Je lis sur le Web donc je pense autrement
Pour comprendre comment Internet nous transforme, Nicholas Carr est un excellent guide. Avec son nouveau livre The Shallows (les bas-fonds), Nicholas Carr a rédigé le Printemps Silencieux de la pensée de l'écrit. Il débute par un sentiment partagé par beaucoup de ceux qui ont passé la dernière décennie en ligne. «Je ne pense plus de la même façon qu'avant», nous dit Carr. «Je m'en rends le plus compte quand je lis.» Il raconte l'agitation que lui procure un long texte. Par la suite, néanmoins, Carr atteste de la main de maître avec laquelle il mène son cerveau et soumet admirablement son intuition à un examen approfondi. Google et Platon En mettant sur un pied d'égalité l'Internet avec l'impact de l'imprimerie, par exemple, Carr tente d'amener un peu plus loin l'argument «Est-ce que Google nous rend idiot?». Les inquiétudes que nous avons sur l'Internet, les anciens Grecs les avaient sur cette nouvelle technologie qu'était l'écriture. «Lecteur profond» Comme un saumon à l'agonie
Le livre : son passé, son avenir
Entretien également disponible aux formats audio (mp3) et texte (pdf). Les mutations de l’objet livre La Vie des idées : Je voudrais évoquer avec vous la manière dont l’objet livre se métamorphose aujourd’hui sous l’influence des technologies liées à Internet (les e-books, le print on demand, etc.). Pouvez-vous revenir sur quelques-unes des mutations que le livre a connues depuis l’invention du codex ? Roger Chartier : Le premier problème, c’est : qu’est-ce qu’un livre ? C’est une question que posait Kant dans la seconde partie des Fondements de la métaphysique des mœurs, et il définissait très clairement ce qu’est un livre. Or, aujourd’hui, le seul objet – il y en a un sur ce bureau – est l’ordinateur, qui porte tous les types de discours, quels qu’ils soient, et qui rend absolument immédiate la continuité entre les lectures et l’écriture. Roger Chartier : Oui. Mais cette distinction productrice peut aussi masquer deux éléments. Quelles sont alors les réponses possibles ?
Lecture numérique et culture écrite, par Alain Giffard
François Morellet - Emprunt n°7 - 1997, gravure sur inox brossé Le débat lancé par Nicholas Carr en Août 2008 ("Is Google making us stupid?") a ouvert, en grand et soudainement, le débat sur la lecture numérique. La lecture numérique a en effet cessé d’être une simple « tendance technique », dans le sens de Leroi Gourhan. Elle est devenue une pratique culturelle, c’est-à-dire qu’un milieu humain associé s’ordonne autour d’un nouveau dispositif technique. La question de départ pourrait être: « est-il concevable de lire à l’écran? Elle devient ensuite: "la lecture numérique peut-elle se substituer à la lecture classique, comprise comme la lecture du texte imprimé, essentiellement du livre, telle qu’on l’apprend à l’école?" Plus généralement encore: comment la lecture numérique, comme culture et comme pratique, prend-elle place dans la culture écrite? Dans cette perspective, notre point de départ doit être le reflux de la culture écrite, et plus particulièrement de la lecture.
Related:
Related: