L'enfant bientôt privé de "père et mère" ? S'il était adopté, ce projet gouvernemental ouvrirait le mariage et l'adoption à tous ; cela validerait qu'un enfant pourrait de droit n'avoir jamais son père et sa mère. Bien sûr, il y a déjà des enfants confrontés à cette situation, enfant d'une femme (plus rarement un homme) ayant adopté seule, enfant né par l'insémination artificielle d'une femme seule, etc. La question intime de cet enfant est sa crainte de n'avoir pas mérité d'avoir père et mère comme les autres enfants. Il en ressent une mésestime de lui-même, celle que l'on rencontre aussi chez l'enfant abandonné et que vise alors à soulager son adoption par un père et une mère d'adoption. Cela aide alors l'enfant à ne pas s'imputer sa situation familiale qu'il sait atypique mais qui surtout ne lui offre pas la gratification de venir comme le fruit d'une union père et mère. Mais il y a plus grave.
Homos et parents ? : L'avis de Marcel Rufo Marcel Rufo est pédopsychiatre. Auteur, notamment, d’Elever bébé 2005 (Hachette pratique, 2004), Frères et sœurs, une maladie d’amour (Le Livre de Poche, 2003) et de Tout ce que vous voulez savoir sur la sexualité de vos enfants (Anne Carrière, 2003). « Je suis plutôt pour l’adoption homoparentale, mais le pédopsychiatre que je suis émet des réserves. Cela étant dit, les différences entre un père et une mère ne sont pas uniquement sexuelles. L’homoparentalité procréative représente, en revanche, un vrai danger. Michel Schneider est psychanalyste. « Après le pacs, le mariage n’est qu’une étape vers l’homoparentalité. Par ailleurs, je ne fais aucune différence entre homoparentalité adoptive et procréative sur le plan du fantasme qui les sous-tend : faire du même avec du même. Un enfant est un sujet en devenir. septembre 2004
Homos et parents ? : L'avis de Claude Halmos Claude Halmos est psychanalyste. Auteur, notamment, de Parler, c’est vivre (Nil, 1997). « Je trouve très inquiétant qu’un débat aussi important puisse être réduit à une histoire de “pour” et de “contre”. On nous dit que les enfants seront “mieux là qu’à l’ASE” [Aide sociale à l’enfance]. Ça prouve que le couple parental “hétéro” n’est pas, en tant que tel, une garantie ? Pour que cela soit sans conséquences pour les enfants, il faudrait soit que la différence des sexes ne joue, dans leur construction, aucun rôle, soit même que cette construction n’existe pas. L’affirmer revient à remiser au magasin des accessoires les acquis de près d’un siècle de pratique psychanalytique. Geneviève Delaisi de Parseval est psychanalyste. « Il est très réducteur de répondre “je suis pour” ou “je suis contre” l’homoparentalité. Dans les deux premiers cas, je n’ai pas noté chez ces enfants des problèmes spécifiquement liés au choix d’objet sexuel des parents.
Adoption homoparentale - Adoption homosexuelle : et l’enfant dans tout ça? La possibilité d’adoption d’enfants par des couples homosexuels est une question sur laquelle un psychanalyste travaillant avec des enfants ne peut se taire. Mais l’aborder implique qu’il précise sa position sur un certain nombre de points. Les récents débats sur le Pacs ont montré en effet que l’on était loin d’en avoir fini avec la haine et le rejet de la différence. Pour une psychanalyste, l’idée de " normalité " appliquée à la sexualité n’a aucun sens. Cette reconnaissance implique-t-elle qu’un couple homosexuel soit " la même chose " qu’un couple hétérosexuel ? Pour le combat pour le droit à la différence car le droit à l’adoption – s’il était accordé – reviendrait à annuler l’avancée que représente la reconnaissance du couple homosexuel. Un enfant absent du débat Le problème essentiel que pose l’adoption n’est pas, comme on voudrait nous le faire croire, de savoir si un homme ou une femme homosexuels sont " capables " d’élever un enfant. Quid de la construction psychique ?
Homos et parents ? : L'avis d'Aldo Naouri Aldo Naouri est pédiatre. Auteur, notamment, de Les Pères et les Mères (Odile Jacob, 2004) et De l’inceste (avec Françoise Héritier et Boris Cyrulnik, Odile Jacob, 2000). Pédiatre « Je suis défavorable à l’homoparentalité. D’autre part, même si l’on dit que beaucoup d’enfants sont déjà dans cette situation et que des études prouvent qu’il n’existe pas de différences avec les autres, cela ne change rien : la méthodologie de ces études est récusable et il est impossible d’imaginer aujourd’hui des tests susceptibles de donner des résultats objectifs. En outre, à partir de mon expérience, je constate que la souffrance des enfants ayant eu des ascendants homosexuels ressemble étrangement à celle d’enfants ayant souffert d’inceste. Je ne parle là que d’homoparentalité adoptive. L'avis de Christophe André Christophe André est psychiatre et psychothérapeute. « C’est un sujet sur lequel ma position a évolué.
Adoption pour tous : psychiatres et associations tirent la sonnette d'alarme Le désir de famille exprimé au travers de l'adoption par des couples d'homosexuels mariés est-il compatible avec "l'intérêt supérieur de l'enfant" protégé par la Convention internationale des droits de l'enfant ? "La responsabilité d'élever l'enfant et d'assurer son développement incombe au premier chef aux parents. [...] Ceux-ci doivent être guidés avant tout par l'intérêt supérieur de l'enfant", précise son article 18. Cette question interpelle les associations de protection de l'enfance. "L'enfant est spontanément en mésestime de lui-même" Un point de vue que partage le pédopsychiatre Christian Flavigny, responsable du département de psychanalyse de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Christian Flavigny va encore plus loin dans son argumentaire. Et de pointer l'autre "effet pernicieux" véhiculé par le projet. "L'adoption doit être un sujet à part entière" Qu'en pensent les associations d'adoptés ? L'adoption : pour le symbole ?
Homoparentalité et risque affectif LE MONDE | | Par Maurice Berger, chef de service en psychiatrie de l'enfant La plupart des études affirmant que les enfants élevés par des couples homosexuel(le)s vont bien présentent des biais importants. Et une lecture approfondie et prudente de Mark Regnerus en 2012, portant sur 3 000 adultes, montre que l'absence de différence de développement entre un sujet ayant eu des parents homosexuels ou non est un dogme qui ne tient pas, les personnes allant le mieux étant celles élevées par un père et une mère. Comme dans les autres disciplines médicales, il est donc indispensable qu'une commission d'experts pédopsychiatres fasse une analyse critique de ces études avant toute prise de décision. Pour le clinicien psychiatre d'enfants (athée et favorable au pacs) que je suis, la question peut être abordée différemment. De l'amour, un enfant peut en recevoir d'un couple homoparental qui l'élève, mais quand on l'écoute, voici les risques qui menacent son développement.
Claude Halmos : « Aimer ne suffit pas » L’amour parental est aujourd’hui sans cesse évoqué et masque une réelle difficulté à éduquer, dénonce la psychanalyste Claude Halmos. Dans son dernier livre, Pourquoi l’amour ne suffit pas, elle offre des clés pour changer, pour le bonheur des enfants… et le nôtre. Entretien. Votre livre s’intitule Pourquoi l’amour ne suffit pas. Claude Halmos : Ils sont pris dans un mouvement de toute la société, où l’on tend de plus en plus à réduire les relations parents-enfants à de l’amour. Alors que l’amour pour l’enfant est un amour particulier ? C’est un amour tout à fait particulier. Donc l’amour, bien sûr, est fondamental : si l’on n’a pas été aimé de son père et de sa mère, on peut errer sa vie entière à la recherche de ce qui pourrait combler ce manque, mais cela ne suffit pas.
DROIT DE REPONSE A ELISABETH ROUDINESCO « servusethumilis En tant que pédopsychiatre, je tenais à réagir sous forme d’un droit de réponse aux propos outranciers et assez désobligeants tenus par Mme Elisabeth Roudinesco dans les colonnes de Libération ( à l’égard d’un certain nombre de collègues et confrères qui n’ont pas l’heur de partager son enthousiasme au sujet des propositions de loi sur le mariage et l’ouverture de l’adoption à des couples de même sexe. Je tiens à préciser d’entrée de jeu que je ne suis pas psychanalyste, bien que le service que je dirige dans l’Eure et Loir compte nombre de professionnels appartenant à des références théoriques très diverses et que ma culture première est celle de l’ « evidence based medecine ». Que Mme Roudinesco commence donc par nous épargner son couplet maintes fois ressassé sur la chasse aux homosexuels (c‘est un argument qui coupe un peu facilement court à tout débat). Pourquoi diable les psychiatres chercheraient-ils à persécuter les personnes homosexuelles?
Homoparentalité: Que disent réellement les études et quelles sont leurs limites? « servusethumilis Préambule: Le terme d’homoparentalité est un néologisme qui sert à désigner la condition d’enfants élevés par deux personnes du même sexe. Cette condition recouvre en fait plusieurs réalités qu’il conviendrait à mon avis de distinguer car elles n’entraînent pas nécessairement les mêmes problématiques. - les enfants issus d’un couple originel hétérosexuel séparé et dont l’un des parents vit avec une personne de même sexe. - les enfants issus de méthodes de procréation assistée faisant dans tous les cas appel à un donneur qui peut être connu ou non (IAD) et dans le cas de couples formés de 2 hommes, le recours à une mère porteuse. - enfin les enfants adoptés par l’un des membres du couple de même sexe, ou les deux lorsque la législation du pays d’où sont issus les parents adoptifs le permet. Les chiffres de l’homoparentalité en France combien d‘enfants concernés? Pour commencer quelques considérations d’ordre général concernant le mode de conception de l’enfant.
Sexualité : “Et Dieu vit que cela était bon.” Qu’il s’agisse du «différent» qui oppose Rome aux religieuses américaines, des positions de l’Eglise catholique sur l’homosexualité en lien avec les projets de mariage gay et d’homoparentalité, c’est la «vision» catholique de la sexualité qui est en jeu et qui semble aujourd’hui, à beaucoup, d’un autre âge ! Je ne sais pas si je dois, dès à présent, rassurer mes lecteurs les plus intransigeants : non je ne puis me prévaloir d’aucune compétence théologique particulière en la matière et ne prétends, au travers de mes propos, ni faire école, ni générer une quelconque dissidence. Mes réflexions se limiteront ici à celles d’un honnête homme, profondément croyant, persuadé que si le sexe a une évidente dimension spirituelle, le Christ n’a jamais fait sur le sujet la fixation de l’institution ecclésiastique. Fâchés avec Dieu… pour des questions de braguette ! Il ne faut pas être grand clerc pour constater que l‘enseignement de l’Eglise en matière de sexualité n’intéresse plus grand monde.