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Faut-il sauver les banques, et à quel prix ? - Frédéric Lordon

Faut-il sauver les banques, et à quel prix ? - Frédéric Lordon

Le commencement de la fin Pareilles aux images aériennes du front de tsunami avançant inexorablement vers une côte japonaise dont le sort est scellé, le déploiement de la crise financière depuis trois ans donne une impression d’irrésistible fatalité, avec en prime cette sorte d’incrédulité un peu stupide de dirigeants qui croient encore pouvoir tout sauver quand tout est déjà compromis. Un choc de la magnitude de la crise dite « des subprime », crise dont on ne redira jamais assez qu’elle a été celle de la finance privée, était voué à produire, via le canal du crédit, une récession dont les conséquences sur les finances publiques s’annonçaient désastreuses. Plus encore impliquées dans la détention de titres souverains qu’elles ne l’ont été dans les titres privés hypothécaires, un choc massif dans l’un puis l’autre compartiment menace de mettre à bas tout le système des institutions financières. Quand les agences font de la politique Les Etats-Unis à leur tour dans la lessiveuse Le chaos cognitif de la finance

2011 vu par Frédéric Lordon: "Les ingrédients du désastre" Voué à se perdre dans la prolifération des événements de première grandeur, comme seules les crises historiques en réservent, l’exercice de la rétrospective économique a tout d’une gageure. Si vraiment il fallait donner une cohérence à l’année 2011, il est possible que, d’abord entendu en son sens étymologique, et puis peut-être en son sens ordinaire, ce soit le mot d’apocalypse qui, appliqué à la construction européenne, convienne le mieux. L’apocalypse, c’est la révélation, et ce que l’année 2011 aura révélé, visibles sans doute depuis longtemps mais à qui avait au moins le désir de voir, ce sont les irréparables tares de la monnaie européenne, désormais mises en pleine lumière, accablantes, incontestables aux yeux mêmes des plus bornés soutiens de "L’Europe", ce générique qui n’a jamais eu de sens sinon celui de rejeter dans l’enfer "nationaliste" des "anti-Européens" tous ceux qui avaient à redire, non pas à l’Europe, mais à cette Europe. "Tout ça ne pourra pas durer éternellement"

Lordon : « Le soulèvement ou la table rase par l'effondrement » Le 15 janvier 2011, Frédéric Lordon, économiste hors sérail microcosmique, était invité à une conférence organisée par Attac et Mediapart sur le thème : « Quel remède à la crise démocratique européenne ? » Frédéric Lordon décida de répondre à cette question « sans circonvolutions inutiles ». « Ma réponse, c’est : le soulèvement ou bien la table rase par l’effondrement financier. » La “démocratie” des marchés La démocratie représentative n’existe plus, pose Frédéric Lordon en citant le cas du référendum de 2005 et en pointant les pions Papademos et Monti avancés sans scrupules par la troïka financière (BCE, Commission européenne, FMI) au mépris de toute souveraineté populaire. La loi des marchés (ces « tiers inclus au contrat social ») règne en maître. Citant la récente dégradation de la France, Frédéric Lordon relativise l’importance d’agences de notation parfaitement « périphériques ». S’attaquer à la structure d’ensemble La reconstruction, mais avec qui ?

Sur le toboggan de la crise européenne, par Frédéric Lordon On sait de connaissance expérimentale qu’on peut regarder Laurel entarter Hardy (ou l’inverse) un nombre incalculable de fois et en redemander sans jamais se lasser — mais les sommets européens ?... Par une regrettable erreur d’appréciation, quoique dans l’intention sans doute louable de combattre la morosité, l’Union européenne (à laquelle on pourrait ajouter le G20) semble avoir considéré que le comique de répétition était une arme possible contre la crise. On ne voit guère d’autre hypothèse à la hauteur de l’étonnante récurrence dans la pantalonnade, devenue la seule ligne ferme et claire de gouvernants européens par ailleurs en état de totale sidération. Si ce n’est pas l’esprit de Laurel et Hardy qui règne aujourd’hui sur l’Europe, c’est alors peut-être celui de saint Augustin : « Credo quia absurdum » (« Je crois parce que c’est absurde »). Des artificiers s’estimant quittesd’avoir remboursé la poudreune fois le bâtiment soufflé

Conspirationnisme : la paille et la poutre Le peuple est bête et méchant, le peuple est obtus. Au mieux il pense mal, le plus souvent il délire. Son délire le plus caractéristique a un nom : conspirationnisme. Le conspirationnisme est une malédiction. Pour une pensée non complotiste des complots (quand ils existent) Il faudrait sans doute commencer par dire des complots eux-mêmes qu’ils requièrent d’éviter deux écueils symétriques, aussi faux l’un que l’autre : 1) en voir partout ; 2) n’en voir nulle part. Sans doute ne livre-t-il pas à lui seul l’intégralité de l’analyse qu’appelle la crise financière, et c’est peut-être là l’une des faiblesses notoires du conspirationnisme, même quand il pointe des faits avérés : son monoïdéisme, la chose unique qui va tout expliquer, l’idée exclusive qui rend compte intégralement, la réunion cachée qui a décidé de tout. Le conspirationnisme comme symptôme politique de la dépossession L’apprentissage de la majorité (à propos de la « loi de 1973 ») À conspirationniste, conspirationniste et demi !

Lordon chez Taddei : vers le pluralisme économique ? Tiens, les sarkozystes commencent à se plaindre du temps d'antenne de la primaire socialiste. Il est vrai qu'on les voit, les socialistes. On ne voit qu'eux. De temps en temps, à l'arrière-plan, glisse une silhouette: c'est Sarkozy qui rencontre Merkel. Réjouissante inversion des premiers et des arrière-plans: inversion, car l'opposition a du temps à rattraper. Sidérante illustration de l'inversion ? D'autant que Lordon, au milieu d'un plateau comme celui de Taddei, donne l'impression d'être le seul à proférer une pensée articulée, et à faire l'effort de poser sur le chaos de la situation les mots les plus justes, les moins jargonneux, et les moins timorés (menace des queues aux boulangeries, et du retour au potager). Abonnez-vous !

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