Parents et profs : défiance ou alliance ? Par François Jarraud Comment parents et enseignants pourraient-ils faire alliance dans l'intérêt des enfants ? Dominique Sénore, directeur adjoint d'IUFM, regroupe dans ce petit livre à la fois des pratiques de terrain, notamment celles de stagiaires, des analyses d'experts et des regards extérieurs : ceux de parents, de pédagogues. Écrire sur la relation enseignants - parents est forcément un exercice difficile en France où l'École n'a jamais été construite sur cette relation. Ma première réaction serait celle de dire que c’est un devoir. Vu des parents, l'école c'est le souvenir qu'ils en ont gardé (pas toujours bon !) À cet égard, le travail de fourmi réalisé par Rémi Castérès est exemplaire ! Ne nous y trompons pas ! Comment signifier aux parents qu'ils sont bienvenus ? Faire venir les parents « qu’on ne voit jamais » est assurément la tâche la plus difficile. Si nous ne leur proposons pas des objets de travail et de réflexion, ils resteront sur le trottoir, à la porte de l’école.
Au collège Flavien, la culture pour raccrocher les collégiens "Il y a toujours une partie intacte, un fil sur lequel on peut tirer". Ce constat à la fois dur et plein d'espoir, Joseph Rossetto le tire de son expérience de principal d'un collège mobilisé contre le décrochage. Au point d'être un des très rares établissements qui accueille les décrocheurs de moins de 16 ans, ceux que la vie n'a pas épargné. Avec eux comme avec les élèves ordinaires, la conviction de son équipe c'est que la culture permet de trouver et de fortifier ce fil de vie. Fausse impression. Groupes de compétences La lutte contre le décrochage se traduit déjà dans l'organisation pédagogique. De la culture partout Mais on ne raccroche pas qu'avec des fondamentaux. Les ateliers sont aussi un bon point de contact avec les familles. Raccrocher les jeunes déscolarisés Depuis 2009, à la demande de l'académie, le collège accueille une structure pour élèves déscolarisés de moins de 16 ans. Pour eux, J Rossetto a bati un dispositif particulier. L'aide de la Fondation de France
Décrochage scolaire, de quoi parle-t-on ? Par Françoise Solliec Depuis quelques années, la problématique du décrochage scolaire mobilise la scène de l’éducation nationale. Comment identifier les décrocheurs ? L’école est-elle responsable de ces échecs ? Quelques documents pour s’y retrouver Depuis plusieurs décennies, le nombre de jeunes de plus de 16 ans quittant le système scolaire sans qualification (ni CAP, ni BEP, ni baccalauréat), interpelle chercheurs et pouvoirs publics. « Maintenant que l'insertion professionnelle et sociale se trouve largement indexée sur le diplôme que l'on possède, sur le fait d'avoir en quelque sorte ce brevet de normalité sociale que constitue le long passage par l'école, celui que ne passe pas par l'école, qui n'y réussit pas qui n'a pas de diplôme, a toute chance de se retrouver dans une grande difficulté. L'entretien Deux dossiers récents peuvent aider le lecteur à se construire une image des recherches et des types d’actions menées.
Les familles populaires, l’école et la lecture L’étude de Séverine Kakpo sur « Les devoirs à la maison » dans les familles populaires mérite de retenir l’attention, tant pour son apport informatif original que pour le champ de réflexion qu’ouvrent ses observations et ses analyses [1]. Cette recherche se situe au confluent de deux préoccupations anciennes de la sociologie de l’éducation : la première concerne l’évolution du rapport des familles populaires à l’école, la seconde ce qu’il en est réellement du travail scolaire à la maison [2]. La prise en main des apprentissages S’agissant du premier de ces deux registres, on sait aujourd’hui que c’est dès les années 1960 que s’amorce la grande mutation du statut de l’école pour les milieux populaires. Entre 1963 et 1972 le souhait que les enfants obtiennent au moins un bac passe, dans les familles ouvrières, de 15 à plus de 60%. C’est avec un retard inévitable que la sociologie s’est emparée de ces transformations. L’enquête menée par S. Les modalités du travail à la maison
Le décrochage scolaire en France préoccupe l'OCDE Le taux de scolarisation des jeunes âgés de 15 à 19 ans a légèrement baissé en France depuis quinze ans, un constat "préoccupant" selon le dernier rapport annuel de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), "Regards sur l'éducation 2012". Eclairage : Education : la France, un pays "atypique" Ce taux est ainsi passé de 89 % en 1995 à 84 % en 2010, relève l'OCDE. Or en France, 71 % des jeunes déscolarisés de cette tranche d'âge sont sans emploi ou inactifs, contre 57 % en moyenne dans les 34 pays membres de l'OCDE, selon les chiffres de 2010. Des difficultés d'insertion qui persistent dans le temps, souligne l'organisation. Le taux de chômage est en France de 22 % parmi les 25-29 ans n'ayant pas de diplôme de fin d'études secondaires, contre 15 % en moyenne dans les pays de l'organisation, selon les chiffres de 2010. Chaque année, environ 140 000 jeunes sortent du système éducatif sans diplôme, d'après les chiffres du ministère de l'éducation.
Les inégalités scolaires se construisent aussi dans la classe Créé en 2001, le réseau Reseida, animé par Jean-Yves Rochex, travaille sur la question de l’inégalité scolaire en s’intéressant plus spécifiquement aux inégalités d’accès aux apprentissages. Son équipe de chercheurs essaye d’ouvrir ce que certains appellent « la boîte noire » de l’école : regarder non pas seulement les inégalités une fois produites mais étudier leur fabrication dans l’ordinaire des classes, quand des élèves inégalement préparés à faire face à ce qu’on leur demande sont confrontés à des tâches préparées par des enseignants, eux-mêmes inégalement conscients des différences entre élèves… Pour cet ouvrage (1), les chercheurs ont suivi pendant plus d’un an des classes de grande section maternelle et CP, d’une part, et de CM2 d’autre part. Toujours en essayant de mettre au jour des phénomènes récurrents qui contribuent à la production de l’inégalité scolaire. Quels phénomènes avez-vous mis au jour ? Jean-Yves Rochex. Jean-Yves Rochex. Comment comprendre cela ?
L'école des gars... interdite aux filles Le Journal de Montréal présentait ce matin (ici et ici) une initiative pour contrer le décrochage scolaire chez les garçons et de nombreux commentateurs ont salué celle-ci comme s'il s'agissait d'un exemple de ce qu'il fallait faire en éducation. Grosso modo, il s'agit d'organiser une soirée de lecture à l'école où uniquement des garçons et des adultes masculins seraient présents. On choisirait également de lire des oeuvres pour des gars. Honnêtement, je demeure très critique à l'égard de ce genre d'activités. Le point positif qu'on peut y trouver est qu'il s'agit d'une façon, comme le dit la directrice de l'école du Bout-de-l'Isle, Nathalie Provost, qui «permet de rapprocher les pères et les fils à travers le thème de la littérature.» Tout d'abord, cette mesure est hautement discriminatoire en matière de décrochage. 26,1 % des garçons décrocheraient sans avoir obtenu la moindre qualification contre 16,5% de filles. Ensuite, cette mesure crée une double stigmatisation. Les livres de gars
Prévention du décrochage scolaire La lutte contre le décrochage scolaire est une priorité nationale absolue et un enjeu dans le cadre de la "Stratégie Europe 2020". Elle articule prévention et remédiation sur un objectif central : faire que chaque jeune puisse construire son avenir professionnel et réussir sa vie en société. DéfinitionLa lutte contre le décrochage scolaire constitue un enjeu majeur pour la cohésion sociale et l'équité du système éducatif. Les nouvelles inégalités 18 février 2004 - Jean Bensaïd, Daniel Cohen, Éric Maurin et Olivier Mongin s’interrogent sur les nouvelles formes que prennent les inégalités. Que la question des inégalités apparaisse désormais comme un phénomène social majeur est en tant que tel révélateur d’un changement considérable. Autrefois, on aurait parlé d’exploitation, de domination. Le second paradoxe porte sur la réalité de cette hausse des inégalités. Il faut donc aller au-delà de ces statistiques globales. Les nouvelles inégalités et la frustration qu’elles déclenchent trouvent leur source dans le malaise nouveau d’une civilisation industrielle qui ne l’est plus, d’un monde du travail qui se précarise, d’une identité personnelle qui fait décliner sur un mode individuel les difficultés d’insertion dans une société qui se dérobe sans cesse à ses membres. La tertiarisation de l’économie Le tableau social de la France est vite fait : 31% d’employés, 29% d’ouvriers, 21% de professions intermédiaires et 19% de cadres. 1. 2. 3.