Montaigne (2/5) : Les Cannibales
Cette émission se concentre sur le chapitre XXXI du Livre I des Essais de Montaigne, dans lequel il parle du "Nouveau Monde", en qualité de quasi-témoin puisqu'il s'est longtemps entretenu avec quelqu'un y ayant vécu pendant plus de dix ans. Montaigne entame dans ce chapitre une longue réflexion sur notre rapport à l'autre, à l'étranger. Pour lui, le terme de "barbare" renvoie à la fois à l'idée d'étrangeté et à un jugement de valeur. Il n'y a rien de barbare et de sauvage dans cette nation, d'après ce qu'on m'en a dit, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas dans ses coutumes, de même que, en vérité, nous n'avons pas d'autre point de mire pour la vérité et la raison que l'exemple et l'image des opinions et des usages du pays où nous sommes. Pourtant, Montaigne lui-même se permet parfois des jugements, au nom selon lui du simple usage de la raison. Le jugement est véhément et fort à chaque fois qu'il s'agit d'indiquer les éléments qui menacent notre dignité.
Comment Montaigne écrivait ses Essais : l’Exemplaire de Bordeaux | Le blog de Gallica
Conservé à la Bibliothèque de Bordeaux depuis la fin du XVIIIe siècle, numérisé au printemps 2016 dans le cadre d’un partenariat entre la Bibliothèque nationale de France et la Ville de Bordeaux, il est désormais disponible en ligne sur les bibliothèques numériques des deux institutions, Gallica et Séléné. En contrepoint de cette opération, la BnF remettra prochainement à la Ville de Bordeaux une copie numérique des cinq volumes du manuscrit de L’Esprit des lois, de Montesquieu, autre personnalité emblématique de la Ville. Présent dans les collections de la BnF depuis 1939, le manuscrit rejoindra ainsi sous sa forme dématérialisée le fonds Montesquieu de Bordeaux. La naissance de l’Exemplaire de Bordeaux Entre 1588 et 1592, année de sa mort, Montaigne travaille à une nouvelle édition de ses Essais. Pour ce faire, il utilise un exemplaire non relié de la dernière édition en date, celle de 1588, et commence à y apporter corrections et additions. Les tribulations d’EB Que devient EB ?
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Michel Eyquem de Montaigne (1532-1592) commence à écrire ses Essais en 1572, après sa retraite dans son château du Périgord, où il a hérité des terres familiales. Forme nouvelle pour l’époque, l’essai littéraire développe une pensée originale et personnelle organisée autour de la question centrale : qu’est-ce que l’homme ? Le fait d’utiliser le français, et non le latin, pour un ouvrage philosophique, est aussi une innovation. Ses réflexions puisent dans son expérience du monde, dans sa riche bibliothèque et dans la philosophie humaniste. Il s’agit pour l’auteur de “parler indifféremment de tout ce qui se présente à sa fantaisie”. Le texte sur Gallica Portrait de Michel de Montaigne BnF, Estampes et photographie, N-2 (MONTAIGNE, MICHEL DE) © Bibliothèque nationale de France
La Renaissance
Période de renouveau artistique, littéraire et scientifique, la Renaissance débute au XIVe siècle en Italie du Nord. Véritable révolution de la pensée et de tous les champs artistiques, ce mouvement diffuse rapidement ses modèles dans toute l’Europe, où il domine jusqu’à la fin du XVIe siècle. Il transforme radicalement l’art occidental, mais plus profondément, au-delà des modes de représentation, il s’infiltre jusque dans le rapport de l’homme à la nature, au monde, à Dieu, à l’autre. Le mot Renaissance est employé pour la première fois au XVIe siècle par Giorgio Vasari, père fondateur de l’histoire de l’art des Temps modernes, dans le célèbre recueil Vies des plus célèbres peintres, sculpteurs et architectes, pour évoquer le courant artistique apparu en Italie deux siècles plus tôt. La Renaissance s’épanouit sur près de trois siècles, en trois périodes successives : le Trecento (XIVe siècle), le Quattrocento (XVe siècle) et le Cinquecento (XVIe siècle). L’humanisme et la Renaissance
les essais de montaigne with page images from the bordeaux copy
Chapitre 31 --202-- Des Cannibales Quand le Roy Pyrrhus passa en Italie, apres qu'il eut reconneu l'ordonnance de l'armée que les Romains luy envoyoient au devant: Je ne sçay, dit-il, quels barbares sont ceux-ci (car les Grecs appelloyent ainsi toutes les nations estrangieres), mais la disposition de cette armée que [0084] je voy, n'est aucunement barbare. Autant en dirent les Grecs de celle que Flaminius fit passer en leur païs, et Philippus, voyant d'un tertre l'ordre et distribution du camp Romain en son royaume, sous Publius Sulpicius Galba. voylà comment il se faut garder de s'atacher aux opinions vulgaires, et les faut juger par la voye de la raison, non par la voix commune. --203-- J'ay eu long temps avec moy un homme qui avoit demeuré dix ou douze ans en cet autre monde qui a esté descouvert en nostre siecle, en l'endroit où Vilegaignon print terre, qu'il surnomma la France Antartique. Cette descouverte d'un païs infini semble estre de consideration. Una foret; Produxere animas.
De l’esclavage des nègres
Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens. Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais : Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres. Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre. On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir.