’un concept complexe, à l’histoire elle aussi complexe, et qu’il est important de préserver cette complexité.

[Traduction] Le sexe n’est pas les chromosomes : l’histoire d’un siècle de conception erronée sur X & Y – Shou & Kest L’influence du modèle XX/XY du sexe chromosomique a été profonde au cours du dernier siècle, mais il est fondé sur une hypothèse erronée et responsable d’avoir encouragé une pensée réductive, essentialiste. Alors que le monde scientifique a avancé, cette croyance populaire demeure. Texte de Ian Steadman dans New Statesman, traduit de l’anglais par Shou. Lorsque l’Union International d’Astronomique (UIA) a reclassifié Pluton de planète à planète naine en 2006, cela n’a rien changé au fait de l’existence de Pluton. Le processus scientifique implique souvent de peaufiner les taxonomies. Nous croyons tous à l’existence des comètes et des astéroïdes, même si la distinction collégiale entre eulles fait de moins en moins de sens – nous embêterions nous avec deux noms différents si on les découvrait seulement aujourd’hui ? Ah, mais il y a un mot sournois ici : « normal ». Voilà ce qui importe lorsqu’on parle de ce sujet où, pour ainsi dire, les choses peuvent s’effondrer. J'aime :

Petit lexique du genre (3): essentialisme, constructivisme, socialisation de genre Ce terme revêt différents sens selon qu’il est employé en biologie, en philosophie ou en sociologie. C’est le dernier sens qui prévaut dans la théorie féministe et les études de genre, résumé ainsi dans un article portant sur le lien entre essentialisme et politiques de l’identité: L’essentialisme est l’idée selon laquelle des groupes de gens pourraient être définis par certaines caractéristiques essentielles, visibles et objectives, qui seraient inhérentes aux individu·es, éternelles et inaltérables. La segmentation en groupes peut être faite selon ces caractéristiques relatives à l’essence des personnes, elles-mêmes fondées sur des critères problématiques tels que le genre, la race, l’ethnie, l’origine nationale, l’orientation sexuelle et la classe. Les études de genre et la tendance majoritaire du féminisme contemporain se définissent par opposition à l’essentialisme, dans la lignée de l’affirmation célèbre de Simone de Beauvoir: « On ne naît pas femme, on le devient » (cf. J'aime :

Les genres et leurs expressions Il est fréquent de rencontrer dans le milieu militant (ou ailleurs !) des mots comme « neutrois », « genderqueer », « agenre » et vous êtes nombreuxses à vous poser la question : bon sang mais qu’est-ce que ça veut dire ? Aujourd’hui Colinou nous explique en quelques lignes leur signification et les liens avec les expressions de genre-s. Les identités de genre-s C’est vaste, très vaste. Le genre c’est ce que tu ressens dans tes tripes, ce qui se promène dans ton esprit. J’aime bien reprendre mon analogie sur les smoothies (pas de jugement s’il-vous-plaît). Les neutrois sont des personnes dont le genre est neutre. Les bigenres sont des personnes qui ont deux genres. Les androgynes sont des personnes dont l’identité mêle le masculin et le féminin. Les polygenres ont plus de deux genres, et les pangenres, tous. Les demi*, demiboy, demigirl ou autres, sont des personnes dont le genre est composé d’un genre et d’une partie d’autre chose. Expressions de genre-s Il y a donc des injonctions.

Petit lexique du genre (2): féminité, masculinité, masculinité hégémonique Il me semble intéressant de commencer cette entrée par le constat d'une absence. La féminité est un objet évidemment très important pour les féministes et les études de genre, qu'on dissèque depuis des dizaines d'années. Pourtant, si l'on ouvre un manuel aussi important que l'Introduction aux études sur le genre (de boeck 2012), et que l’on consulte l’index, on ne trouve pas d’entrée « féminité », seulement une entrée « féminin-privé ». On trouve en revanche une entrée « masculinité/masculinité hégémonique » (traitée à part dans ce lexique) ainsi que « masculin-public ». La féminité, omniprésente dans l’argumentaire féministe autant que dans les magazines féminins, irait-elle finalement de soi? Quelques articles de ce blog ayant traité de la féminité: En France, c’est Simone de Beauvoir qui dénonce la première et de la manière la plus percutante les mythes associés à la féminité et la façon dont celle-ci est définie exclusivement par les hommes. Caractéristiques « féminines » J'aime :

Quels sont les rapports entre sexe et genre? Dans la lignée de mon article précédent sur le genre comme construction sociale, j’aborde maintenant la distinction entre sexe et genre qui fait partie, pourrait-on dire, de la doxa concernant le genre. Ce dernier est souvent présenté dans un rapport d’opposition avec le sexe, l’un se situant du côté du social, de la culture, et l’autre du côté du biologique, du naturel. On présente alors le genre à travers des rôles sociaux plaqués sur la différence des sexes, biologiquement constatée. Ce faisant, on reconduit une distinction entre nature et culture qui pose problème à plusieurs niveaux. J’ai bien conscience d’aborder là un sujet épineux et très sensible, surtout dans le contexte actuel, où la fameuse « théorie du genre » se voit assigner toutes formes de tares – notamment celle de nier les différences entre les sexes. Or cette interrogation ne se concentre pas seulement sur le genre et le culturel, qui grignoterait le territoire du sexe, donc du naturel. Ressources, ouvrages cités

Le genre est une construction sociale: qu’est-ce que cela veut dire? « Le genre est une construction sociale »: c’est là un élément de base de la définition du genre, sans lequel on ne peut comprendre le concept. Je l’ai mentionné plusieurs fois, et expliqué, sans y consacrer de billet entier; l’idée de ce billet m’est venue suite à un commentaire lu sur la page Facebook de ce blog. Je me suis rendu compte que la notion de construction sociale était loin d’être comprise par tout le monde – et pour cause: ce n’est pas une notion évidente, surtout quand on l’applique à des sujets aussi sensibles que la différence des sexes et les rapports entre les sexes. Pour le contexte, d’abord, je reviens sur le commentaire outré reçu sur Facebook. De toute évidence, ce commentateur n’a pas compris ce qu’était le genre (il est étonnant d’ailleurs qu’il utilise quand même le terme, alors qu’il a sans doute en tête le sexe – j’y reviendrai dans un prochain billet). Quelques erreurs souvent commises à ce sujet: – que ce phénomène n’existe pas. Cela veut dire…

C’est quoi l’Asexualité ? (ERRATUM : j’ai modifié la partie inexacte sur la différence bi/panromantisme, après délibérations sur Twitter avec des concerné-es. N’hésitez pas à me dire si vous trouvez cette représentation encore inexacte). Pour aller plus loin : Introduction à l’asexualité (via Asexualité-s) / Je suis asexuelle et je le vis bien merci (via Barbieturix) / Le devoir conjugual : quand le sexe fait sa loi / Suis-je asexuelle, greysexuelle ou ai-je juste une libido peu développée ? N’hésitez pas à m’envoyer des liens intéressants à ajouter au fur et à mesure, pour que tout ça soit plus complet. >>> LIENS QUE VOUS M’AVEZ ENVOYE : Coming Up Aces (BD en anglais) / Lintu (différence entre les envies de sexe chez les A) / Orientations Sexuelles et Orientations Romantiques >>>>> UN IMMENSE MERCI à Cyrielle, aka Cy, une bienveillante illustratrice de grand talent, pour avoir accepté ma proposition de témoignage sur l’asexualité pour sa chronique sur MadmoiZelle à lire ici.

[So Queer !] Partie 1/ Kézako ? Je sais que pour beaucoup, le queerisme est un espèce de gouffre inconnu, un truc qu’on voit par ci par là, sans jamais vraiment comprendre en quoi ça consiste. Je vais donc essayer de vous expliquer ce que c’est, et ce que ce n’est pas. 1/ Origines Au départ, le mot « queer » en anglais est une insulte, qui signifie « bizarre, marginal, différent ». C’est une insulte particulièrement utilisée envers les hommes homosexuels, les hommes effeminés, mais aussi les lesbiennes et les personnes trans. Par extension, ce mot a aussi pu être employé pour dénigrer des pratiques sexuelles moins habituelles, par exemple le BDSM. [Parenthèse : vous connaissez peut-être la série « Queer as folk » sur le milieu gay de Manchester. C’est un terme plus large que LGBT, puisqu’on peut y inclure toutes les personnes non-cisgenres et non-hétéros qui ne se reconnaissent pas forcément dans les 4 lettres. Photo by Michael Holden, Seattle 2/ Politique 3/Orientation 4/Identité Encore une fois, c’est assez simple.

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