Le triomphe des neurosciences d'Alain Ehrenberg
Avec Alain Ehrenberg, sociologue, auteur de "La mécanique des passions: cerveau, comportement, société", paru chez Odile Jacob en mars 2018. Depuis quelques années, une place de plus en plus importante est accordée aux neurosciences, discipline constituée dans les années 70’ et portée à la connaissance du grand public par des vulgarisateurs de renom comme Jean-Pierre Changeux ou Antonio Damasio… Elle repose sur l'exploration de notre cerveau, exploration qui permet aujourd’hui d’expliquer certains comportements humains, de traiter des pathologies comme la dépression, d'encourager l’apprentissage ou de favoriser la maîtrise de nos émotions. La tribu des neurosciences a un projet anthropologique, celui de réduire l'homme pensant, sentant et agissant à une partie de lui-même, son cerveau." Alain Ehrenberg
Michel Serres : les trois grandes ruptures historiques entre la science et la société
Congrès Solvay de 1911, les scientifiques qui posent sur la photo s’appellent : Poincaré, Einstein, Curie, Dirac, Planck… Tous les héros de la relativité et de la mécanique quantique. C’est la première rupture de compréhension entre la science et le public, elle concerne l'astronomie et la physique. C’est l’avènement de la science moderne. La découverte de la relativité et des quantas a surpris les savants eux-mêmes (… ) . Il y a une rupture d’intuition et à ce moment-là le public ne suit plus. Et cette coupure, elle n’est pas de notre faute ou la faute du public, elle est intrinsèque à la découverte scientifique.
Manipulateurs, voleurs de temps, dealers d’attention : les designers numériques sont-ils des…
La question éthique a fait irruption d’une curieuse façon dans la conception des produits et services numériques nés dans la Silicon Valley. A travers les enjeux de l’automatisation, de l’apprentissage profond et du ciblage publicitaire, elle questionne les pratiques et la posture des designers. Le pôle des industries de pointe situé dans la partie sud de la baie de San Francisco, que certains assimilent à une organisation criminelle, est mise en cause par ses repentis.
Les repentis de Facebook
Les chiffres donnent le vertige. Facebook revendiquait deux milliards d’utilisateurs actifs en juin dernier, sachant que la population mondiale est de 7,4 milliards d’êtres humains. En France, 25 millions de personnes se connecteraient chaque jour sur la plateforme et remontent leur fil d’actualité. Mais son image commence à pâtir de critiques et d'inquiétudes venant d'anciens hauts cadres du réseau social et même de Barack Obama ! Le côté obscur de Facebook Depuis plusieurs semaines, des voix s’élèvent, et pas n’importe lesquelles : d’anciens cadres de Facebook s’interrogent sur le côté néfaste du réseau social.
Technologie : l’âge sombre
L’artiste et essayiste James Bridle (@jamesbridle) s’intéresse depuis longtemps aux dysfonctionnements de notre monde moderne. Il observe ce qui ne fonctionne pas : les bugs, les glitchs, les ratés de notre développement technologique… Longtemps, il a regardé les espaces de friction entre technologie et société comme le lieu d’expression et de production de nouvelles formes culturelles. C’était ce qu’il appelait « la nouvelle esthétique », celle produite au croisement de la technologie et de la réalité, ces « irruptions visuelles du monde numérique dans le monde physique ». Il en a joué plus que tout autre, en produisant des dispositifs pour interroger la manière même dont nous produisons notre monde moderne.
Le monde devient numérique a t il les moyens de le rester (Alexandre Monnin)
Nombreux, aujourd'hui, sont celles et ceux qui investissent les futurs ouverts par la "révolution numérique" (une révolution qu'il s'agirait d'interroger). Toutes et tous justifient la sentence de G. Berry selon qui "le monde devient numérique". Néanmoins, il y a là matière à poser au moins deux questions. La première semble évidente : qu'est-ce qui, au juste, devient numérique, se transforme ou disparaît au cours de ce processus ?
Bernard Stiegler : « Le marketing détruit tous les outils du savoir » - Société de consommation
Texte publié intégralement dans la revue Soldes [1], que vous pouvez vous procurer dans l’une de ces librairies ou lors de l’événement organisé au Point éphémère à Paris le 24 mars (voir à la fin de l’article). Peut-on sortir de l’ère industrielle ? J’ai la conviction profonde que ce qu’on appelle humain, c’est la vie technicisée. La forme de vie qui passe par la technique, qu’elle soit du silex taillé ou du silicium, organisée comme aujourd’hui par un microprocesseur ou par autre chose.
Pourquoi internet est-il brutal ?
Je voudrais parler de la façon dont ma vision du monde a évolué ces vingt dernières années, essayant de la représenter par quelques schémas approximatifs. J’ai commencé à travailler en 1987. Autant que je me souvienne, c’était une période morose : Sida, crise pétrolière, chômage endémique, stagnation de la croissance, prise de conscience du réchauffement climatique, des perturbations écologiques, fin de la conquête spatiale… On était englué dans le No Future, dans cette idée que l’Histoire s’était achevée.