Accompagner les projets d’habitat alternatif
Hervé Saillet © Bertrand Huet Dossier : Effervescences de l’habitat alternatif On observe depuis quelques années la valorisation d’un échelon d’intervention peu présent dans la production traditionnelle de la ville : une place plus grande donnée à la médiation, à la fonction d’intermédiaire entre, d’un côté, les habitants et les usagers de la ville, et de l’autre, les prescripteurs et producteurs plus directs de la ville. Les projets d’habitat alternatif florissant aujourd’hui constituent l’un des domaines de la construction où se développent largement ces nouvelles professionnalités. Urbaniste et architecte de formation, Hervé Saillet a fait de la posture de facilitateur le cœur de ses activités professionnelles. Elle s’est notamment investie dans une opération de production d’habitat alternatif, la coopérative Le Grand Portail, située dans l’éco-quartier Hoche de Nanterre, dans la zone d’extension de la Défense. 1. 2. 3. 4.
Réforme territoriale : un état des lieux
▼ Voir le sommaire du dossier ▼ L’adoption des lois de décentralisation dites Defferre, au début des années 1980, marque un tournant dans l’histoire des municipalités, des départements et des régions françaises. Cet événement est souvent associé au premier âge de la décentralisation, même si, en réalité, l’histoire des collectivités territoriales s’inscrit dans un long mouvement de reconnaissance du pouvoir local insufflé sous la Révolution française. En France, les libertés locales seraient si « chéries » que l’on n’oserait en aucune manière s’en priver. La décentralisation et ses réformes successives n’échappent pas au poids de l’histoire, des corporatismes et des cultures politiques. Faut-il en conclure que les mairies, les départements, les régions, les intercommunalités relèvent d’un « système politico-administratif » figé ? Trente après l’adoption des lois Defferre, qu’en est-il de la décentralisation ? Au sommaire de ce dossier : L’intercommunalité en question
Démocratie : Effets de participation, la démocratie à l’étude
Texte écrit pour la revue M3 n°2 Jean-Michel Fourniau est sociologue, directeur de recherche et directeur du Groupement d'intérêt scientifique « participation du public, décision, démocratie participative » La prolifération des initiatives qui ont donné corps à l’idée de démocratie participative a été accompagnée par le développement de la recherche en sciences humaines et sociales sur ce domaine. Dépassant l’analyse basée sur la prééminence des dispositifs, différents travaux cherchent à déterminer les effets de la participation sur les mobilisations sociales, l’action publique, la structure politique. Mais aussi sur la recherche elle-même. La création du Groupement d’intérêt scientifique « Participation du public, décision, démocratie participative », validée par le CNRS à l’automne 2009, a mis en évidence l’ampleur nouvelle des questionnements relatifs au renouvellement de la démocratie dans les sciences humaines et sociales. Mobilisations sociales : quel répertoire ?
L’invention de l’autopromotion à Strasbourg
Dossier : Effervescences de l’habitat alternatif Dans la nébuleuse des projets d’habitat alternatif qui émergent dans les années 2000, les initiatives strasbourgeoises se distinguent à plusieurs titres. Alors que les termes désignant ces projets se multiplient, c’est à Strasbourg que celui d’autopromotion s’est imposé, en référence aux Baugruppen allemands. C’est aussi là qu’est sortie de terre en 2010 une des premières réalisations concrètes de cette nouvelle vague participative : l’immeuble Éco-Logis a fait l’objet à ce titre d’une forte médiatisation. Enfin, l’autopromotion bénéficie depuis 2009 d’une politique de réservation de terrains par la ville de Strasbourg, qui favorise ces réalisations et participe à en normaliser le processus. L’autopromotion, de Fribourg à Strasbourg ? Le terme « autopromotion » apparaît à Strasbourg vers 2005-2006, avant de se diffuser plus largement dans l’Est de la France [2], mais les projets qu’il désigne sont plus anciens. Normaliser l’autopromotion ?
L’intercommunalité : vingt ans de développement et des interrogations
Dossier : Réforme territoriale : un état des lieux En France, l’intercommunalité a été vigoureusement relancée au cours des années 1990, notamment par deux lois à l’origine de la création des communautés de communes et d’agglomération : la loi d’administration territoriale de la République, dite « loi ATR » de 1992 et la loi relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale, dite « loi Chevènement », de 1999. En 2012, le territoire national est presque entièrement couvert par des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Ce constat peut laisser croire à une évolution linéaire ou tranquille de l’intercommunalité. Une observation plus fine de ce processus montre, au contraire, que les intercommunalités se développent sous tensions et soulèvent des nombreuses questions. Un développement spectaculaire L’intercommunalité et la question démocratique L’intercommunalité et la question de son coût budgétaire
Concevoir l’espace public avec les habitants : la concertation comme gage de « délicatesse urbaine »
Dossier : Espaces publics urbains et concertation « Venez imaginer ensemble la ville de demain ! » : combien de fois a-t-on pu lire un tel slogan pour annoncer une réunion publique ou un atelier de travail urbain portant sur un projet d’urbanisme ? La participation citoyenne apparaît alors moins-disante, décevante par rapport à ce que l’on en attendait. Des avis pragmatiques et des propositions moins-disantes « On veut garder les bonnes choses : la verdure, les arbres, comme les cerisiers, les jeux pour les enfants, le terrain de football et de basket. « Il faut remettre en état les bosses. « La signalétique avec des lettres bleues a été arrachée. « À quoi servira cette route ? « Pour animer les espaces extérieurs, pourquoi ne pas mettre en place des jardins familiaux dans tout le quartier ? « Ça ne suffit pas de faire des travaux. Ces six remarques ont été entendues récemment de la part d’habitants dans un quartier de la Seine-Saint-Denis. Jardin partagé de Bernon, Épernay (Marne)
La démocratie participative en butte à la grande échelle
Quartier Fátima, Cordoue ©H. Nez Dossier : Espaces publics urbains et concertation Si l’urbanisme est le principal thème mis en débat dans les dispositifs participatifs qui se multiplient depuis une quinzaine d’années en Europe (Bacqué et al. 2006 ; Sintomer, Herzberg et Röcke 2008), il y est rarement question des grandes transformations urbaines. La comparaison des pratiques participatives à Paris et à Cordoue met en évidence la relation entre niveaux de participation et échelles de projet urbain [1]. Les projets à petite échelle : délégation du pouvoir ou simple consultation ? À Cordoue comme dans le 20e arrondissement de Paris, des budgets participatifs ont été mis en place afin de planifier des aménagements de quartier au cours de la dernière décennie. Si le budget participatif cordouan va plus loin que la démarche parisienne en établissant un lien direct entre participation et décision, il ne porte pourtant que sur de petits projets d’aménagement.
La démocratie participative absorbée par le système politique local
Dossier : Réforme territoriale : un état des lieux La démocratie participative est devenue une norme de l’action publique locale. Chez les élus locaux, il est désormais considéré comme incontournable d’associer les citoyens aux décisions entre deux échéances locales et de le faire savoir. La démocratie participative est essentiellement locale C’est à l’échelle du quartier, conçu comme le lieu de la sacro-sainte « proximité », qu’elle se déploie, principalement sous la forme des conseils de quartier. Au niveau urbain, des dispositifs transversaux, globaux ou sectoriels se développent. Les conseils régionaux constituent un foyer important d’innovations et se donnent à voir comme de nouveaux « laboratoires » démocratiques (Sintomer et Talpin 2011). Les conseils généraux (même si la tendance est encore limitée) cèdent, à leur tour, à la vogue participationniste. On assiste donc en France à une mise en procédures de la participation sur le plan local sous la forme de multiples dispositifs.