Décentralisation : comment le gouvernement renforce les régions Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Bertrand Bissuel Le gouvernement vient d'envoyer au Conseil d'Etat son projet de loi « clarifiant l'organisation territoriale de la République ». Ce texte, dont Le Monde a pris connaissance, vise à rendre « compréhensible » l'architecture institutionnelle aux niveaux local et régional. Après la promulgation, en janvier, de la loi de modernisation de l'action publique territoriale – qui a notamment créé les métropoles –, ce projet de loi est présenté comme un nouvel « acte fondateur » de la décentralisation. Il s'inscrit dans la perspective, évoquée le 8 avril par Manuel Valls lors de sa déclaration de politique générale, de diviser par deux le nombre de régions tout en augmentant leurs prérogatives. Le texte fait de la région la collectivité territoriale « responsable (…) des orientations en matière de développement économique ». Enfin, conformément aux intentions exprimées par M. Plusieurs articles du texte portent sur les intercommunalités.
« L'arrivée des films américains bouleverse les normes de l'époque » L'historien du cinéma Laurent Véray explique comment les Français, habitués aux films patriotiques, vont être marqués par les films de guerre américains dès 1916. Un cinéma de propagande se développe dans les années qui précèdent la Grande Guerre. L’idée est de renforcer le sentiment patriotique. Quel regard les Français portent-ils sur ces productions ? Laurent Véray : Il est très difficile de mesurer la réception des films sur des périodes anciennes parce que les sources sont assez limitées. Diaporama : La cinémathèque du centenaire sur le site de la Mission du centenaire Quels sont les films les plus populaires de cette époque ? Certains films reviennent plus que d'autres dans les catalogues de Pathé et Gaumont, comme la représentation de la dernière cartouche à Bazeilles. Cette vision héroïque est prédominante, mais ce n'est pas la seule... De nombreux films d’anticipation sont réalisés avant la guerre. Pendant la guerre, la production augmente jusqu’en 1916.
« La presse accepte la censure parce que la France participe à l'effort de guerre » Pour l'historien des médias, Christian Delporte, le bourrage de crâne pendant la Grande Guerre ne relève pas d'une volonté de la presse d'instaurer une propagande délibérée, mais plutôt d'une succession de dérapages de la profession. Au début de la Grande Guerre, le gouvernement renoue avec la censure. Comment expliquer que la presse française, première du monde par son lectorat et entièrement libre depuis la loi du 29 juillet 1881, accepte cette mesure préventive ? Christian Delporte : Les patrons de presse acceptent la censure parce que la France entière participe à l'effort de guerre. Cet effort nécessite des sacrifices. La presse se plie donc à la censure militaire et diplomatique, mais pas à la censure politique. Diaporama : La Grande Guerre vue par la presse française de l'époque sur le site de la Mission du centenaire Cette méfiance de l'armée envers la presse, traditionnelle depuis Napoléon et renforcée par l'affaire Dreyfus, est totale. Il n'y a pas vraiment de discussion.
Le déni persistant de l'antisémitisme d'Heidegger Le Monde.fr | | Par Michèle Cohen-Halimi (maître de conférences à l'université de Paris Ouest) et Francis Cohen (professeur de philosophie à Paris ) La publication des Cahiers noirs, selon Jean-Luc Nancy (Le Monde, 26 septembre), n'invalide pas l'œuvre d'Heidegger, mais elle suscite une forte gesticulation à laquelle il serait temps de substituer un travail. Quelle gesticulation ? Nous savions déjà qu'Heidegger était antisémite alors même qu'aucun texte, selon Jean-Luc Nancy, n'attestait cet antisémitisme, et maintenant que nous pouvons lire dans les derniers tomes de l' « Œuvre complète » d'Heidegger (Gesamtausgabe bd. 95 et 96), c'est-à-dire dans les Cahiers noirs, l'expression la plus brutale de cet antisémitisme, il n'y a plus rien à lire. Etrange travail de la pensée qui sait sans lire et qui lit sans apprendre, pour finir par imposer comme évidente une contre-vérité. De quoi s'agit-il au juste dans l'usage de ce signifiant « juif » ?