Le retour du boomerang
Au-delà de la polémique électoralement intéressée, et assez indigne, sur les mesures de sécurité prises, ou mal prises, par le gouvernement, la classe politique, les médias, l’opinion elle-même devraient s’interroger sur leurs responsabilités de longue durée dans le désastre que nous vivons. Celui-ci est le fruit vénéneux d’un enchaînement d’erreurs que nous avons commises depuis au moins les années 1970, et que nous avons démocratiquement validées dans les urnes à intervalles réguliers. La démission de l’Europe sur la question palestinienne, dès lors que sa diplomatie commençait là où s’arrêtaient les intérêts israéliens, a installé le sentiment d’un «deux poids deux mesures», propice à l’instrumentalisation et à la radicalisation de la rancœur antioccidentale, voire antichrétienne et antisémite. Les situations inextricables de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie, de la Libye ne sont que la résultante de ces erreurs de calcul, ou de ces calculs à courte vue. Jean-François Bayart
Russie : la médiocrité aux commandes
La Russie fait peur. A l’OTAN, à l’Occident, à son voisin ukrainien, aux rebelles syriens… Avec ses avions de chasse en bandoulière, il est facile de l’imaginer en génie du mal. Et pourtant, on est bien loin du génie. C’est l’incompétence qui devrait être crainte. Dans cet article du National Interest, traduit par Books en novembre 2011, il est rappelé que les postes clés en Russie sont l’apanage d’une noria de nullités corrompues. Nombre d’experts occidentaux décrivent aujourd’hui la Russie comme un pays sombrant dans le totalitarisme, suivant lentement (ou pas si lentement que ça) le chemin de l’Union soviétique, dont le régime autoritaire s’est effondré sous la pression croissante d’une société civile émergente.
Nicolas Baverez-Jean-Pierre Chevènement: le monde danse-t-il sur un volcan?
Le Figaro : Quelle est la nature de la crise que nous traversons ? Nicolas Baverez: L’étymologie grecque de crise, krisis, renvoie au point décisif de la maladie où l’on se dirige vers la mort ou vers la guérison. La crise actuelle fait coexister un monde qui meurt et un monde qui naît.
Daech. Le “Spiegel” a rencontré un planificateur d’attentats suicides
Un journaliste d’investigation de l’hebdomadaire allemand a pu interviewer longuement un cadre de l’organisation Etat islamique, détenu dans une prison de Bagdad. Document rare, l’entretien révèle les rouages de la terreur. La lourde grille coulisse lentement après que les agents de sécurité ont appelé le centre de contrôle pour confirmer l’identité des membres de l’équipe du Spiegel ainsi que le rendez-vous, fixé à 10 heures du soir. Nous cheminons ensuite entre des murs de béton hauts de 4 mètres, gardés par deux Humvee, les mastodontes tout-terrain équipés de mitrailleuses, avant d’arriver devant la porte de la prison proprement dite.
Pourquoi l’Etat islamique n’est pas dans une fuite en avant désordonnée mais dans une stratégie extrêmement pensée de déclenchement d’une guerre civile en Europe
C'est une stratégie efficace et très séduisante pour le monde musulman car dans ces pays, surtout arabes, contrairement à l’Europe, le passé califal est très fortement et unanimement valorisé et glorifié, y compris aux niveaux éducatifs et officiels. Daech escompte donc prendre aux mots les leaders musulmans qui ont inculqué cette fierté impériale et tentent d’être ainsi cohérents avec les racines de leur histoire religieuse. En commençant avec une sourate du Coran, les jihadistes essayent de se montrer comme très orthodoxes, ce qui est le propre et la raison des succès des salafistes en général partout dans le monde. Les acteurs de l’EI essayent ainsi de séduire les cœurs des croyants intégristes qui ne sont pas forcement totalitaires.
Le juge Marc Trévidic - "On manque d'hommes pour neutraliser les terroristes"
Pendant dix ans, il a animé le Pôle judiciaire antiterroriste. Forcé de quitter ses fonctions en pleine tempête pour devenir vice-Président du tribunal de grande instance de Lille, Marc Trévidic nous avait longuement parlé, en septembre dernier. Son cri d'alarme a malheureusement trouvé un écho vendredi soir avec une série d'attentats sans précédent à Paris. Voici la version intégrale de cet entretien terriblement prémonitoire.
Le triangle de la géopolitique économique: énergie, dollar, politique monétaire
Que la crise financière globale ait débouché, avec retard, sur un nouveau contre-choc pétrolier ne devrait pas être une surprise. Que ce choc soit à la mesure d’une crise financière sans équivalent depuis les années trente du siècle dernier n’est pas plus étonnant. La crise précédente, la secousse tellurique anticipant et annonçant ce « Big One » de la planète économique et financière, celle qui a frappé l’Asie de l’Est et du Sud-Est en 1997-98, avait eu un impact similaire. Une chute brutale des prix du pétrole brut provoquée par la sortie de route de la région économiquement la plus dynamique du globe.
Emmanuel Macron, made in promo Senghor
Peut-on se fâcher pour un trait d’esprit ? En cette soirée pluvieuse du 30 septembre 2006, au château du clos Vougeot, fleuron de la gastronomie bourguignonne, on fête le mariage de Sébastien Veil et Sibyle Petitjean. Mathias Vicherat est l’un des témoins choisis par les époux.
Daech nous attaque-t-il vraiment «pour ce que nous sommes»?
Temps de lecture: 9 min «L'Etat islamique ne rêve que d'une chose c'est d'attaquer la France, et ils mettront les moyens nécessaires», expliquait l'ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic sur France 2, au lendemain des attentats du vendredi 13 novembre qui ont coûté la vie à 129 personnes dans l’est parisien et à Saint-Denis. Il ajoutait: «Si l’émir de l’Etat islamique demande à mains levées à ses recrues: "qui veut aller faire un attentat en France?"
Terrorisme. Daech adopte la stratégie d’Al-Qaida
En commettant des attentats sanglants dans différents pays, l’organisation Etat islamique renoue avec les méthodes d’Al-Qaida, qui avait préféré le djihadisme international à l’implantation territoriale. Beaucoup de points d’interrogation entourent les capacités terroristes de Daech. L’organisation a revendiqué le crash de l’avion russe dans le Sinaï, en Egypte [le 31 octobre], puis l’attentat à la bombe dans la banlieue sud de Beyrouth [le 12 novembre], puis les attaques de Paris.