Dominique Méda : « Le “digital labor”, ou le travail du doigt » Entreprises. Le 4 septembre, le Conseil constitutionnel a censuré pour la seconde fois les dispositions de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel concernant les plates-formes numériques qui prévoyaient « la faculté pour chaque plate-forme d’établir une charte déterminant les conditions et modalités d’exercice de sa responsabilité sociale, définissant ses droits et obligations, ainsi que ceux des travailleurs avec lesquels elle est en relation », jugées sans rapport avec le reste du texte. Lire aussi Article réservé à nos abonnés « La peur de l’intelligence artificielle n’est pas (encore) d’actualité » Antonio Casilli montre qu’il existe un continuum entre ces microtâches, les prestations réalisées via des plates-formes de service et ce que font les usagers sur les réseaux sociaux : il s’agit selon lui, dans tous les cas, d’un travail occulté, invisibilisé et le plus souvent pas ou peu rémunéré.
Ils font des tâches en quelques clics et pour quelques euros... qui sont ces microtravailleurs « invisibles » ? Effectuer une recherche sur le Web. Retranscrire une phrase. Légender une photo. Dirigée par Antonio Casilli et Paola Tubaro, respectivement chercheurs à Télécom ParisTech et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), cette enquête dresse le profil d’une activité professionnelle encore méconnue, « moins visible que les chauffeurs Uber ou les livreurs de Deliveroo » et pourtant grandissante. Des microtâches pendant le footing Ni free-lances ni travailleurs ubérisés, ces travailleurs du clic, comme on les surnomme parfois, se connectent à des plates-formes spécialisées dans le microtravail, qui leur fournissent des tâches à effectuer, commandées par un client. Quel est leur profil ? Les motivations et les pratiques diffèrent d’un microtravailleur à l’autre. Lire aussi Article réservé à nos abonnés Sarah, « travailleuse du clic » : « La nuit, je remplis des demandes de devis qui me rapportent plusieurs euros d’un coup » Combien de temps cela leur prend-il ? Morgane Tual
The world’s most valuable resource is no longer oil, but data - Regulating the internet giants A NEW commodity spawns a lucrative, fast-growing industry, prompting antitrust regulators to step in to restrain those who control its flow. A century ago, the resource in question was oil. Now similar concerns are being raised by the giants that deal in data, the oil of the digital era. These titans—Alphabet (Google’s parent company), Amazon, Apple, Facebook and Microsoft—look unstoppable. Such dominance has prompted calls for the tech giants to be broken up, as Standard Oil was in the early 20th century. Get our daily newsletter Upgrade your inbox and get our Daily Dispatch and Editor's Picks. But there is cause for concern. Quantity has a quality all its own What has changed? This abundance of data changes the nature of competition. Access to data also protects companies from rivals in another way. Who ya gonna call, trustbusters? The nature of data makes the antitrust remedies of the past less useful. Rebooting antitrust for the information age will not be easy.
Histoire du salariat Anne Kunvari propose un documentaire en deux parties sur le salariat. L’objectif ? Retracer son histoire au cours du XXe siècle, analyser sa situation actuelle et s’interroger sur son avenir. Le salariat est en crise. Chômage de masse, multiplication des statuts précaires, négociations collectives en panne, protections sociales au bord de l’explosion… difficile de savoir comment nous travaillerons demain.Le premier volet de ce documentaire sur l’histoire du salariat porte sur la période 1906-1975. Il révèle comment le travail salarié est devenu le principe d’organisation de la société et le pivot de chacune de nos vies.Le second volet dresse un état des lieux du travail depuis 1976, date du premier choc pétrolier. Voir la description complète du documentaire Je m’intéresse à cette forme de travail si répandue : le salariat. En faisant quelques recherches je suis tombé sur un reportage qui en raconte l’histoire. Par exemple avant 1900,le contrat de louage était l’unique forme de contrat.
« D’où vient l’idée que les Français travailleraient moins que les autres ? » Chronique. Le président de la République Emmanuel Macron a profité de la présentation du grand plan d’investissement France 2030, le 12 octobre, pour renouveler ses critiques à l’encontre du modèle français de temps de travail. « Quand on se compare, a-t-il dit, nous sommes un pays qui travaille moins que les autres en quantité. » Et a conclu ainsi : « Il nous faut avoir un pays qui produise davantage. » C’est à cette comparaison que s’était livrée, en 2018, la Direction statistique du ministère du travail (Dares), dans un document d’études intitulé « Comparaisons européennes des durées du travail : illustration pour huit pays ». Après avoir rappelé la très grande complexité de ce type de comparaisons, l’étude présentait un premier résultat, non concordant avec l’affirmation du chef de l’Etat : en 2016, la durée hebdomadaire de travail moyenne des salariés était plus élevée en France qu’en Allemagne, en Suède, en Italie, au Danemark et aux Pays-Bas...
Les géants tech ou l'avènement de quasi-États L’image a marqué les esprits. Marc Zuckerberg, fondateur et PDG du F de l’acronyme GAFA, annonce qu’il part en tournée à travers les États-Unis, alors que son entreprise, accusée de toutes parts d’avoir joué un rôle décisif dans l’élection présidentielle américaine et le Brexit, refuse obstinément de prendre acte du pouvoir exorbitant qu’elle possède désormais sur l’attention et les esprits d’un tiers de l’humanité. La contradiction n’est pas anodine et « Zuck » ne peut en être dupe : Facebook n’est plus l’outil de notation des plus beaux étalons du campus de Harvard, ce n’est plus un simple réseau social. Plus encore que ses pairs technologiques, c’est désormais une organisation d’un genre nouveau dont nous ne cessons de mesurer l’indomptable puissance. La compréhension des ressorts de cette puissance est indispensable pour que les États, démunis face aux preuves quotidiennes leurs propres limites, reprennent en mains leur destin, ainsi que celui de leurs citoyens. Diana Filippova
Derrière la reprise de l’emploi, l’ombre de la précarité Au moment où s’esquisse le bilan du quinquennat, voilà des chiffres flatteurs qui tombent à point nommé pour Emmanuel Macron. Durant le dernier trimestre 2021, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a, de nouveau, baissé, d’après les données du ministère du travail et de Pôle emploi, publiées mercredi 26 janvier. Il atteint désormais un peu moins de 3,34 millions sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte), soit un recul de 5,9 % par rapport aux trois mois précédents. Si l’on raisonne sur une année, la diminution se révèle encore plus nette : – 12,6 %, ce qui est sans précédent depuis le lancement de cette série statistique, en 1996. Grâce à ce reflux spectaculaire, les dégâts provoqués par le choc récessif de 2020 sont plus que compensés, l’indicateur se situant désormais à un niveau inférieur (de 6,1 %) à celui du quatrième trimestre 2019.
Quand le travail colonise notre vie quotidienne Livre. Jusqu’à la fin du modèle fordiste dans les années 1960-1980, face au pouvoir et à la direction, les travailleurs tentaient de se protéger, s’organisaient, inventaient des solidarités parallèles. Dans le nouveau modèle d’entreprise qui s’impose désormais, la mobilisation subjective est devenue la matière première de la performance organisationnelle, et les manageurs se sont mués en directeurs de conscience. Se développent alors des formes plus douces de domination, qui prennent l’allure de l’émancipation individuelle : entreprise libérée des manageurs, organisation agile, valorisation de l’entrepreneuriat de chacun… Le chef autoritaire cède la place à une posture libérale, voire libertaire, de l’entrepreneur. « Nous entrons dans l’ère de la société capitaliste », affirme David Muhlmann dans Capitalisme et colonisation mentale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le Nouveau contrat social » : l’entreprise, moteur d’un néocapitalisme Il vous reste 36.9% de cet article à lire.
Joy Buolamwini MIT Media Lab and Algorithmic Justice League As a college student, Joy Buolamwini discovered that some facial-analysis systems couldn’t detect her dark-skinned face until she donned a white mask. “I was literally not seen by technology,” she says. That sparked the research for her MIT graduate thesis. When she found that existing data sets for facial--analysis systems contained predominantly pale-skinned and male faces, Buolamwini created a gender-balanced set of over a thousand politicians from Africa and Europe. In some cases, as when Facebook mislabels someone in a photo, such mistakes are merely an annoyance. A former Rhodes scholar and Fulbright fellow, she founded the Algorithmic Justice League to confront bias in algorithms. —Erika Beras
« Qui donc peut encore se réjouir de créations d’emplois si ceux-ci engendrent insécurité économique et impossibilité de survivre ? » Tribune. L’annonce fait beaucoup de bruit : l’emploi salarié privé au quatrième trimestre aurait augmenté de 0,5 %, portant les créations d’emplois supplémentaires à près de 650 000 pour l’ensemble de l’année 2021, soit 300 000 emplois de plus qu’en 2019, c’est-à-dire avant la crise liée à la pandémie de Covid-19. Ce résultat est tiré du titre d’un document de l’Insee, une « estimation flash » de l’évolution de l’emploi salarié au quatrième trimestre 2021. En effet, les chiffres mis en avant additionnent des choux et des carottes, sur au moins deux plans. Lire aussi Article réservé à nos abonnés En France, moins de chômage, mais plus de précarité au troisième trimestre Ce qui nous amène au deuxième plan : le temps de travail des personnes recrutées. De deux choses l’une.
La chambre dans l’atelier. François Kollar et le travail des artisans (1931-1934) Je remercie Alain P. Michel et Henri Eckert pour leurs observations sur les versions préliminaires de cet article, la Bibliothèque Forney pour les informations sur le fonds Kollar, et M. Sylvain Besson, directeur des collections du musée Nicéphore Niépce, Ville de Chalon-sur-Saône. 1« La France travaille », affirment les éditions Horizons de France au fil d’un reportage photographique qu’elles publient en quinze fascicules entre 1931 et 1934. Ce début des années 1930 marque un moment particulier dans l’histoire économique et sociale de la France. Pour la première fois, la population urbaine dépasse la population rurale dans un pays qui se découvre en crise. 1 Il signa le logo de la SNCF en 1938, par exemple. 2L’idée de ce reportage revient au directeur artistique d’Horizons de France, le graphiste Maximilien Vox, qui s’est fait connaître pour ses illustrations de couverture de la maison Grasset1. 2 Les liens en notes permettent d’accéder directement aux photographies citées. 1.1. 1.2.
Debout, les damnés de la Valley ! L'engagement 3.0 des salariés L’entreprise est une communauté et définit – en partie – notre identité. Les salariés des plus puissantes entreprises du monde le démontrent actuellement, engagement puissant à l’appui. On vous raconte. « Dans la Silicon Valley, les géants du Web craignent la fronde de leurs propres employés ». La fronde en question, c’est celle des salariés d’Amazon, Alphabet (Google) et Microsoft, qui se sont récemment dressés contre la collaboration de leur employeur avec le gouvernement américain et son armée. L’engagement et la mobilisation des salariés au service de leur fierté Mais le storytelling de la Sillicon Valley commence à se fissurer sérieusement. Récit de Lucie Ronfaud, en trois épisodes : Google « a provoqué l’ire de certains de ses employés avec un projet d’intelligence artificielle développé pour le Pentagone. Friends who work for @Microsoft,FIGHT THIS. Actionnaires, salariés : YOU’VE GOT THE POWER ! Nous passons à peu près 2/3 de notre temps au travail. Adeptes du washing ? Comment ?