Andreas Malm : « L’urgence climatique rend caduc le réformisme » 18 juin 2021 Entretien inédit pour le site de Ballast Il est l’une des nouvelles voix de l’écologie politique. Né en Suède au mitan des années 1970, auteur d’une dizaine d’ouvrages (traduits en français, pour les plus récents d’entre eux, aux éditions La Fabrique), Andreas Malm soutient l’idée que la social-démocratie est strictement incapable de faire face au défi climatique. Regardons les Unes de la presse française : « 2021 ou l’urgence climatique », « 2021, une année cruciale pour accélérer la lutte contre le changement climatique », « Sauver la planète en 2021 ». Non seulement il n’y a pas de révolution, mais il n’y a même plus de mouvement pour le climat dans la rue. 2019 a été une année de mobilisation sans précédent dans les pays du Nord global, notamment en Europe. Vous dénoncez le « fatalisme climatique ». « L’idée que nous devrions vivre avec l’effondrement climatique est formulée par des privilégiés du Nord. »
La Terre piège désormais une quantité de chaleur « sans précédent » Depuis 2005, notre Terre semble avoir tendance à piéger de plus en plus de chaleur. À tel point que le déséquilibre entre la chaleur reçue du Soleil et la chaleur émise vers l'espace est aujourd'hui qualifié par les chercheurs de « sans précédent ». Provoquant à un réchauffement plus rapide qu'ils l'avaient imaginé. Cela vous intéressera aussi [EN VIDÉO] L’inquiétant réchauffement des océans En 2020, les océans ont absorbé l’équivalent de 20 sextillions de joules. Jamais depuis 1955 la température de l'océan n’a été aussi élevée. S'il fait (encore) si bon vivre sur notre Terre, c'est le résultat d'un subtil équilibre. Historiquement, ce bilan radiatif est très légèrement positif. Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont travaillé sur des ensembles de données indépendantes. Restait à déterminer les principaux facteurs à l'origine de ce déséquilibre du bilan radiatif terrestre. Il est en effet désormais connu que les gaz à effet de serre piègent la chaleur dans l'atmosphère.
Les sécheresses intermittentes affectent bien plus de rivières qu’on ne le pensait La revue Nature a publié le 16 juin des chiffres étonnants. Plus de la moitié des 23 millions de kilomètres des 6 millions de cours d’eau du monde est sèche au moins un jour par an, les rivières – d’un débit supérieur à 0,1 mètre cube par seconde – s’arrêtant de couler. Et de 44 % à 51 % de cette longueur est sujette à des sécheresses au moins un mois chaque année. « Pour tout le monde, une rivière est quelque chose qui coule. Mais nous montrons que l’intermittence de l’écoulement est plus la règle que l’exception, dans toutes les régions du monde. C’est un changement complet de paradigme », résume Thibault Datry, de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) de Villeurbanne. Il est l’un des coauteurs de cette étude internationale, qui a aussi rassemblé des chercheurs de l’université McGill de Montréal (Canada) et de l’université Goethe de Francfort (Allemagne). Lire aussi Le Colorado, un fleuve en péril
Urgence climatique : la procrastination des gouvernements est un crime climatique (à relayer sur les réseaux sociaux si envie : Twitter, Facebook, Instagram) Le changement climatique se conjugue au présent. Pas un jour ne passe sans que nous n'en éprouvions la dure réalité : 54,4°C aux Etats-Unis, 49,6°C au Canada, 47°C au Maroc, surchauffe en Sibérie, canicule à New Delhi, feux de forêts en Californie et désormais, le tout en moins de trois semaines, des inondations destructrices en Allemagne, Belgique et Autriche. Des villes et villages sont peu ou prou rayés de la carte, des centaines, peut-être des milliers de personnes ont perdu la vie en tout, des millions de personnes affectées, des écosystèmes détruits ou transformés à jamais, sans même parler des dizaines ou centaines de milliards d'euros de dégâts ni de tout ce qui ne peut être réduit à de la menue monnaie. Territoires martyrs de la procrastination coupable des dirigeants Que ne comprenez-vous pas dans le terme « urgence climatique » ? Qu'attendez-vous donc ? La double-peine climatique La résultat est là.
Climat : le rapport du Giec est une «alerte rouge» pour l'humanité, selon Antonio Guterres "Canicule extrême" et meurtrière - Le Canada enregistre une température record de 49,6°C, une centaine de morts supplémentaires La province canadienne de Colombie-Britannique a connu pour une quatrième journée consécutive une "canicule extrême" ce mardi, avec une température ayant atteint un pic record de 49,6°C à Lyttona après 46,6° dimanche ont indiqué les autorités, sur fond de multiplication des décès qui seraient liés à cette vague de chaleur. Au moins 233 personnes sont mortes dans cette province de la côte Pacifique entre vendredi et lundi, soit une centaine de personnes de plus que le nombre traditionnel moyen de décès sur une période de quatre jours. Il est attendu que ce bilan s'alourdisse. Le service des médecins légistes de la province a indiqué lundi avoir enregistré une hausse significative du nombre de décès dont la canicule serait l'une des causes. Ecoles et universités de la province ont été fermées lundi suite à la nouvelle hausse des températures.
Les scientifiques du GIEC : « Le changement climatique s’accélère et s’intensifie » Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publie lundi 9 août le rapport sur l’état des connaissances sur le changement climatique, ainsi que son Résumé pour les décideurs (Summary for policymakers). Les discussions pour adopter le rapport du Giec se sont déroulées sur internet. Etabli par le groupe 1 rassemblant des climatologues [1], ce document dresse un état des lieux exhaustif en synthétisant des centaines d’études parues depuis huit ans dans les revues scientifiques. • Télécharger le Résumé pour les décideurs (en anglais) : • Lien vers une traduction en français, non officielle, du Résumé pour les décideurs • Lien vers le rapport complet du Groupe 1 Dans un langage technique et sans effet de manche, le Résumé pour les décideurs énonce un certain nombre de faits qui montrent la rapidité du bouleversement à l’oeuvre. De plus en plus d’événements climatiques extrêmes Le pyrocumulus causé par le Dixie Fire en Californie en juillet 2021. Soutenir Reporterre
Accord de Paris : seul un pays a tenu ses promesses pour limiter le réchauffement Les engagements climatiques pris par les États du monde entier sont un premier pas. Mais pour l’heure seul un pays, la Gambie, a pris les mesures adéquates pour maintenir le réchauffement bien en dessous des 2°C. À l’inverse, les principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète ne se distinguent pas au tableau. À mesure que les effets du changement climatique se font plus concrets, les pays multiplient les promesses de baisse des émissions de gaz à effet de serre. L’organisation a attribué un score à 36 États ainsi qu’à l’Union européenne dans son ensemble — les pays qu’elle a sélectionnés sont responsables à eux tous de 80 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Les mesures des US et de l’UE sont « insuffisantes » Plusieurs pays ont pris des mesures qui se rapprochent tout de même de ce qu’il faut faire pour tenir cet objectif, notamment le Royaume-Uni, le Maroc, le Nigéria et le Kenya. Pourquoi l’objectif de 1,5°C est si important
Climat : la France n’est toujours pas dans les clous pour atteindre ses objectifs en 2030 Il y a fort à parier que le rapport annuel du Haut Conseil pour le climat (HCC) sera scruté de près. Ce document, publié mardi 29 juin par l’instance indépendante composée de treize experts, est le dernier du quinquennat, et donc pèsera pour dresser le bilan des politiques climatiques du gouvernement. Il paraît, en outre, dans un contexte de tension juridique : les décisions du Conseil d’Etat et du tribunal administratif de Paris, qui jugent l’Etat pour « inaction climatique » et « carence fautive », sont imminentes. Après deux précédents rapports annuels qui étrillaient l’action gouvernementale, la troisième édition produite par cette structure créée fin 2018 reste sévère. Le rythme de baisse des émissions s’est légèrement accentué en 2019 (− 1,9 % sur un an), soit davantage que l’objectif fixé pour cette année-là. Surtout, la France doit encore accélérer en raison du « retard accumulé ».
"Le film d’horreur ira jusqu’au paroxysme final" par Alain Accardo Pour un esprit bien informé des malheurs de notre temps, il devrait être clair que la probabilité d’y porter efficacement remède est désormais pratiquement inexistante. C’est là le résultat le plus certain de la dernière grande révolution structurelle de notre histoire : la mondialisation capitaliste, avec tous ses effets, que les théoriciens du social avaient commencé à subodorer au XIXe sans pouvoir encore les imaginer en vraie grandeur, comme nous en avons le triste privilège. La mondialisation capitaliste a mis fin à toute « primitivité » déclarée des uns par rapport aux autres, en homogénéisant toujours plus les modes de production, de gestion et d’existence dans tous les domaines et donc en provoquant une perte croissante de diversité anthropologique. Une réflexion sur l’état actuel du monde qui ne prendrait pas en compte le fait majeur que le point de non-retour a été dépassé dans des domaines déterminants, serait par là même privée de pertinence. Alain Accardo
Climat : les compagnies aériennes mondiales se fixent un objectif de « zéro émission nette de CO2 » d’ici à 2050 Des compagnies aériennes du monde entier se sont engagées à atteindre « zéro émission nette de CO2 » d’ici à 2050 pour lutter contre le réchauffement climatique, lors de l’assemblée générale de l’Association internationale du transport aérien (IATA), lundi 4 octobre. Cet objectif « audacieux » est aussi une « nécessité », qui devrait « assurer la liberté de voler des générations futures », a plaidé le directeur général de l’association, Willie Walsh, face aux dirigeants du secteur réunis à Boston, aux Etats-Unis. L’IATA, qui revendique 290 compagnies membres, représentant 82 % du trafic aérien mondial avant la pandémie de Covid-19, emboîte ainsi le pas au secteur aérien européen, qui a épousé les objectifs de l’Union européenne en la matière. Lire aussi Constructeurs automobiles européens et compagnies aériennes critiquent les propositions de loi pour le climat de Bruxelles Un « défi » dans un « moment difficile » Réticences chinoises Le Monde avec AFP
Le Conseil d’Etat demande au gouvernement de « prendre toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre » Le Conseil d’Etat a fixé un nouvel ultimatum au gouvernement : le 31 mars 2022. Dans une décision inédite rendue jeudi 1er juillet, la plus haute juridiction administrative lui donne neuf mois pour renforcer sa politique climatique. Elle enjoint au premier ministre de « prendre toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre » afin de tenir ses objectifs. La France s’est engagée à diminuer ses émissions de 40 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, mais elle n’en prend pas le chemin. L’instance condamne également l’Etat à verser 5 000 euros à la ville de Grande-Synthe. A l’origine de ce premier « procès climatique » en France, la commune du Nord, qui s’estime particulièrement exposée au changement climatique, avait saisi le Conseil d’Etat, en janvier 2019, d’un recours visant « l’inaction climatique » de la France.
Pleurnicher le Vivant, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 29 septembre 2021) Rechercher dans la page : « capital » — Expression non trouvée. Pourtant avec capital on avait mot compte triple : capital, capitalistes, capitalisme. On fait des recherches dans l’article de tête de Nicolas Truong qui introduit une grande série d’été dans Le Monde : « Les penseurs du vivant ». Pas une occurrence. Enfin si, il faut être honnête, une : « Nous vivons un bouleversement capital ». Des penseurs concernés Lire aussi Guillaume Pitron, « Quand le numérique détruit la planète », Le Monde diplomatique, octobre 2021. Nous apprenons en tout cas qu’il y a maintenant des « penseurs du vivant ». « Grande conscience » est un segment parfaitement identifié de la division du travail culturel. On pourrait penser à un gag au moment où la planète part en morceaux, malheureusement tout est vrai Il n’y a pas que les arbres dont il faut se sentir solidaires : nous sommes invités à entrer en communion avec le monde entier. Attention : la radicalité rend sourd Le salut par les « liens »
Total accusé d'avoir passé sous silence la menace du changement climatique dès les années 1970 Selon une étude de chercheurs français, le groupe pétrolier avait connaissance des conséquences néfastes de ses activités pour le climat dès 1971 mais a préféré garder cette information sous silence. Total avait connaissance des conséquences néfastes de ses activités pour le climat dès 1971 mais a entretenu le doute à la fin des années 1980 et cherché ensuite à contrecarrer les efforts pour limiter le recours à ces énergies fossiles, selon un article scientifique paru mercredi. Christophe Bonneuil, directeur de recherche au CNRS, Pierre-Louis Choquet, sociologue à Sciences po, et Benjamin Franta, chercheur en histoire à l'université américaine de Stanford, ont étudié les archives du groupe pétrolier, devenu TotalEnergies, ainsi que des revues internes et des interviews, selon cet article paru dans la revue Global Environmental Change. "Contester la science climatique" "La nouveauté est qu'on pensait que seul Exxon et les groupes américains étaient dans la duplicité. Total se défend