Je connais un violeur
Je connais un violeur. C’est un ami, c’est un ami de ma meilleure amie. On avait déjà passé une nuit ensemble, je ne voulais pas coucher avec lui, il l’a bien pris et a été adorable. Mais pas ce soir-là. Rentrés chez lui après une soirée, on couche ensemble, je m’endors. Pas lui. Le reste est flou, mais je sens que lui, que tout son corps, que tout son sexe sont réveillés et me désirent. Toute honteuse je vais aux toilettes, je veux sortir tout ça de moi, j’ai mal, je saigne un peu, je me sens mieux seule dans ces toilettes qu’avec lui dans son lit chaud. Quand je reviens il est de nouveau gentil, me câline, me demande si ça va. Je ne porterai pas plainte. Malgré tous mes efforts pour rationaliser, malgré tous mes discours et le sentiment d’être une femme qui sait s’affirmer, je m’en veux plus de n’avoir pas été plus explicite que je ne lui en veux à lui. Je me sens coupable, mais l’écrire ici m’aide. C’est lui le coupable.
Comment j’ai pris conscience de la culture du viol. | Ma vie privée est toujours politique.
Avant propos: Je ne vais pas vous expliquer la culture du viol. D’autres l’ont fait bien mieux que moi. Ce texte sera avant tout pour parler de mon histoire. Au cours de ma vie, j’ai rencontré beaucoup de survivantes. Je parle volontairement de "survivantes" car j’ai surtout rencontrée des femmes cisgenres violées. J’utilise ce terme volontairement car je n’aime pas le mot "victime". Le but ne sera pas de faire de l’outing ou de m’accaparer la parole et l’histoire de ces femmes. Avant mes quinze ans, je n’étais pas concernée par le viol. Le fait que je ne me sentais pas "fille" devait jouer. L’été de mes quinze ans, ma bulle de naïveté éclata. Son histoire m’a bouleversée. Un mois plus tard, je me suis retrouvée dans une chambre d’hôtel avec une amie qui squattait là. Mais si je me sentais vulnérable, je ne pensais pas encore à une quelconque "culture du viol". Puis l’année de mes 16 ans, il y a eu cette fille avec qui je suis sortie. Je ne pouvais plus ignorer. Like this:
Project Unbreakable
You may have noticed that Project Unbreakable has been pretty quiet lately. For a few months now, those of us at Unbreakable have been making some pretty big life changes, and we have had to figure out where Unbreakable is placed. It has been a very long and incredible journey, but we are saddened to say that we will be closing our doors. We will finish posting all the submissions we have, but after we run out, we are no longer going to be accepting submissions for the website (but everything will remain up – we aren’t deleting anything.) We hope you understand, and we are grateful for your support. A note from Grace: I can’t really sum up almost 4 years of doing this project and I am having a very difficult time writing this. I would be lying if I said that the rumors from other activists about my integrity didn’t get to me. But that is not why I am leaving the project. Please take care of yourselves. A note from Christina:
Lettre ouverte à mon violeur, un an après
Le 13 janvier 2013, une madmoiZelle échappait à une tentative de viol qui l’a profondément marquée. Un an plus tard, voici ce qu’elle a envie de dire à son violeur. 13 janvier 2013, tôt le matin. Ce genre de temps hivernal avec un ciel gris d’acier et un vent qui arrache des larmes aux coins des yeux. Tu te souviens du temps ? Ça fait un an. J’essaie d’imaginer ce que serait la « moi » du 12 janvier 2014 si ce n’était pas arrivé, si tu n’étais pas arrivé. Si tu ne m’étais pas arrivé, je ne saurais pas ce que ça fait de vouloir tuer quelqu’un. Mais tu sais quoi ? Ce qu’il s’est passé ce matin-là m’a prouvé à quel point je suis forte. Donc oui : je suis une putain d’héroïne. J’ai appris à maîtriser mes monstres. J’ai découvert la vengeance. Je pense parfois à toi. Je me demande si tu vis seul. Enfin bon. Je ne laisserai pas cette date devenir un jour de deuil. Le 13 janvier, c’est l’anniversaire du jour où je suis revenue à la vie, après t’avoir combattu. Alors va bien te faire foutre.
L'égalitarisme, c'est pas ce que vous croyez